Foot : les Tchèques n’ont tenu le rythme de la samba que pendant une heure
Face à un Brésil peu convaincant et rarement enthousiasmant, l’équipe de République tchèque de football s’est logiquement inclinée (1-3), malgré sa bonne volonté, mardi soir à Prague, dans un match amical auquel le qualificatif de gala n’a pu être appliqué qu’en raison du nom ronflant de l’adversaire. En somme, même lorsque les petits plats sont mis dans les grands, le festin n’est pas nécessairement au rendez-vous. Reportage.
Quatre jours après la déculottée en Angleterre, où elle a essuyé la plus lourde défaite de son histoire (0-5) en guise de lancement de sa campagne de qualification pour l’Euro 2020, la sélection tchèque a longtemps fait preuve de plus d’envie et de détermination que des stars brésiliennes visiblement peu concernées par les événements. Après une entame prudente, c’est donc logiquement David Pavelka qui, suite à un slalom de Lukáš Masopust digne de ceux de son illustre homonyme Josef dans les années 1960, a ouvert le score (37e minute) d’une reprise instantanée du gauche plein axe à une vingtaine de mètres du but d’Alisson :
« J’ai d’abord un peu hésité en arrivant sur le ballon, mais compte tenu de la vitesse des défenseurs brésiliens et du fait que le ballon rebondissait parfaitement, j’ai tenté ma chance… Et il a fini sa course au fond des filets ! Je ne dirais pas que c’est le plus beau but ou le but le plus important de ma carrière. D’accord, je n’en marquerai sans doute plus beaucoup d’autres contre le Brésil. Mais un but est beau quand il permet à l’équipe d’obtenir un résultat positif. Ce n’est pas le cas ce soir, je préfère donc retenir d’autres buts. »
Sans mésestimer les honorables efforts tchèques, à 1 à 0 en sa défaveur à la mi-temps et trois jours après un déjà très décevant résultat nul (1-1) contre le Panama, on se demandait quand même un peu (beaucoup) ce que ce Brésil-là, si faible, pouvait bien être venu faire à Prague. A demi-mot, c’est d’ailleurs ce que les joueurs tchèques eux-mêmes, presque surpris de pouvoir autant bousculer leur adversaire, ont reconnu au coup de sifflet final, à l’image de David Pavelka :
« C’est possible qu’ils nous aient sous-estimés, mais ce n’est pas notre problème. L’important pour nous est d’avoir pu pratiquer le jeu que nous voulions en première mi-temps en pressant haut les Brésiliens. Je pense que nous les avons pas mal gênés. Nous avons eu quelques contres et il aurait alors fallu marquer un deuxième but. Mais en deuxième mi-temps les Brésiliens ont montré de quoi ils sont capables, même si nous leur avons offert l’égalisation. »
Profitant d’une mauvaise passe en retrait du défenseur latéral Theodor Gebre Selassie, Firmino a d’abord remis les pendules à l’heure dès le retour des vestiaires (49e), avant que les Brésiliens, ne décident, enfin, à l’approche la dernière demi-heure, d’appuyer un peu sur le champignon.
Les entrées en jeu successives d’Everton, Neres, Arthur et plus encore de Gabriel Jesus, à la conclusion de deux superbes mouvements sur les deuxième et troisième buts auriverde (83e et 90e), leur ont permis de faire la différence dans le second acte face à des Tchèques à la fois lessivés et trop limités techniquement, diminués, aussi, par les sorties de plusieurs joueurs sur blessure. Très remuant sur son côté droit quatre-vingt-dix minutes durant, le milieu offensif du Slavia Lukáš Masopust a néanmoins été une des belles satisfactions de la soirée :
« Il nous a manqué de forces sur la fin. Notre style de jeu avec un pressing haut est très exigeant physiquement et réclame une grande dépense d’énergie. Contre un adversaire de la qualité du Brésil, qui conserve bien le ballon et le fait tourner, c’est donc devenu de plus en plus difficile au fil des minutes. Plus le match avançait, plus il devenait évident que les Brésiliens feraient la différence à un moment ou à un autre. »Au final, malgré cette nouvelle défaite prévisible, c’est donc la tête haute que les Tchèques, désormais quarante-quatrièmes au classement de la FIFA, sont ressortis de cet affrontement contre la troisième nation mondiale. Et ce même si, à la sortie du stade, quelques-uns de leurs supporters, notamment les plus âgés, n’ont pu s’empêcher de penser, nostalgiques, qu’il y a quelques décennies de cela, la Tchécoslovaquie possédait une équipe capable de rivaliser en Coupe du monde avec le Brésil autrement plus glorieux que celui vu à Prague mardi des Pelé et Garrincha. Mais c’est là une autre histoire…