En ramenant les trois points de son déplacement en Allemagne, mercredi dernier, la République tchèque s'est qualifiée pour le prochain championnat d'Europe. Les partenaires du néo-capitaine Petr Cech ont certes surpris l'Europe du football en s'imposant largement (3-0) contre une équipe considérée comme l'une des meilleures en Europe à l'heure actuelle, mais au vu de leurs prestations en dents de scie de ces derniers temps, la question reste cependant posée de savoir quel rôle ils peuvent espérer joueur en juin prochain en Autriche et en Suisse.
Photo: CTK
En battant brillamment l'Allemagne (3-0) à l'Allianz Arena de Munich, l'équipe de République tchèque de football a non seulement surpris nombre d'observateurs mais s'est surtout qualifiée pour la quatrième fois consécutive pour la phase finale du Championnat d'Europe. En juin prochain, en Autriche et en Suisse, les partenaires de Petr Cech feront donc une nouvelle fois partie des seize meilleures sélections du Vieux continent. Deux matches avant la fin des éliminatoires, et en dehors des deux pays co-organisateurs qualifiés d'office, seules l'Allemagne, la Roumanie et la Grèce, championne en titre, peuvent en dire autant. Une régularité au plus haut niveau qui n'est quand même « pas si mal » pour un pays de dix millions d'habitants.
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Dès le surlendemain de la qualification, vendredi, une fois l'euphorie d'après-match quelque peu retombée, les journaux pragois se demandaient toutefois si les joueurs de l'entraîneur Karel Brückner seraient une nouvelle fois en mesure de jouer le rôle d'épouvantail qui leur avait si bien sied lors du dernier Euro au Portugal. La question mérite d'être posée, car en dehors de cette victoire, mercredi, obtenue contre une Allemagne déjà qualifiée et complètement hors sujet au niveau du jeu, les Tchèques n'avaient plus battu une nation de tout premier plan depuis justement 2004, lorsqu'ils étaient venus successivement à bout de la Lettonie, des Pays-Bas, de l'Allemagne puis du Danemark avant d'être injustement éliminés lors de la prolongation de la demi-finale contre la Grèce (0-1, but en argent).
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Par la suite, les Tchèques s'étaient laborieusement qualifiés pour la Coupe du monde 2006 après s'être notamment inclinés logiquement par deux fois en groupe contre les Pays-Bas. Lors de la phase finale en Allemagne, où elle était pourtant présentée comme un prétendant possible au titre avant le début de la compétition et plus encore après sa démonstration (3-0) pour son entrée en matière contre les Etats-Unis, la Reprezentace avait déçu, d'abord assommée par un séduisant Ghana (0-2) puis dominée et achevée, impuissante, par l'Italie sur le même score lors du match décisif pour la qualification pour les huitièmes de finale. Les Tchèques étaient donc rentrés la tête basse et plus tôt qu'escompté au pays, tandis que Pavel Nedved et Karel Poborsky, avaient annoncé dans la foulée leur retraite internationale.
Petr Cech, photo: CTK
Au moment de débuter les éliminatoires pour l'Euro 2008, l'équipe, visiblement à bout de souffle et toujours dirigée par un Karel Brückner résistant à la critique des médias et du public, semblait donc devoir être renouvelée dans ses grandes lignes. Mais, conservateur, le sélectionneur choisissait de maintenir sa confiance aux anciens tout en faisant du gardien Petr Cech et du meneur de jeu Tomas Rosicky ses nouveaux leaders sur et en dehors du terrain. Un choix qui, on le sait aujourd'hui, sait avérer judicieux et payant, même si le jeu proposé au cours des éliminatoires est souvent resté très éloigné des performances haut de gamme et presque standard auxquelles les supporters tchèques s'étaient habitués depuis quelques saisons.
Dans un groupe D finalement moins relevé et terrible que ne le laissait supposer sa composition avec l'Allemagne, l'Irlande, la Slovaquie ou encore le pays de Galles, les Tchèques ont acquis l'essentiel : la qualification. Mais à Munich, devant un public allemand sous le choc, ils ont également prouvé qu'ils savaient toujours produire un football leur permettant dans un bon jour de concurrencer les meilleures équipes nationales européennes.
Karel Brückner, photo: CTK
Enfin, ils ont aussi démontré que malgré les absences de Tomas Rosicky, du défenseur du Milan AC Marek Jankulovski, de l'attaquant Milan Baros ou encore du milieu de terrain d'Anderlecht Jan Polak, soit quatre titulaires, ils possédaient une certaine profondeur de banc et pouvaient compter sur les joueurs évoluant dans le championnat national. Ainsi, sur les quatorze héros ayant participé à la plus large victoire de l'histoire de la République tchèque et même de la Tchécoslovaquie en Allemagne, six portent actuellement le maillot d'un club tchèque. Une proportion qui n'avait plus été aussi élevée depuis de nombreuses saisons et qui pourrait encore augmenter dans un proche avenir, deux joueurs sacrés vice-champions du monde des moins de vingt ans l'été dernier ayant d'ores et déjà intégré le groupe de l'équipe A.
Désormais, Karel Brückner dispose donc d'un temps bien précieux pour préparer son groupe au prochain Euro et peut-être donner leur chance à de nouveaux jeunes. Et comme l'a annoncé Petr Cech, si les cadres de l'équipe ne sont pas blessés en juin et que la forme est présente au rendez-vous, alors les Tchèques pourraient bien causer quelques surprises et de nouveau inquiéter les ténors en juin. Comme à un bon vieux temps finalement pas si lointain.