Fin de la direction bicéphale de la police tchèque : l’un reste, l’autre part

Petr Lessy, photo: CTK

Une police bicéphale, c’est la situation ubuesque à laquelle a mis fin mardi le ministre de l’Intérieur du gouvernement démissionnaire Martin Pecina en annulant la nomination, jugée illégale, de Martin Červíček à la tête des forces de l’ordre tchèques. Durant près d’un mois, la police a eu deux présidents, Martin Červíček donc, qui en sera désormais un adjoint, et Petr Lessy, confirmé dans ses fonctions, mais qui assure être prêt à donner sa démission, pour peu qu’elle soit souhaitée quand entrera en fonction le nouveau cabinet gouvernemental du social-démocrate Bohuslav Sobotka.

Martin Pecina et Petr Lessy,  photo: CTK
Avant très prochainement de laisser place à son successeur, le ministre de l’Intérieur Martin Pecina a probablement effectué son dernier tour de piste avec la tenue d’une conférence de presse destinée à résoudre la situation problématique dans laquelle se trouve la police tchèque depuis environ un mois, puisqu’elle pouvait jusqu’alors compter sur le dévouement de deux directeurs. Sur la base d’un avis du comité de son ministère, Martin Pecina a tranché :

« A travers une nouvelle examination des documents issus de la désignation de Monsieur Červíček aux fonctions de président de la police, nous nous sommes aperçus que cela avait été une période de grande précipitation, entre les révocations et les nominations. A l’époque, on a voulu tout faire en une seule journée et cela a conduit à des erreurs significatives dans la nomination de Monsieur Červíček à la tête de la police. Et c’est pourquoi la commission consultative nous a conseillé, non pas de suivre la recommandation du Bureau d’état et du droit, mais d’annuler cette nomination sur la base de son illégalité. »

En conséquence, Petr Lessy est confirmé à la direction des forces de police tchèques et Martin Červíček est lui censé réinvestir les missions qui étaient les siennes jusqu’en août dernier, à savoir vice-président de la police en charge de la police criminelle et du service d’inspection. Ce dernier a toutefois rapidement annoncé qu’il ferait appel de la décision d’annuler sa nomination et certains commentateurs estiment que la justice pourrait lui donner raison.

Martin Červíček,  photo: CTK
Martin Červíček était devenu chef de la police à la fin de l’été, pour remplacer Petr Lessy, limogé le 29 août 2012 car il faisait alors face à une procédure judiciaire pour des allégations de calomnie et d’abus de pouvoir. Lavé de toute accusation quelques mois plus tard, Monsieur Lessy a souhaité réintégrer son poste à la tête de la police, tandis que Martin Červíček a refusé de céder le sien.

La décision du ministre intérimaire de couper une des deux têtes de la police tchèque ne clarifie pas pour autant la situation. Ainsi Petr Lessy, qui ne semble d’ailleurs pas bénéficier du soutien de l’intégralité des services de police, a rapidement fait savoir qu’il était prêt à remettre sa démission au futur titulaire du portefeuille de l’Intérieur que sera très probablement le social-démocrate Milan Chovanec. Petr Lessy :

Petr Lessy,  photo: CTK
« Je suis prêt, dès la nomination du nouveau gouvernement et d’un nouveau ministre de l’Intérieur, à remettre ma démission à ce dernier. Et, après en avoir discuté avec lui, je suis donc disposé à quitter mes fonctions de président de la police à un horizon défini, si telle est la volonté du nouveau ministre. »

Dans le cas où Petr Lessy démissionne et que Martin Červíček échoue à faire valoir ses droits devant la justice, Milan Chovanec envisage de mettre en place une procédure de sélection d’un nouveau président de la police à laquelle pourraient participer les deux protagonistes susnommés ainsi que les membres d’un certain grade de cette institution.

Syndicats policiers ainsi que des politiciens, notamment issus du parti social-démocrate, ne ménagent quant à eux pas leurs critiques à l’égard de Martin Pecina. Selon eux, il était du ressort du prochain ministre de l’Intérieur de résoudre cette situation et certainement pas d’un gouvernement sur le départ ne bénéficiant pas de majorité à la Chambre des députés.