Foot - Euro 2008 : une victoire à la 1996

Václav Svěrkoš, photo: CTK

La République tchèque a battu la Suisse (1-0), samedi, à Bâle, en ouverture du Championnat d’Europe 2008 de football. Un but de Václav Svěrkoš inscrit à vingt minutes du coup de sifflet final sur leur seule véritable occasion du match et plusieurs arrêts décisifs de Petr Čech ont suffi aux Tchèques pour empocher trois premiers points très précieux. Si cette victoire leur permet d’envisager plus sereinement la suite de la compétition et leur entrouvre déjà les portes des quarts de finale, elle ne peut cependant pas faire oublier que les joueurs de Karel Brückner ont été dominés pendant l’essentiel du temps par une équipe suisse certes entreprenante mais limitée. Et si les Suisses ont les Alpes et les Tchèques Jan Koller, la rencontre n’a pas atteint des sommets. Face à un adversaire helvétique auquel il aura simplement manqué un peu de réalisme et de réussite, les Tchèques se sont donc imposés contre le cours du jeu.

Michel Platini,  photo: CTK
« Dans chaque sport, c’est le meilleur qui gagne, seul le football est parfois irrationnel et il arrive alors que ce soit le moins bon qui gagne. » La déclaration faite par Michel Platini samedi après le match en a surpris quelques-uns dans le camp tchèque. Mais si les propos du président de l’UEFA n’ont pas forcément plu, c’est essentiellement sur la forme, car sur le fond, personne parmi les joueurs et l’encadrement technique ne peut nier que les Tchèques ont rendu une copie de bien faible facture contre la Suisse et ne méritaient pas de gagner. « Un triomphe ennuyeux » ou encore « Fermons les yeux » : tels ont d’ailleurs été quelques-uns des titres de la presse pragoise de dimanche et lundi, qui se rappelle déjà qu’en 1996, c’est avec un football béton proche de celui pratiqué sur la pelouse du stade Parc Saint-Jacques et un seul attaquant que les Tchèques étaient parvenus jusqu’en finale de l’Euro.

Petr Čech,  photo: CTK
Pour autant, les trois points engrangés dans un match d’ouverture jamais évident à négocier contre l’un des pays organisateurs de la compétition prévalent dans l’immédiat sur toute considération de style, comme l’expliquait Petr Čech :

« Ce qu’a dit Platini ne me gène pas du tout. Au contraire, j’aurais été malheureux si nous étions dans la position des Suisses. Cela aurait été plus gênant si Platini avait dit ‘les Tchèques ont bien joué mais ils ont malheureusement perdu’. Dans un tournoi comme l’Euro, il n’y a que les points et les victoires qui comptent. A la fin, personne ne demandera de quelle manière nous avons battu la Suisse et tout le monde ne se souviendra que de notre qualification ou non pour les quarts de finale. »

Václav Svěrkoš,  photo: CTK
Avec Petr Čech, qui a encore prouvé, si besoin en était, qu’il était bien l’un des deux ou trois meilleurs gardiens au monde, l’autre héros de la rencontre aura été Václav Svěrkoš, qui ne fêtait que sa troisième sélection. Entré en jeu à la place d’un Jan Koller qui n’a jamais été aussi inexistant en sélection que samedi, l’attaquant du Banik Ostrava, meilleur buteur du dernier championnat tchèque avec 15 réalisations, a inscrit le but de la victoire sur l’un de ses tout premiers ballons. A l’affût et à limite du hors-jeu dans le dos de la défense suisse, Svěrkoš a profité d’un ballon remis de la tête dans le paquet par Tomáš Galásek suite à un renvoi approximatif de la défense :

Tomáš Ujfaluši,  Petr Čech,  Alexander Frei,  photo: CTK
« Je ne voulais surtout pas contrôler le ballon pour éviter le retour des défenseurs et la sortie du gardien. Je n’avais pas beaucoup de temps, il fallait aller vite et je savais donc qu’il fallait que je reprenne le ballon de volée. Après, j’ai eu un peu de réussite parce que je voulais aller tellement vite que je n’ai pas frappé comme je le voulais. Ce n’est donc pas vraiment un beau but. Mais après mes occasions manquées lors des deux matchs de préparation, c’est un but qui fait sacrément plaisir. »

Marko Streller and Tomáš Ujfaluši,  photo: CTK
Après cette ouverture du score, les Tchèques, regroupés dans leur camp, ont défendu becs et ongles leur maigre avantage. Quelques parades inspirées de Čech, la barre transversale et un arbitre indulgent sur deux mains du capitaine Tomáš Ujfaluši dans la surface de réparation ont ensuite fait le reste et suffi au bonheur de Petr Čech et de ses coéquipiers :

Photo: CTK
« Les matchs d’ouverture sont souvent des matchs un peu bizarres, différents des autres. Les Suisses jouaient chez eux, devant leur public et ils avaient tout un stade qui les poussait à aller de l’avant. C’est peut-être aussi pourquoi ça a été plus difficile pour nous. Mais finalement, même si nous avons eu du mal à conserver le ballon, nous avons fait preuve de beaucoup de solidarité en défense, je pense que l’esprit d’équipe s’est manifesté dans les moments difficiles, quand nous avons été sous pression. Tous les joueurs ont fait des efforts supplémentaires pour aider et c’est ce qui nous a permis de conserver notre avantage en fin de match. »

Avec cette première victoire, les Tchèques occupent la deuxième place du groupe A derrière le Portugal, vainqueur très convaincant de son côté (2-0) de la Turquie. Un Portugal qui sera le prochain adversaire de la Reprezentace mercredi, à Genève, et contre lequel il faudra certainement montrer un autre visage pour espérer quelque chose.