Fin de saison pour le championnat tchèque de foot : circulez, y a rien à voir
Les noms des joueurs sélectionnés pour aller défendre les couleurs de l'équipe nationale tchèque à la coupe du monde de football sont connus depuis le début de la semaine. Comme Guillaume Narguet vous le disait hier, peu de surprises dans cette sélection, où l'on retrouve toutes les stars qui brillent dans les championnats étrangers. Etrange impression lorsqu'on regarde cette liste de joueurs : seuls deux d'entre eux évoluent en République tchèque - L'un sera gardien remplaçant, et l'autre... évolue en deuxième division. Difficile d'en être autrement, quand la « Gambrinus Liga » est dans un piteux état.
Les affaires ne salissent pas uniquement le football tchèque - le calcio italien et le championnat belge traversent aussi une mauvaise passe - et beaucoup d'équipes nationales voient leurs meilleurs éléments évoluer à l'étranger, mais les dégats subis par le championnat tchèque après une saison désastreuse semblent irréparables.
En écoutant Radio Prague, vous avez peut-être déjà eu l'occasion de vous mettre au courant des dernières vicissitudes du football tchèque. Marqué par une crise sans précédent depuis des mois, le championnat national aura bien besoin d'une longue pause estivale (et d'une belle prestation de son onze tricolore) pour reprendre son souffle. La saison s'est en effet terminée à peu près comme elle avait commencé : lamentablement. A tel point que les quotidiens généralistes de cette semaine font leurs gros titres de cette mascarade qui tient lieu de championnat. « Le Football a touché le fond », martèle ainsi MfDnes.
Dernière journée, nouveaux scandales : des équipes considérées comme d'un niveau inférieur se voient accorder des pénaltys plus que discutables ou réussissent à l'emporter devant des équipes largement meilleures, mais dont les joueurs semblent ne pas vouloir jouer à 100%... Dans un pays où les sommes misées dans les bureaux de paris légaux sont colossales, il en faut moins que cela pour éveiller les soupçons.
Après la victoire surprise de Mlada Boleslav sur le leader Liberec, le représentant de l'un de ces bureaux, Fortuna, concédait que certains chanceux avaient remporté des millions de couronnes. Les commentateurs dépités répètent que l'équipe du Slovan Liberec, déjà assurée du titre et de la qualification en Ligue des Champions, n'avait rien à gagner dans ce match... Deux pénaltys litigieux plus tard, et voilà le petit club de Mlada Boleslav qualifié pour la très lucrative Champions League, au détriment du Slavia Prague.Pendant ce temps-là, le Sparta, qui lui non plus n'avait rien à gagner ni à perdre lors de cette dernière journée, se faisait battre par l'équipe de Plzen, une équipe qui n'avait pas battu le Sparta depuis 45 ans et pour laquelle une victoire était indispensable pour se maintenir dans la « Gambrinus Liga », la première division tchèque. Magie du sport ? Pas vraiment, pour tous les connaisseurs ; plutôt « une honte pour le football ». La direction du Sparta a même décidé de sanctionner ses joueurs trop passifs pour être honnêtes en infligeant une lourde amende. « Si les joueurs étaient des employés de banque, ils se seraient tout simplement fait virer après un tel comportement », regrette le propriétaire du Sparta, Patrik Tkac.
Mauro Lustrinelli est l'attaquant international suisse de cette équipe du Sparta. Il donne son avis sur cette dernière journée et sur le championnat tchèque en général :
« Je ne sais pas ce qui s'est passé lors de ce dernier match, c'est une bonne question... Je ne sais pas quoi dire... La saison du Sparta a en tout cas été mauvaise, mais nous pouvons faire mieux l'année prochaine. »
Si on parle du football tchèque en général, comment est-ce qu'on observe les affaires qui le secoue régulièrement - du retrait des joueurs du Slavia pendant 20 minutes lors de la journée précédente par exemple - quand on est un joueur étranger ?
« Ce sont des choses qui se passent aussi ailleurs, et en Suisse dans les divisions inférieures. Le sport n'en sort pas grandi. Pour un joueur ce n'est pas bon d'évoluer dans un tel climat. Les spectateurs ne veulent pas voir ça, ils veulent voir du bon football et c'est ça le plus important. »
Quand vous allez rentrer en Suisse pour vous préparer à la coupe du monde, qu'allez vous raconter à vos coéquipiers sur le championnat tchèque ?
« (rires)... Je vais dire que le championnat tchèque est un peu comme le championnat suisse. Mais je ne suis là que depuis quatre mois, alors j'ai besoin d'encore une saison ici pour me faire une véritable idée. »