Foot – Mondial 2018 - Eliminatoires : pour les Tchèques, ça (re)commence très moyennement
L’équipe de République tchèque de football a concédé un décevant résultat nul (0-0) contre l’Irlande du Nord, dimanche soir à Prague, pour son premier match comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2018 en Russie. Dans un groupe C où la première place directement qualificative pour la phase finale semble promise à l’Allemagne, la Reprezentace, en phase de reconstruction suite à l’arrêt de cinq joueurs après l’Euro et avec un nouveau sélectionneur à sa tête, a ainsi entamé très moyennement le nouveau cycle qui s’ouvre à elle. Reportage au stade de Letná.
C’est par un triste résultat nul et vierge de but auquel ont assisté moins de 11 000 spectateurs, dont deux bons milliers de supporters nord-irlandais qui ont fait honneur à leur réputation, que la République tchèque a entamé sa campagne éliminatoire pour la prochaine Coupe du monde 2018. C’est donc d’un seul petit point, au lieu des trois fortement espérés avant le coup d’envoi, que Karel Jarolím a été contraint de se contenter pour son premier match officiel sur le banc de l’équipe nationale. Face à une Irlande du Nord très limitée techniquement, dont la grande majorité des joueurs alignés dimanche évoluent en deuxième voire en troisième division anglaise, les partenaires du nouveau capitaine Marek Suchý auraient pourtant pu (ou dû) l’emporter. Car ce République tchèque – Irlande du Nord était le genre typique de match qui se gagne 1 à 0 et basta ! Le match dont on préfère certes oublier le contenu aussi vite que faire se peut mais dont aussi, et c’est bien là l’essentiel, restent les trois points engrangés au classement ; trois points qui pèsent souvent de tout leur poids au moment des décomptes finaux. Mais, notamment en première période, les Tchèques ont été trop moyens et leurs initiatives trop quelconques pour obtenir plus que ce partage des points qui a laissé pas mal de regrets à leur entraîneur Karel Jarolím :
« Nous n’avons pas fait une mauvaise entame de match avec deux ou trois situations dangereuses devant le but irlandais. Mais nous avons progressivement perdu cet élan à cause de trop d’imprécisions et de pertes de balle dans l’entrejeu. Nous avons alors commencé à jouer avec le frein à main et plus dans la largeur du terrain que dans sa profondeur. Au bout du compte, notre première mi-temps n’a pas été bonne. Il y a eu trop peu de mouvement et de combinaisons pour nous créer de meilleures occasions. »L’entame de la seconde période, elle, a été plus vivante et a enfin quelque peu sorti le maigre public tchèque de sa torpeur. A force de jeu à terre, les hommes de Karel Jarolím sont alors parvenus à s’approcher davantage de la cage irlandaise. Reste qu’avec seulement deux frappes cadrées en l’espace de quatre-vingt-dix minutes, cette volonté d’aller vers l’avant était bien un des rares motifs de satisfaction pour le sélectionneur :
« Il y a eu du mieux, c’est vrai. Les ailiers ont su trouver les espaces sur les côtés et nous avons eu suffisamment d’occasions pour inscrire ce but qui aurait tout changé. Nous ne l’avons pas marqué et nous avons encore beaucoup de progrès à faire dans l’avant-dernière ou la dernière passe, mais je pense malgré tout que cette deuxième mi-temps a montré la direction dans laquelle il nous faut continuer à travailler. En même temps, si vous ne cadrez pas quand vous êtes seul devant le but, cela devient plus compliqué… »
Michael McGovern, le gardien nord-irlandais, doit lui-même encore se demander comment Filip Novák, complètement esseulé à cinq mètres de son but suite à un cafouillage, a fait pour ne pas cadrer sa reprise. On jouait alors la 62e minute et le défenseur latéral gauche tchèque, par ailleurs le meilleur homme de la partie, venait de vendanger ce qui restera la meilleure occasion du match de son équipe :
« Sur le coup, j’ai voulu faire le plus vite possible, car j’ai pensé qu’un défenseur adverse viendrait m’empêcher de frapper. Je me suis précipité et je n’ai pas pris le temps de regarder autour de moi. Ce n’est qu’après coup que je me suis rendu compte que j’avais tout le temps d’ajuster le gardien. Il est rapidement sorti de sa cage, mais j’aurais pu lui demander s’il voulait que je la lui mette [la balle] sur sa droite ou sur gauche… Mais nous avons eu d’autres occasions et je pense que nous méritions de gagner ce soir. »Le ressenti qui est celui des joueurs sur le terrain après un match diffère parfois (souvent diront ces derniers) de celui qu’ont les spectateurs et les journalistes depuis les tribunes. L’analyse de Petr Kadeřábek, le latéral droit, lui, de la Reprezentace, confirmait ce constat :
« Nous avons clairement perdu deux points. Nous voulions gagner à tout prix, nous ne pouvons dons pas nous satisfaire de ce partage, surtout compte tenu du déroulement du match. Nous avons dominé territorialement et nous sommes créés bien plus d’occasions que les Irlandais du Nord. Notre adversaire ne nous a pratiquement jamais inquiétés. Pour différentes raisons, il ne nous a manqué qu’un petit but ce soir pour prendre les trois points. Mais ce n’est que le début des éliminatoires et il faut continuer. »
La suite du programme pour les Tchèques dans leur groupe éliminatoire prendra la forme d’un déplacement ô combien périlleux en Allemagne, le 8 octobre prochain à Hambourg. Et s’ils entendent rendre autre chose qu’une simple visite de courtoisie à leurs voisins champions du monde en titre, qui se sont facilement imposés (3-0) de leur côté en Norvège dimanche, Tomáš Vaclík, l’excellent successeur de Petr Čech, Vladimír Darida, le régulateur de l’entrejeu, et autres Ladislav Krejčí, les nouvelles principales figures de la Reprezentace, devront sérieusement hausser leur niveau de jeu.
Mais c’est plus encore contre le Kazakhstan, trois jours plus tard à Ostrava, puis lors de la réception également de la Norvège, le 11 novembre à Prague, leurs deux autres principaux concurrents avec l’Irlande du Nord pour la deuxième place du groupe éventuellement synonyme de barrages, que les Tchèques devront faire meilleure impression et s’imposer. Sans quoi, le rêve d’une deuxième participation à une phase de finale de Coupe du monde, après 2006, sera déjà pratiquement évanoui.