Face à une attaque terroriste, les Tchèques pourront utiliser leurs armes à feu
Si la souveraineté de la République tchèque venait à être menacée, et notamment dans le cas d’une attaque terroriste, les détenteurs légaux d’armes à feu devraient désormais être en mesure de les utiliser face aux éventuels agresseurs. Les députés se sont en effet prononcés mercredi à une très large majorité en faveur de l’amendement constitutionnel sur le port d’armes qui introduit cette nouveauté. Le texte, qui réagit à une nouvelle directive européenne dénoncée par Prague, doit encore être approuvé par les sénateurs.
« C’est un signal clair : le Parlement tchèque, l’Etat tchèque, le gouvernement tchèque n’ont pas peur de leurs propres citoyens, n’ont pas peur des personnes qui détiennent des armes. Cette législation indique que les citoyens tchèques peuvent participer à la défense de leur pays. D’autres lois viendront sur ce sujet et nous sommes prêts, via des arrêtés, à mettre en place un système de réserve active, en lien soit avec l’armée ou bien avec la réserve du ministère de l’Intérieur. »
Le nouveau dispositif faisait l’objet de critiques. Rien n’indique que la Tchéquie est menacée par des attentats et empêcher de tels événements est normalement du ressort de la police et des services de renseignements, pas des citoyens lambda. Des arguments loin de convaincre les législateurs qui, toutes couleurs politiques confondues, ont largement approuvé le texte. 139 des 168 députés présents ont voté pour ; seuls neuf s’y sont opposés. Parmi eux, on trouve le député conservateur TOP 09 Marek Ženíšek, qui conteste l’intérêt d’inscrire un tel droit dans la constitution :« Je considère que tout cela est inutile. Selon moi, modifier la constitution implique un débat très poussé, sur les détails, et pas seulement motivé par l’idée qu’il s’agira d’un instrument mobilisable dans l’éventualité de déposer une plainte auprès de la Cour de justice de l’Union européenne contre la directive sur le port d’armes. Je ne veux pas le leur reprocher, mais peut-être aussi que certains collègues, à l’approche des législatives, ont eu peur de devoir expliquer à leurs électeurs pourquoi ils auraient voté contre ce texte. »
Le problème, c’est bien cette directive européenne, dite « armes à feu », adoptée au Parlement européen en mars dernier, dans une version pourtant édulcorée par rapport au projet initial de la Commission. Elaborée suite aux attentats de Paris de novembre 2015, elle a pour objectif de renforcer le cadre permettant l’acquisition d’une arme à feu, pour rendre la tâche plus difficile à des terroristes en herbe.Prague est vent debout contre la directive et entend déposer une plainte à son encontre à la Cour de justice de l’UE avant la mi-août. Pour le gouvernement, le nouvel amendement constitutionnel pourrait être un atout dans ce combat. Reste désormais aux sénateurs à se prononcer à son sujet. Et Milan Chovanec tient à les rassurer : non, il ne s’agit pas de faire de la Tchéquie un nouveau Far West.