Foot : un derby des « S » pragois chaud mais sans vainqueur

Slavia Prague - Sparta Prague, photo: ČTK

La montagne a accouché d’une souris. Présenté comme un des possibles moments-clefs de la saison dans la lutte pour le titre, le derby entre le Slavia et le Sparta Prague, principale affiche de la 22e journée de l’ePojisteni.cz liga, le championnat de République tchèque de football, s’est achevé sur un résultat nul (1-1). Un partage des points qui n’arrange aucune des deux équipes.

Les joueurs de Slavia Prague,  photo: ČTK
Convient-il de regarder le verre à moitié vide ou à moitié plein ? C’est la question que peut se poser le Slavia au coup de sifflet final du 287e derby pragois de l’histoire. Disputé dans une chaude ambiance et sous un soleil printanier, le traditionnel match au sommet du championnat tchèque n’a tenu les promesses qu’on en attendait que dans ses dix dernières minutes.

S’ils le considèrent comme à moitié vide, les Rouges et Blancs se diront qu’ils ont laissé passer là, à huit journées de la fin du championnat, une belle occasion non seulement de distancer un peu plus encore le Sparta au classement, mais aussi de retrouver le fauteuil de leader. Une victoire contre leur grand rival leur aurait en effet permis de posséder de nouveau un point d’avance sur le Viktoria Plzeň. Samedi soir, le club de Bohême de l’Ouest avait dû se contenter d’un résultat nul (2-2) lors de la réception de Teplice.

En revanche, s’ils considèrent ce même verre comme à moitié plein, ils peuvent s’estimer heureux d’avoir pu égaliser dans le temps additionnel (90e+1) sur un penalty accordé pour une faute tout sauf évidente, et que la majorité des arbitres autres que celui de la rencontre n’auraient probablement pas sifflée. Si l’on s’en tient à l’adage vieux comme le football qui prétend qu’un derby, avant même de se gagner, doit d’abord ne pas se perdre, alors le Slavia a sauvé les meubles. C’est d’ailleurs ce que reconnaissait de bonne foi son entraîneur, Jaroslav Šilhavý :

Jaroslav Šilhavý,  photo: ČTK
« Nous n’avons pas tenu notre rang de favoris. Nous n’avons pas bien joué. C’est décevant et c’est pourquoi nous ne pouvons pas nous plaindre de ne prendre qu’un point. Les joueurs étaient trop nerveux et étaient trop éloignés les uns des autres. Il n’y avait pas assez de mouvement, nous n’étions pas présents dans les duels et nous avons perdu beaucoup de ballons… La liste est longue. Contre un adversaire comme le Sparta, nous ne pouvions pas espérer beaucoup mieux. Le seul point décisif est que le Sparta ne s’est pas créé beaucoup plus d’occasions que nous. Je pense que cela a été un derby classique, très tactique, et une lutte physique de tous les instants. Le résultat nous permet de maintenir le Sparta à distance. Certes, nous espérions repasser devant Plzeň, mais il faut accepter ce point pris avec humilité. »

Avec une série d’invincibilité en championnat désormais longue de dix-huit matchs, le Slavia a effectivement conservé ses neuf points d’avance sur le Sparta, troisième au classement et probablement largué pour de bon dans la lutte pour les deux premières places qualificatives pour la phase préliminaire de la Ligue des champions.

Penalty ? Pas penalty ? Penalty (selon l’arbitre) !

Petr Rada,  photo: ČTK
En ouvrant le score à la 81e minute par son attaquant Václav Kadlec, qui a repris un centre-tir du milieu ivoirien Tiémoko Konaté, le Sparta, un poil plus emballant dans le jeu que son adversaire, pensait pourtant avoir fait le plus dur. L’égalisation concédée dix minutes seulement plus tard n’était donc pas facile à avaler pour son coach Petr Rada, encore furieux au moment de passer devant les médias :

« Je vais vous dire une chose : cela fait vingt ans que j’entraîne des équipes professionnelles, et pour siffler un penalty à la 91e minute, l’arbitre doit être convaincu à un million de pourcents qu’il y a bien faute ! S’il a le moindre doute, il doit laisser jouer. Je ne veux pas critiquer à tort et à travers, il faut d’abord que je revoie au calme les images de l’action. Mais je reste convaincu que pour siffler un penalty à ce moment-là dans un match comme un derby, l’arbitre doit être sacrément chevronné et sûr de son coup. »

En l’absence d’arbitrage vidéo, et en attendant de voir quelle sera cette semaine la position de la commission des arbitres de la ligue, ce penalty litigieux, transformé sans trembler par Milan Škoda, restera inscrit dans les annales et fera jaser jusqu’au prochain derby des « S » pragois. Bien que légitimement déçu par l’épilogue de la rencontre, Václav Kadlec, meilleur joueur du Sparta dimanche, s’est refusé à s’attarder sur cette décision arbitrale certes discutable mais qui fait partie du jeu :

Václav Kadlec  (au milieu),  photo: ČTK
« Nous étions venus ici avec l’ambition de prendre les trois points pour réduire l’écart au classement avec les équipes qui sont devant nous. Compte tenu de la physionomie du match, nous en avons donc clairement perdu deux ce soir. C’est toujours rageant de se faire rejoindre de la sorte dans les arrêts de jeu. Penalty ou pas, le fait est que nous n’avons pas été capables de conserver notre avantage jusqu’au bout. C’est une journée de plus de passé, et nous avons toujours le même retard sur Plzeň et le Slavia. Je pense que nos chances de nous mêler encore à la lutte pour le titre ne sont plus que théoriques. Bien sûr, on ne sait jamais, et notre devoir est d’y croire tant que cela reste possible, mais il est évident qu’il n’y a plus grand espoir. »

Leader, le Viktoria Plzeň vire son entraîneur

Malgré sa contre-performance à domicile contre le FK Teplice samedi soir (2-2), le Viktoria Plzeň a donc conservé son fauteuil de leader, avec un point d’avance sur le Slavia. Mené 2 à 0 à la 82e minute, le club de Bohême de l’Ouest est parvenu à égaliser et à arracher un point qui pourrait valoir son pesant d’or au moment des comptes en fin de saison. Auteur de la réduction sur score sur penalty, c’est précisément cet aspect qu’a retenu le milieu de terrain international de Plzeň, Tomáš Hořava :

« Quand vous jouez devant votre public et que vous perdez 2 à 0, le minimum est de se battre jusqu’au bout. Nous avons su recoller, et cet état d’esprit est donc le point positif de la soirée. Mais les dernières minutes ne doivent pas nous faire oublier tout ce qui a précédé. Il y a eu beaucoup d’insuffisances dans notre jeu qui ont fait que nous nous sommes retrouvés menés de deux buts par Teplice. »

Roman Pivarník,  photo: ČTK
Ce partage des points, qui était le troisième match sans victoire de Plzeň depuis la reprise du championnat fin février, a eu pour conséquence le limogeage de Roman Pivarník de ses fonctions d’entraîneur. En poste depuis le début de saison, le technicien slovaque a fait les frais d’un parcours pas suffisamment convaincant aux yeux des dirigeants du double champion en titre, comme l’explique l’attaché de presse du club, Václav Hanzlík :

« La principale raison est la qualité insatisfaisante du niveau de jeu produit depuis la reprise. Malgré le classement, nous ne sommes pas non plus totalement satisfaits des résultats. Nous pensons que nous avons le potentiel pour mieux faire. La responsabilité de l’équipe a donc été confiée à Zdeněk Bečka, qui était jusqu’alors l’assistant de Roman Pivarník, et à Pavel Horvath, qui l’assistera. C’est désormais à eux qu’il appartient de bien préparer le prochain match vendredi à Hradec Králové. »

Champion de République tchèque à quatre reprises depuis son premier titre historique en 2011, le Viktoria connaît donc son cinquième changement d’entraîneur en l’espace de trois ans et demi. Un paradoxe pour le club le plus régulier et le plus performant du pays ces six dernières années, dont la direction ne verrait pas d’un mauvais œil le retour aux affaires sur le banc de touche l’ancien sélectionneur Pavel Vrba, grand artisan des premiers succès de Plzeň.