Foot – Euro 2008 : une cruelle désillusion

Photo: CTK

Battue par la Turquie (2-3), dimanche soir, à Genève, pour son troisième match de groupe, la République tchèque est éliminée du Championnat d’Europe de football. Alors qu’ils menaient 2 à 0, les Tchèques ont encaissé trois buts dans le dernier quart d’heure d’un match au final complètement fou marqué par une bourde monumentale du malheureux gardien Petr Čech.

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Les supporters de l’équipe de France de football gardent comme une blessure intérieure jamais cicatrisée le souvenir de la défaite subie contre l’Allemagne à Séville en 1982 en demi-finale de la Coupe du monde. Leur « Séville », les supporters tchèques l’ont, eux, connu dimanche soir au Stade de Genève au terme d’une rencontre étourdissante et riche en émotions. Les amateurs de football de toute l’Europe ont sans doute apprécié l’intensité dramatique et l’improbable retournement de situation qui a finalement permis à la Turquie de se qualifier pour les quarts de finale. Mais les Tchèques, joueurs, entraîneurs, supporters et médias, se demandent encore comment ils ont pu laisser filer une victoire et avec elle une qualification qui leur tendaient les bras.

Petr Čech,  photo: CTK
Meilleure équipe sur le terrain face à une Turquie alors inexistante, la République tchèque avait logiquement ouvert le score par Jan Koller en première mi-temps. Un deuxième but signé d’un autre ancien Monégasque, Jaroslav Plašil, à l’heure de jeu, avait fait penser que le match était plié et que les joueurs de Karel Brückner avaient obtenu le droit d’affronter la Croatie, vendredi prochain, à Vienne, en quart de finale. Mais c’était sans compter sur la fierté et le cœur de Turcs qui refusaient d’abdiquer. Ces derniers réduisaient donc d’abord le score à un quart d’heure de la fin avant de faire souffler un vent de folie sur la pelouse. Sous pression, les Tchèques craquaient à trois minutes de la fin du temps réglementaire et leur gardien, Petr Čech, en relâchant un centre anodin, commettait une énorme erreur qui offrait l’égalisation sur un plateau à la Turquie. Puis dans la foulée, comme dans un cauchemar sans fin, leur ciel tombait définitivement sur la terre… Héros malheureux du match, Petr Čech endossait la responsabilité de l’élimination à l’issue de la rencontre :

« Cette équipe avait le potentiel pour se qualifier pour les quarts de finale et aurait eu toutes ses chances contre la Croatie. Pour certains joueurs, c’était le dernier match et je pense qu’ils méritaient une autre fin de carrière en équipe nationale. Je suis déçu pour eux et pour l’entraîneur, je leur ai fait savoir dans le vestiaire, mais tout le monde a réagi en me disant que c’était un sport d’équipe. Malheureusement, quand on fait une erreur, il faut savoir le reconnaître et ce soir, ce n’est pas difficile de reconnaître que c’est mon erreur. Ce sont des choses qui arrivent et cela fait partie du football. C’est dur, mais je ne vais pas pleurer, ça ne reste qu’un jeu. Même si on pouvait encore espérer aller aux tirs au but, cette égalisation suite à mon erreur nous a fait tellement mal qu’on a encaissé un troisième but dans la foulée. Mais ce soir, c’est l’erreur que j’ai commise qui nous élimine et nous fait rentrer à la maison. »

Le sélectionneur Karel Brückner, qui dirigeait son dernier match à la tête de la Reprezentace, voyait cependant également d’autres raisons à la défaite :

Karel Brückner,  photo: CTK
« La principale raison est que nous n’avons pas su défendre notre avantage de deux buts. Dans ces moments-là, il faut savoir se replier dans ses seize mètres même au prix de dégagements dans les tribunes. C’est ce que nous n’avons pas su faire. Le moment décisif a été le but de l’égalisation turque. Quant au troisième but, les joueurs devaient être sous le choc, je n’arrive pas à me l’expliquer autrement. Les cinq dernières minutes ont été complètement folles et ont décidé du sort du match. »

Karel Brückner regrettait également que ses joueurs n’aient pas su s’adapter à l’évolution du match :

Tomáš Ujfaluši  (à g.),  photo: CTK
« Habituellement, chaque équipe qui est menée au score joue la carte de la pression, cela a été le cas de la Turquie. Mais vous devez savoir y résister. Il faut conserver le ballon et jouer en contre. D’autres fois, comme je l’ai dit, il faut savoir reculer et se regrouper devant son but. Mais nous n’avons rien su faire de cela. Nous avons été incapables de résister. »

Abasourdi comme tout le monde, le capitaine Tomáš Ujfaluši dressait pour sa part un bilan contrasté de cet Euro 2008 qui s’est achevé prématurément pour les Tchèques :

« Je pense que l’on n’a pas été si mauvais. Je suis fier de cette équipe, nous avons pratiqué un bon football, même si nous n’avons pas eu les résultats espérés, ce qui est le plus important. Il faut reconnaître que ce tournoi est un échec puisque notre objectif était la qualification pour les quarts de finale. D’un autre côté, nous avons fait notre maximum, il nous a peut-être manqué un peu de réussite à certains moments. C’est dommage car nous étions très proches de la qualification et je suis triste pour les joueurs qui arrêtent et quittent la sélection sur cette énorme déception. »

Jan Koller,  photo: CTK
Outre le sélectionneur Karel Brückner, qui était en poste depuis 2001, l’Euro 2008 marque la fin d’une génération, plusieurs joueurs ayant annoncé, avant même le début du tournoi, leur retraite internationale. On ne reverra donc plus sous le maillot de l’équipe nationale notamment Jan Koller, meilleur buteur de l’histoire de la sélection (55 buts en 90 sélections), mais aussi le milieu défensif Tomáš Galásek et peut-être le défenseur latéral gauche Marek Jankulovski. Lorsqu’ils se seront remis de la déception de Genève, les Tchèques et leur nouvel entraîneur devront donc s’atteler à la reconstruction d’un groupe dans l’optique désormais des qualifications à la prochaine Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud.