Presse - Le « Mes Pragois me comprennent » de Zuzana Čaputová
Cette nouvelle revue de la presse tchèque s’intéresse d’abord à la grande popularité dont jouit en Tchéquie la désormais ex-présidente slovaque Zuzana Čaputová. Autres sujets traités : l’adoption d’une nouvelle mesure visant à mieux protéger les terres agricoles, la situation des régions frontalières ou encore différents commentaires relatifs au championnat d’Europe de football.
La dernière visite officielle à Prague de Zuzana Čaputová, avant l’expiration de son quinquennat présidentiel, qui s’est tenue la semaine dernière dans le cadre d’un voyage d’adieux, a de nouveau illustré la position exceptionnelle qui est celle de la présidente slovaque en Tchéquie. À en croire les sondages, avec un peu plus de 50 % d’opinions favoarbles, Zuzana Čaputová n’est rien de moins que la politique étrangère (hommes et femmes confondus) la plus appréciée des Tchèques. Une popularité qui n’a pas échappé à l’hebdomadaire libéral Respekt, qui ne cache pas son admiration pour le personnage :
« Le rapport très positif qu’entretient la partie démocratique et libérale de la société tchèque à l’égard de Zuzana Čaputová remonte au début de son mandat, à une époque où la Tchéquie était dirigée par le duo composà de Miloš Zeman et d’Andrej Babiš. Le discours compréhensible, empathique et clair, sans volonté d’intimidation, et pro-occidental que tenait cette jeune politicienne a séduit les Tchèques. Et ce, d’autant plus qu’elle exprimait ouvertement ses sympathies pour la société civique tchèque. Ses voyages réguliers en Tchéquie ont encore renforcé cette perception. Parallèlement à tout cela, et bien que leurs positions étaient opposées, elle s’est toujours comportée avec beaucoup de respect également envers son homologue tchèque Miloš Zeman. »
Respekt souligne que Zuzana Čaputová a défendu l’État de droit, les droits des minorités, le soutien à l’Ukraine, où elle s’est rendu à plusieurs reprises, et œuvré au développement de la coopération européenne et nord-atlantique. Une façon de défendre les principes démocratiques et, par-là même, aussi les intérêts tchèques. Le magazine conclut en regrettant que la proximité qui existait entre les chefs d’État tchèque et slovaque, depuis le samedi 15 juin et la prise de fonctions de son successeur au Château de Bratislava, appartienne désormais au passé. « Le nouveau président slovaque, Peter Pellegrini, n’est pas monté dans ‘le train idéel’ Bratislava-Prague, mais dans le train express Bratislava-Budapest », explique l’auteur.
Pour une meilleure protection des terres agricoles
Pour sa part, le président tchèque, Petr Pavel, a signé un texte de loi visant à protéger les terres agricoles de qualité et à limiter ‘le bétonnage du paysage’. Le site Seznam Zprávy précise à ce propos :
« Selon le ministère de l’Environnement, près de 700 hectares de terres agricoles, dont 40 % de qualité supérieure, sont exploitées chaque année à des fins de construction de maisons, pour la production industrielle, le stockage et les transports. Désormais, à quelques exceptions près, les grands centres commerciaux et logistiques de plus d’un hectare de superficie ou les centrales photovoltaïques standard ne pourront plus être construits sur ce type de terres. Toutefois, les députés ayant quelque peu assoupli le projet de loi tel qu’il avait été présenté par le gouvernement, le président Pavel leur a adressé ‘une lettre d’avertissement’ dans laquelle il dénonce notamment le fait qu’ils aient impliqué le projet de construction d’une grande usine de batteries à Dolní Lutyně, dans la région de Karviná. »
En d’autres termes, comme on peut encore le lire sur Seznam Zprávy, le président les a avertis que « la route de la prospérité n’est pas droite et qu’il convient parfois de s’arrêter. » Une vision des choses qui, selon l’auteur, rappelle celle que l’ancien président Václav Havel avait formulée lors de la conférence Forum 2000, lorsqu’il avait dénoncé l’évolution négative et la destruction incontrôlée du paysage, et qui l’amène aussi à constater :
« Il y a longtemps qu’il n’y a plus de philosophe au Château de Prague, et cela n’est d’ailleurs même plus nécessaire. Un politicien pas indifférent à la vie pratique suffit. Il faut donc saluer le fait que le président Pavel a ouvertement exprimé ses doutes en adressant cette lettre au Parlement. »
Susciter l’intérêt pour les régions frontalières à la périphérie de la Tchéquie
La partie riche de la Tchéquie est en train de perdre ses régions frontalières et ses périphéries intérieures. C’est du moins ce qu’estime le quotidien Deník, qui explique pourquoi :
« La richesse en Tchéquie se concentre à Prague, à Brno et dans plusieurs autres localités, et c’est pourquoi il convient d’élaborer un plan pour redresser les zones frontalières et les périphéries intérieures. Certes, nous pouvons nous féliciter des places nous avons rénovées dans presque chaque ville grâce aux subventions européennes. Mais parallèlement, nous avons ‘oublié’ de construire des autoroutes, des routes de qualité, des lignes de chemins de fer fiables et rapides, sans même parler du train à grande vitesse qui serait un moyen de transport très pratique en Europe centrale. Aucune université, aucune bonne école secondaire, aucun parc scientifique n’ont vu le jour dans les zones frontalières. De même, rien n’est entrepris pour retenir les personnes compétentes ni même les jeunes. Du coup, ceux qui restent dans les régions à la périphérie votent pour les partis politiques qui, eux aussi, d’une certaine manière se troivent à la périphérie, et ce, au grand dam des électeurs qui vivent dans les régions les plus riches. Cela démontre donc que maintenir la démocratie sans que ces populations soient elles aussi satisfaites de leurs conditions et de leur cadre de vie est impossible et que la mise en valeur de ces régions abandonnées à leur sort est tout aussi importante que la valorisation des pensions de retraite. »
« La carte des régions prospères tchèques rappelle désormais celle de la Deuxième République (entre septembre 1938 et mars 1939) qui a suivi la signature des accords de Munich. Un État qui n’a pas duré longtemps et dans lequel personne ne voudrait vivre », prévient ainsi encore Deník.
La Tchéquie, un outsider à l’Euro 2024 de football ?
« La sélection tchèque est un outsider à l’Euro de football. Malgré ce statut, elle peut grimper jusqu’au sommet », titrait le quotidien économique Hospodářské noviny la veille de la défaite concédée contre le Portugal (1-2), mardi dernier, pour le premier match de l’équipe nationale au championnat d’Europe. Le journal développe sa vision des chances tchèques :
« Il va de soi que les Tchèques ne peuvent pas se faire trop d’illusions. Selon le site Transfermarkt, la Tchéquie possède la septième sélection ‘la moins chère’ parmi les vingt-quatre équipes présentes en Allemagne. La valeur de l’ensemble de l’effectif, qui compte vingt-six joueurs, est de 187 millions d’euros, soit presque dix fois moins que la sélection anglaise. Il en va de même de l’effectif du Portugal, et même celui de la Turquioe, qui sera un autre adversaire des Tchèques, possède une valeur deux fois plus élevée. Seuls les Géorgiens, que nous avons tendance à considérer comme des outsiders, sont légèrement moins chers que les Tchèques. Bref, autant dire que l’optimisme n’est pas de mise. »
Mais, d’après ce que souligne encore l’auteur, outre ces indices économiques, il existe aussi d’autres éléments essentiels, et parfois même plus importants. « D’abord, il s’agit d’avoir un plan de jeu bien défini et parfaitement respecté. C’est d’abord grâce à son organisation que la sélection tchèque a atteint la finale de l’Euro 1996 en Angleterre. L’espoir réside aussi dans l’enthousiasme », écrit-il ainsi, avant toutefois de conclure sur un ton plus réaliste :
« Il est peu probable que nos joueurs soulèvent le trophée des nouveaux champions d’Europe le 14 juillet prochain à Berlin. Mais cela n’enlève rien au fait que les matchs pourront nous procurer beaucoup plus de joie et de fierté que ne le suggèrent les seuls indicateurs financiers. »
Lorsque la politique se mêle au sport
Toujours à propos de l’Euro de football, le journal en ligne Forum24 constate que la politique se mêle au sport en dépit de ce que l’on aime prétendre, les deux mondes étant des vases communicants. L’auteur illustre son propos avec un incident survenu lors du match entre la Roumanie et l’Ukraine, durant lequel une partie des supporters roumains a scandé le nom de Vladimir Poutine :
« Il se peut que l’adulation du dictateur russe par les supporters roumains n’était qu’une simple provocation à l’égard des Ukrainiens, histoire d’influencer la performance des joueurs et d’initier une bagarre après le match. Mais peut-être s’agissait-il aussi de l’expression d’une véritable opinion politique. Mais comme la Roumanie a participé au sommet de la paix en Suisse et signé un document qui impute clairement la responsabilité de la guerre à la Russie, il est pour le moins étonnant qu’aucune excuse n’ait encore été présentée de la part de l’État ou de la Fédération roumaine de football. »
Selon le magazine, les supporters qui ont glorifié un criminel de guerre devraient être identifiés et interdits de stade.