Ferdinand Porsche

Ferdinand Porsche
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Une Porsche c'est la beauté, la vitesse, la perfection, un signe incontestable de richesse. La Porsche, un bolide de 450 chevaux, une voiture de rêve. La première voiture de cette marque, la Porsche 356, est sortie en 1948. Le designer était Erwin Komenda, le constructeur Ferdinand Porsche. Des faits connus en somme. Mais peu de gens savent que F. Porsche, Officier de l'Ordre de Franz-Joseph, était d'origine tchèque. Il est né le 3 septembre 1875 dans les Sudètes à Vratislavice nad Nisou (Maffersdorf). Au cours de sa carrière commencée à dix neuf ans, il a construit un grand nombre de voitures de courses, de pompiers, des moteurs d'avions. Entre autre, il est également le constructeur du char d'assaut Tiger I. Evidemment, la voiture populaire Wolkswagen et la Porsche restent ses créations les plus remarquables. Ferdinand Porsche, un artiste du métier !

Son père, un honnête ferblantier, estime que son fils va suivre le même chemin que lui, mais il en sera autrement. Adolescent, Ferdinand Porsche est fasciné par tout ce qui touche la technique, la mécanique et l'électricité. Il passe des heures à faire diverses expériences. Pour arrondir sa bourse, l'argent de poche ne suffit jamais, le jeune Ferdinand fabrique des téléphones et des sonnettes pour les voisins. A quinze ans, il électrifie la maison de ses parents. Le courant est fabriqué par un générateur placé dans la cave. Le père de Ferdinand, jusque là irrité par les expériences de son fils, est fasciné et ne cache pas son admiration pour sa progéniture. Et lorsque le fabriquant Ignaz Ginzkey lui fait les éloges du talent de Ferdinand, tout en le persuadant de lui faire suivre des études à l'école professionnelle, le père se laisse convaincre. Surtout après que le riche industriel promet de contribuer aux études du jeune homme par une somme intéressante. F. Porsche termine ses études à l'école professionnelle et part sans tarder à Vienne, ville qui présente plus d'occasion. Aussitôt, il trouve une place au sein de l'entreprise électrotechnique Bela Eggert, plus tard connue sous le nom de Brown Boveri. Le jeune constructeur a soif d'instruction, mais faute d'un manque d'argent impératif, il ne peut s'inscrire à l'université. Il suit donc les cours à l'établissement d'enseignement technique supérieure de Vienne clandestinement. Quelques années plus tard, il obtiendra tout de même le grade de docteur honoris causa décerné par les universités de Stuttgart et de Vienne. Lorsque le fournisseur de carrosses K. u K. Hofwagenfabrik Jacob Lohner et Co ouvre, en 1898, une section de production d'électromoteurs, F. Porsche rejoint la compagnie.

A vingt-cinq ans, le jeune constructeur représente l'Autriche-Hongrie à l'Exposition Universelle à Paris, par une nouveauté choquante - une voiture à traction électrique. La voiture pèse une tonne, roule à 40 km/h, vitesse plutôt inhabituelle à l'époque, et le moteur est placé dans les roues. F. Porsche bat, avec cette voiture, le record de parcours. Sa carrière monte assez vite. Quatre ans plus tard, il est nommé directeur technique chez Austro-Daimler à Vienne, entreprise dont il deviendra le directeur général au cours de la Grande Guerre. Il se consacre à la construction de voitures particulières, de courses et de moteurs d'avions. F. Porsche est également un coureur automobile remarquable. Par exemple en 1910, il remporte une couronne de laurier au Prix du prince Heinrich. Dans les années vingt, il construit une voiture de course, qu'il appellera Sascha, nom familier de son mécène, le comte Alexander Kolowrat. La voiture Sascha remporte 43 victoires sur 51 courses. C'est plus ou moins en cette période que F. Porsche quitte l'entreprise Austro-Daimler et entre chez Daimler Motoren Gesellschaft au poste de chef de l'atelier de construction où il dirige la construction de Mercedes sport S, SS et SSK. Et encore, il change d'employeur : Steyer Werke, firme qu'il quittera pour conflit personnel. Finalement, il se fait indépendant. Sa boîte n'a que trois employés : lui-même, son fils Ferry et son beau-frère Anton Piech.

Photo: Stepanka Budkova
En 1933, Adolf Hitler est au pouvoir. Grand amateur d'automobiles, le Führer est un admirateur de F. Porsche et finance la création d'une nouvelle automobile de course, appelée la Flèche d'argent, fabriquée à Zwickau par Auto-Union. Le bolide fait du 250 km/h, record de l'époque. A. Hitler veut faire des Allemands un peuple d'automobiliste. A cet effet, il a en tête une voiture populaire. F. Porsche est fasciné par l'idée et présente au Führer la conception : une voiture légère, à vitesse normale et à peu de frais. L'idée est appréciée et en 1934 F. Porsche est chargé par l'Association de l'industrie automobile du Reich de la construction de la voiture populaire, la Volkswagen. Le financement du projet est prévu par l'Etat et se déroule dans la nouvelle usine auprès du château deWolfsburg. L'éclatement de la Seconde Guerre mondiale entraîne une conversion de la fabrication des Volkswagen en production de moteurs de bombardiers, de pièces détachées d'avions et de voitures de terrain. La Volkswagen trouvera quand même sa place sur le marché, après la guerre.

En 1945, Ferdinand Porsche est arrêté par les Américains et aussitôt relâché, car on ne le considère pas comme un fanatique de l'idéologie nazie. D'ailleurs il ne l'était pas. C'était surtout un technicien passionné par son travail, pas un diplomate et, de plus, très naïf sur le plan politique. De plus, il intervenait pour ses employés auprès des nazis. Il est à souligner que le ministre de l'armement, Albert Speer, lui a montré à plusieurs reprise le camp de concentration de Mauthausen en soulignant qu'une place lui était toujours réservée au cas ou sa conduite et ses actes ne seraient pas conformes à l'idéologie nazie et au parti. Donc, il était sous une menace perpétuelle. Peu après, il est invité en France en tant qu'assistant à la production de la Renault 4 CV (à l'époque la VW). Le bruit court que la 4CV serait l'oeuvre de Ferdinand Porsche, information non confirmée. En France, il est de nouveau arrêté, inculpé de collaboration avec les nazis et condamné. A soixante-dix ans, le constructeur passe 22 mois en prison. Il est relâché sur une caution de 500 000 francs. Plus tard, il est acquitté par le tribunal français. De retour en Allemagne, il recommence avec son fils Ferry à construire la Porsche 356 dans leur garage privé. Ils utilisent les pièces détachées de la Volkswagen et de la ferraille. Le bolide remporte une première victoire en 1951 aux 24 heures du Mans, l'année du décès du grand constructeur. En Allemagne, beaucoup d'écoles, de rues et d'institutions portent le nom de F. Porsche. En République tchèque, une plaque commémorative sur la maison natale du constructeur, à Vratislavice nad Nisou, rappelle l'exceptionnel personnage et une partie de l'exposition du musée local automobile lui est également consacrée.