Festival des écrivains de Prague : le poète Adonis à l’honneur
Dimanche soir a été inaugurée la 19e édition du Festival des écrivains de Prague. Un événement littéraire initié par l’Américain Michael March et qui cette année, met à l’honneur le poète d’origine syrienne, Adonis.
C’est un événement ambitieux que le Prague Writer’s Festival. La déception due aux nombreuses annulations de dernière minute est donc à la mesure de l’ambition des noms qu’il affichait. Les écrivains Gao Xingjian et Ian Banks absents. Le chansonnier Wolf Biermann reporté au dernier jour du festival. Cafouillages d’une soirée d’inauguration où l’on peinait à comprendre le sens de performances de danse dans le cadre de ce qui devrait être une célébration du verbe et de l’écrit.
Sans doute était-ce à cause des désistements divers de la soirée que la table-ronde Adonis – Robert Crumb, dessinateur de comics américain franchement drôle et sans façon, paraissait quelque peu déséquilibrée. Sans jamais vraiment dépasser le clivage créé par des préoccupations un peu trop éloignées l’une de l’autre.
Dans le cadre de l’inauguration du Festival des écrivains de Prague, le poète Adonis a reçu le prix Spiros Vergos pour la liberté d’expression. Adonis, de son vrai nom Ali Ahmed Saïd Esber, est né en Syrie en 1930. Poète de langue arabe engagé, traducteur de Baudelaire, Michaux et Saint-John Perse en arabe, il a d’abord fui la Syrie pour le Liban en 1957 après un séjour en prison. Il quittera cette deuxième patrie pour une troisième, la France, en 1980 où il vit depuis.
Il s’engage pour une société arabe laïque et critique les fanatiques de tout poil. Quelques heures avant l’inauguration du festival, il s’est exprimé dans ce sens pour Radio Prague :
« J’ai un grand respect pour les gens et leurs croyances. Mais je suis contre une croyance qui devient une institution et qui est imposée à tous. Le droit à la croyance ne veut rien dire s’il n’y a pas le droit à la non-croyance. Je critique une culture, une vision de l’être humain et du monde. Je ne suis pas contre les individus en tant qu’individus. Malheureusement, eux ne font pas la différence. Ils font l’amalgame entre ce qu’ils croient et ce qu’on appelle l’Islam ou la culture arabe. C’est un combat difficile. Il faut les convaincre qu’une religion, quand elle devient institution, devient un totalitarisme. C’est d’autant plus valable pour l’Islam qui n’est pas seulement une croyance, une foi, mais qui est aussi une loi. Une religion doit être une croyance, mais pas une loi. »
Pour découvrir le parcours de ce fils de paysan lettré qui s’est hissé au sommet d’un art poétique arabe qu’il a contribué à renouveler, rendez-vous ce dimanche, dans CsF. Le festival des écrivains de Prague se terminera jeudi.