Un voyage à travers l’Europe dansante
Pour couronner leur festival, les organisateurs des Festivités d’été de musique ancienne ont invité à Prague la compagnie L’Eventail, ensemble qui fait découvrir au public la danse baroque. Ce dimanche, les danseurs français ont invité le public à un voyage à travers quatre pays européens – la France, l’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie. Radio Prague a demandé de présenter le spectacle à Marie Blaise, assistante de la chorégraphe de cette production Marie- Geneviève Massé. Marie Blaise a d’abord évoqué la place de la danse dans la société française de la période baroque :
Y avait-t-il dans l’Europe baroque des écoles nationales, différentes écoles nationales de la danse ?
« La création de l’Académie de danse en 1661 a lancé le rayonnement de la danse française qui s’est répandu un peu partout en Europe. Pour ce qu’il y est des écoles en dehors de la France, je ne sais pas exactement comme cela s’est passé… »
Vous nous proposez un spectacle qui se veut un voyage à travers l’Europe baroque, l’Europe de la danse. Quelle est l’origine de ce spectacle ?
« Ce spectacle a été conçu par Marie-Geneviève Massé, la chorégraphe, son souhait était effectivement un voyage à travers l’Europe. La chose qui l’a nourrie le plus et qui est vraiment à la source de son inspiration, c’est la musique. Elle s’est donc appuyée sur la musique qu’elle aimait particulièrement. C’est un peu différent pour la France et pour tous les autres pays. Si je peux commencer par la France puisque c’est ce qui ouvre le spectacle, la chorégraphe a voulu recréer l’ambiance du bal à la Cour, avec justement le poids du protocole, le poids de l’enchaînement de danses, des révérences au roi, même si évidemment pour le spectacle nous avons un petit peu allégé tout ça, pour que ça reste vivant et attrayant pour le public. Pour la France, nous avons donc trois compositeurs différents – Lully, Campra et Destouches avec des danses qu’on appelle les danses de répertoire pour lesquelles nous avons des partitions chorégraphiques conservées dans l’écriture de cette période baroque. Pour l’Angleterre, c’est évidemment, bien évidemment, Purcell que Marie-Geneviève Massé a choisi, pour l’Allemagne c’est Rosenmüller et pour l’Italie c’est Vivaldi. Et à chaque fois à partir d’une trame, d’un petit synopsis, elle a laissé son imagination se nourrir de la musique pour chorégraphier des danses qui vont plus au moins illustrer une histoire. Cette histoire devient cependant secondaire par rapport à l’essentiel qui est le rapport à la musique, l’intime rapport entre l’écoute de la musique, la sensation, le ressenti musical et ce que la chorégraphie va donner à voir en même temps. »Y a-t-il quand même de grandes différences entre ces écoles de danse, entre ces différentes représentations de la danse européenne des XVIIe et XVIIIe siècles ?« Je serais tentée de dire : non, pas vraiment. Même si quand on étudie des partitions de l’époque, ce qu’on a comme répertoire écrit, on se rend compte effectivement qu’il y a quelques différences. Disons qu’on retrouve quelques constantes dans les partitions de M. Isaac en Angleterre ou dans d’autres partitions en Allemagne mais le fondement, c’est quand même un ensemble de pas décrits dans les traités français qui sont les mêmes et qu’on retrouve absolument dans toutes les partitions. »
Pour ce spectacle vous collaborez avec l’ensemble « Collegium 1704 » de Václav Luks. Pourquoi cet ensemble ?
« C’est une demande de leur part de travailler avec nous sur ce spectacle. Nous avons déjà eu une collaboration il y a quelques années avec le spectacle composé d’‘Eléments’ de Jean-Féry Rebel de ‘Don Juan’ de Christophe Willibald Gluck et puis il y a avait eu une collaboration encore antérieure sur ‘Le Voyage de Terpsichore’ qui était un autre spectacle de la compagnie. C’est une collaboration qui n’est pas nouvelle et qui a toujours laissé aux danseurs et à Marie-Geneviève Massé de très bons souvenirs musicaux. »