Financement de l’audiovisuel public : en Tchéquie, augmentation des redevances en vue

Pour la première fois depuis quinze ans, les médias publics tchèques peuvent envisager une augmentation de leurs revenus. Mardi, en effet, les partis de la coalition gouvernementale se sont entendus sur un nouvel amendement à la loi relative à la Télévision et la Radio tchèques, qui prévoit une hausse du montant des redevances audiovisuelles. Parallèlement, l’éventail des personnes tenues de payer la taxe sera élargi. Selon le ministère de la Culture, les nouvelles règles devraient entrer en vigueur en 2025.

Actuellement, et ce depuis la dernière modification du montant des redevances en 2008, chaque foyer en République tchèque est tenu de payer chaque mois 135 couronnes (5,50 euros) pour la télévision et 45 couronnes (1,80 euro) pour la radio, sauf s’il ne possède ni récepteur ni poste.

Ces montants augmenteront de respectivement 25 et 10 couronnes (environ 1 euro et 0,40 euro) pour la télévision et la radio, très probablement à compter du 1er janvier 2025.

Parallèlement, et il s’agit là de l’une des principales nouveautés, les propriétaires de smartphones, ordinateurs et autres tablettes connectés à Internet devront eux aussi participer à cette forme de contribution à l’audiovisuel public. Il suffira pour cela qu’ils disposent d’un appareil permettant de recevoir les programmes diffusés par la Télévision et la Radio tchèques.

Selon le ministère de la Culture, cette nouvelle mesure concernera quelque 230 000 foyers supplémentaires qui, jusqu’à présent, ne paient donc pas la redevance.

Jan Lacina | Photo: ČT24

Ainsi, pour les médias publics tchèques, la redevance, dont beaucoup se plaignaient de la forte baisse de la valeur réelle depuis quinze ans en raison de l'inflation, restera la principale source de financement, et ce bien qu’il ait un temps été envisagé de la supprimer afin que l’État puisse prendre le relais. Un status quo dont se félicite Jan Lacina, député et vice-président du parti libéral Maires et Indépendants (STAN), une des cinq formations de la coalition gouvernementale :

« Le fait que la redevance et ce type de financement de l’audiovisuel public soient maintenus est probablement la chose la plus importante, car une vague de populisme a déferlé sur l’Europe, avec des gouvernements qui s’en chargent eux-mêmes. Je pense que c’est là une grave erreur, car il ne s’agit alors plus de médias du service public, mais de médias d’État. Certains paramètres fondamentaux vont néanmoins changer. Tout d’abord, un récepteur de télévision ou un poste de radio ne sera plus considéré comme le seul moyen de regarder la télévision ou d’écouter la radio. Désormais, il s’agira de tout appareil permettant de recevoir des émissions de radio ou de télévision. Néanmoins, je tiens à souligner le fait que peu importe que dix, six ou deux personnes vivent dans un même foyer. Ce sera une redevance par foyer. »

Photo: Barbora Navrátilová,  Radio Prague Int.

Alors que certains députés, parmi lesquels notamment l’ancien Premier ministre Andrej Babiš, auraient préféré que la Télévision et la Radio tchèques soient financées avec l’argent du budget de l’État, Jan Lacina, qui, lui, était plutôt favorable à une augmentation régulière du montant des redevances en fonction de l’inflation, estime qu’un tel modèle de financement direct aurait porté avec lui le risque d’une « orbanisation » de l’audioviusuel public tchèque.

Selon lui, il n’existe aujourd’hui plus aucun service public en Hongrie dont le fonctionnement ne soit pas contrôlé par le Premier ministre Viktor Orban.

En République tchèque, malgré leurs divergences de vue, les cinq partis de la coalition gouvernementale ont convenu qu’il était préférable, à leurs yeux, que le financement des médias publics reste indépendant du budget de l'État.

Ainsi donc, lorsque la hausse des redevances deviendra effective, les recettes de la Télévision tchèque, qui s’élèvent cette année à 5,7 milliards de couronnes (environ 230 millions d’euros), augmenteront de près de 20 %, et celles de la Radio tchèque, estimées actuellement à 2 milliards de couronnes (environ 80 millions d’euros) de quelque 30 %.