Foot : entre le Slavia et le Sparta, un combat de gladiateurs en guise de derby
Disputé dimanche soir en clôture de la 9e journée du championnat de Tchéquie, le traditionnel derby des « S » pragois entre le Slavia et le Sparta s’est achevé sur un résultat nul (1-1), laissant les deux rivaux à égalité en tête du classement. Très accroché, l’affrontement entre les deux meilleures équipes tchèques actuelles a accouché d’un spectacle de piètre qualité.
Trois jours après un festin européen auquel il goûte rarement, puisque ses trois clubs en lice en Ligue Europa et en Ligue Europa Conférence se sont tous imposés jeudi dernier, le football tchèque s’attendait à vivre une autre soirée de gala, dimanche, avec le 308e derby de l’histoire entre le Slavia et le Sparta, la plus belle des affiches qu’il puisse proposer. Entre deux équipes toujours invaincues en championnat et au jeu souvent séduisant depuis le début de saison, l’opposition promettait, c'est vrai, beaucoup sur le papier.
Mais si toutes les conditions étaient réunies pour que la fête soit réussie, avec notamment un stade Eden une nouvelle fois plein comme un œuf et chaud comme une bouillotte, c’est peu dire que le duel au sommet n’a pas répondu aux attentes. Âpre, haché par les fautes, heurté, et parfois même violent, avec dix cartons jaunes et deux autres rouges, le traditionnel affrontement entre les deux grands rivaux de la capitale a par instants davantage ressemblé à un combat de gladiateurs qu’à un véritable match de football, et ce comme le regrettait peu après le coup de sifflet final le défenseur central du Sparta, Filip Panák, un des rares joueurs maître de ses nerfs dimanche soir :
« Tous les derbys que j’ai disputés jusqu’à présent ont toujours généré beaucoup d’émotions. Cela nous éloigne de ce que le football devrait être en premier lieu. Partout, le derby est présenté comme une fête du football, mais j’ai le sentiment que le foot, c’est justement ce que l’on voit de moins. Il est difficile de trouver un juste milieu entre la motivation et le jeu, mais ce qui est certain, c’est que cette tension et cette agressivité ne sont pas une bonne chose pour le jeu. »
Auteur de deux buts jeudi dernier lors de la victoire (3-2) contre l’Aris Limassol et élu par l’UEFA meilleur joueur de la 1ère journée de la phase de groupes de la Ligue Europa, le capitaine du Sparta Ladislav Krejčí a ainsi été expulsé en fin de rencontre dimanche, après en être venu aux mains avec son homologue du Slavia, Jan Bořil.
À ce moment-là du match, le Slavia, incapable de se procurer la moindre occasion en première mi-temps, menait au score grâce à un penalty transformé peu avant l’heure de jeu par son attaquant Václav Jurečka. Un mince avantage dont les Rouges et Blancs ont longtemps cru qu’il leur suffirait pour s’imposer. Mais une faute de main dans la surface d’un de leurs défenseurs à la 11e minute du temps additionnel, confirmée par la VAR alors que les joueurs du Slavia célébraient en vain un deuxième but inscrit dans la suite de l'action en contre-attaque, a finalement permis au Sparta de bénéficier à son tour d’un penalty, et ainsi donc d’égaliser par son jeune attaquant slovaque Lukáš Haraslín, plein de sang-froid.
Bien que déçu par cette égalisation tardive, l’entraîneur du Slavia, Jindřich Trpišovský, reconnaissait toutefois que compte tenu de la prestation des deux équipes, aucune d’entre elles ne méritait de l’emporter :
« Il y a eu peu de tirs, peu de buts et peu de football. Nous avons eu la chance de mener au score alors que nous ne le méritions pas forcément, mais nous avons ensuite mal négocié les contres que nous avons eus pour inscrire un deuxième but. Aujourd’hui, je dirais que nous avons vu tout ce que nous n’aimons pas voir dans un match comme celui-ci. Le négatif a nettement pris le dessus sur le positif. »
Au final, c’est donc surtout au Viktoria Plzeň que profite ce partage des points entre les deux rivaux pragois. Net vainqueur devant son public de Pardubice (6-2), le club de Bohême de l’Ouest, qui a signé une onzième victoire consécutive toutes compétitions confondues, ne possède désormais plus que quatre points de retard (mais avec un match de moins) sur le duo de tête. Oublions donc vite ce triste derby pragois, c’est malgré tout une palpipante lutte à trois pour le titre de champion que le championnat tchèque pourrait offrir cette saison encore.