Festival du Printemps de Prague : l’orchestre baroque Collegium 1704 joue « une autre » Ma Patrie

Le concert d’ouverture du festival international de musique du Printemps de Prague

C’est un concert exceptionnel qui a ouvert, ce mercredi, le festival international de musique du Printemps de Prague. L’éminent orchestre de musique baroque Collegium 1704 a interprété Ma Patrie de Bedřich Smetana, jouée sur des instruments d’époque et en présence d’un public. Jusqu’au 3 juin, le festival propose, dans le cadre d’un projet-pilote, trois autres concerts accessibles à chaque fois à 300 spectateurs, dont le deuxième concert d’ouverture programmé pour ce jeudi.

Le 12 mai 2021, date anniversaire de la mort de Bedřich Smetana, la grande salle Art-nouveau de la Maison municipale de Prague est à moitié remplie. C’est déjà un succès après l’édition précédente du célèbre festival tchèque, organisée entièrement en ligne.

Cette année aussi, le Printemps de Prague doit s’adapter aux conditions particulières dictées par la crise du Covid-19. L’un des obstacles majeurs à surmonter est l’annulation, en mars dernier, de la venue de l'Orchestre symphonique de la Radio de Berlin, qui devait interpréter Ma Patrie en ouverture du festival. Pour le remplacer, le directeur du festival s’est adressé à un orchestre tchèque renommé qui se consacre pourtant essentiellement à l’interprétation du répertoire baroque, Collegium 1704.

Le concert d’ouverture du festival international de musique du Printemps de Prague | Photo: Petra Hajská,  Pražské jaro

Son chef, le claveciniste, corniste, musicologue et chef d’orchestre Václav Luks prend alors deux jours pour réfléchir avant de finalement accepter cette demande. Car pour son ensemble, et pour lui-même, c’est véritable défi à relever. Il doit surtout faire appel à des musiciens d’autres orchestres pour compléter sa formation.

Václav Luks | Photo: Petra Hajská,  Pražské jaro

Václav Luks, 50 ans, est un spécialiste de l’interprétation « historiquement informée », qui cherche à se rapprocher des styles musicaux d’une époque précise et des intentions originelles des compositeurs, en utilisant notamment des instruments d’époque ou leurs copies. C’est dans cet esprit qu’il veut présenter Ma Partie : dans une version telle que le public a pu l’entendre à la fin du XIXe siècle, jouée sur des instruments anciens, avec des cordes naturelles en boyau et non pas métalliques.

« Le répertoire du Collegium 1704 est certes basé sur la musique des XVIIe et XVIIIe siècles, mais la musique du romantisme nous est proche elle aussi. Notre objectif est de donner au cycle de poèmes symphoniques de Smetana d’autres couleurs que celles auxquelles les auditeurs sont habitués, de nous rapprocher le plus possible de Ma Patrie telle que Smetana l’imaginait. Car oui, il ne lui restait que son imagination, puisque nous savons bien qu’en composant le cycle, il était déjà complètement sourd. »

Le concert d’ouverture du festival international de musique du Printemps de Prague | Photo: Petra Hajská,  Pražské jaro

Pour ce faire, Václav Luks a invité à Prague plusieurs musiciens étrangers, des joueurs d’instruments anciens à cordes et à vent notamment. Parmi ceux qui sont venus épauler Collegium 1704 on trouve le clarinettiste Ernst Schlander, la corniste Anneke Scott et la violoniste islandaise installée à Berlin Elfa Rún Kristinsdóttir, on l’écoute :

« Ce qui est le plus difficile sur Ma Patrie, c’est justement sa complexité, sa longueur aussi. Il faut économiser ses forces pour bien jouer du début jusqu’à la fin. Il y a beaucoup de trémolos pour les instruments à cordes, ce qui n’est pas évident. Václav est un chef d’orchestre passionné et il sait transmettre son énergie et ses émotions aux musiciens. »

Et Václav Luks d’ajouter :

Le concert d’ouverture du festival international de musique du Printemps de Prague | Photo: Petra Hajská,  Pražské jaro

« Parmi les six poèmes symphoniques du cycle Ma Patrie, j’admire particulièrement Tábor et Blaník, qui sont souvent considérées comme problématiques. Je trouve qu’ils représentent le point culminant de ce cycle. Dans Tábor, on entend une inspiration de Wagner. Smetana composait en effet une musique de classe mondial, très tchèque mais en même temps universelle, qui parle aux gens partout dans le monde. »

Tous les concerts présentés dans le cadre de la 76e édition du Printemps de Prague peuvent être suivis gratuitement en streaming sur le site Internet du festival ou sur les pages facebook des Centres tchèques à l’étranger. Certains concerts seront diffusés également par la Radio et la Télévision tchèques.

https://festival.cz/en/

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