Foot : un nouveau jour se lève déjà pour la Reprezentace après la nuit noire de Genève
Trois jours après l’incroyable et cruelle défaite (2-3) contre la Turquie, les Tchèques se remettent doucement de leur élimination au Championnat d’Europe de football et de l’immense tristesse de la nuit genevoise de dimanche. Tandis que le sélectionneur Karel Brückner et certains joueurs, parmi lesquels l’attaquant Jan Koller, ont confirmé leur retraite internationale, l’heure du bilan a sonné. Et il faut déjà songer à l’avenir…
Bien sûr, on le sait, la marge qui existe dans le sport de haut niveau, et plus particulièrement dans le football, entre une victoire et une défaite, entre le succès et l’échec, est infime. Sans un dernier quart d’heure de folie, dimanche soir, et la faute de main de Petr Čech, les Turcs ne parleraient pas de miracle pour évoquer l’improbable retournement de situation qu’ils ont réussi contre les Tchèques. Et ces derniers prépareraient aujourd’hui un quart de finale ouvert et passionnant contre la Croatie, vendredi prochain, à Vienne. Mais tout le monde le sait aussi, il ne s’agit là que de « si » et avec des « si »... D’ailleurs, si la Reprezentace ne méritait sans doute pas de perdre contre la Turquie après avoir contrôlé l’essentiel du match, il faut aussi reconnaître qu’elle ne méritait pas plus de gagner lors du match d’ouverture contre la Suisse, une semaine plus tôt. Et les Suisses, malheureux contre la République tchèque comme contre la Turquie, peuvent, eux aussi, se dire qu’avec un peu plus de réalisme et de réussite, ils auraient pu être à la place des Turcs. Il n’en demeure pas moins que la vérité des faits et des chiffres est implacable. Avec seulement trois points, une victoire pour deux défaites, les Tchèques n’ont pas rempli l’objectif minimal qu’ils s’étaient fixés avant le début de l’Euro, à savoir terminer à une des deux premières places du groupe A et participer aux quarts de finale. L’absence de Tomáš Rosický aura donc été, comme cela était redouté, un lourd, trop lourd handicap. Sans leur leader technique et capitaine, le jeu des Tchèques a souvent manqué de l’imagination et de l’effet de surprise que seuls les dribbles, les passes et les traits de génie du « petit Mozart » savent apporter. Le niveau de l’équipe entraînée par Karel Brückner est resté très éloigné de celui affiché quatre ans plus tôt lors de l’Euro au Portugal. En Suisse, les Tchèques ont eu la confirmation, s’ils en avaient encore besoin, qu’il leur faudra du temps et de la patience pour remplacer la génération dorée des Pavel Nedvěd, Karel Poborský et autres Vladimír Šmicer. Avec les départs de Karel Brückner, à la tête de la sélection depuis 2001, de Jan Koller, meilleur buteur de l’histoire de l’équipe nationale tchécoslovaque et tchèque, mais aussi du milieu défensif Tomáš Galásek et peut-être du défenseur du Milan AC Marek Jankulovski, c’est donc une page de l’histoire du football tchèque qui se tourne et avec elle une autre page, blanche, qui s’ouvre. D’abord, un nouveau sélectionneur sera nommé d’ici à la fin du mois de juin. Pour l’instant, c’est l’incertitude qui règne autour de son identité, même si l’on sait déjà que ce ne sera pas l’ancien entraîneur de Strasbourg et de Saint-Étienne, Ivan Hašek. Une fois l’entraîneur choisi, il sera alors grand temps pour lui de penser à la reconstruction d’une équipe dont la colonne vertébrale continuera cependant de s’articuler autour de Petr Čech dans les buts, de Tomáš Ujfaluši en défense, de Tomáš Rosický dans l’entrejeu et peut-être de Milan Baroš en attaque. Le premier match amical de prestige prévu contre l’Anglettre à Wembley le 20 août servira à replonger tout le monde dans le bain avant de repartir pour une nouvelle campagne de qualification à la prochaine Coupe du monde en 2010 en Afrique du Sud avec d’entrée deux premiers déplacements délicats en Irlande du Nord en septembre puis en Pologne en octobre. On connaîtra alors déjà quelques réponses aux questions que l’on se pose aujourd’hui sur le proche avenir de l’équipe nationale tchèque de football.