Football tchèque : quel bilan à la trêve ?

Viktoria Plzeň, photo: ČTK

Le football en République tchèque pour cette année, c’est fini. Avec la 6e journée de la phase de poules de la Ligue Europa, jeudi dernier, les trois clubs tchèques en lice ont disputé leur dernier match officiel en 2016. Avant cela, le week-end précédent, la phase automnale du championnat de République tchèque s’était elle aussi achevée pour laisser place à la traditionnelle longue trêve hivernale. Si le Sparta Prague est le seul représentant tchèque à s’être qualifié pour les 16es de finale de la Ligue Europa, à l’échelle nationale en revanche, c’est le Viktoria Plzeň, déjà double champion en titre, qui continue de mener la danse. Au printemps prochain toutefois, avec la montée en puissance du Slavia Prague, ce n’est plus une lutte à deux mais à trois que devrait proposer la ePojisteni.cz liga pour le titre de champion.

Viktoria Plzeň,  photo: ČTK
Soyons clairs, et personne ne prétend le contraire : le championnat de République tchèque de football n’est pas le championnat européen le plus excitant. Mais il est certainement plus passionnant que ne l'indique son appellation, le nom d’un moteur de recherche en assurance duquel il a été rebaptisé en début de saison.

La lecture du classement pourrait également laisser à penser à une certaine forme de routine. Que ce soit le Viktoria Plzeň qui occupe le fauteuil de leader n’est désormais absolument plus une surprise. Depuis le premier de ses quatre titres décrochés en 2011, le club de Bohême de l’Ouest est devenu, que cela plaise ou non à Prague, et malgré ses difficultés depuis deux saisons à confirmer son statut en Europe, le numéro un en République tchèque. Devant le Sparta, dont le dernier titre remonte à 2014 et qui n’a été sacré que trois fois champion ces dix dernières années.

Avec un bilan de onze victoires pour une seule défaite en quinze matchs, soit la moitié déjà du calendrier, Plzeň occupe la première place avec un point d’avance sur le Slavia Prague, quatre sur le Sparta et cinq sur Zlín, l’équipe surprise de cette première moitié de saison. Une avance qui aurait pu être plus grande encore si le dernier match programmé avant la trêve n’avait pas été reporté. Seulement voilà, malgré le règlement de la Ligue qui stipule depuis 2010 que les clubs évoluant en première division doivent disposer d’une pelouse chauffée, la surface de jeu du stade de Ďolíček était gelée et la rencontre entre les Bohemians Prague et le Viktoria Plzeň a été reportée au printemps.

Décevant en championnat, le Sparta brille en Europe

Ce printemps sera d’abord marqué par… la reprise hivernale. Avant la 17e journée, première journée post-trêve le 18 février, le Sparta disputera quelques jours plus tôt son match aller des 16es de finale de la Ligue Europa. Plzeň et Liberec éliminés sans gloire en phase de poules, les Pragois restent les derniers représentants tchèques en lice sur la scène européenne. Le tirage au sort effectué ce lundi n’a cependant pas été clément avec eux, puisqu’ils ont hérité des Russes du FC Rostov, qui ont notamment battu le Bayern Munich en Ligue des champions cet automne. Le Sparta recevra néanmoins au match retour, un avantage qu’il doit à son statut de vainqueur de son groupe en Ligue Europa. Avec quatre victoires en six matchs, dont deux à domicile contre l’Inter Milan et les Anglais de Southampton, le club de la capitale tchèque a réalisé un parcours quelque peu inattendu après son élimination prématurée contre le Steaua Bucarest en préliminaires de la Ligue des champions l’été dernier. Et s’il est revenu bredouille de son déplacement à San Siro la semaine dernière après une défaite (1-2) concédée dans les dernières secondes de la partie, le Sparta n’a toutefois pas démérité, comme lel'estimait son entraîneur Zdeněk Svoboda :

Inter Milan - Sparta Prague,  photo: ČTK
« Il y avait la place ce soir pour un meilleur résultat. Nous étions plus proches de la victoire que notre adversaire, mais l’Inter a su profiter de deux de nos erreurs pour nous punir. Nous avons manqué un penalty en deuxième mi-temps quand le score était de 1-1, et cela a été un des tournants du match. Mais nous avons eu d’autres situations dangereuses que nous n’avons pas concrétisées, alors que l’Inter s’est procuré peu d’occasions. On repart de Milan avec pas mal de regrets. C’est un match malheureux que nous ne méritions pas de perdre. »

Des matchs perdus, parfois par manque de réussite ou de réalisme comme à Milan, le Sparta en a connu d’autres aussi en championnat. Avec seulement neuf victoires en seize journées, les Pragois occupent une décevante troisième place. Un classement très éloigné des ambitions du plus riche des club tchèques ; ce que reconnaît sans mal Zdeněk Svoboda :

« Il faut féliciter les garçons pour leur parcours en Ligue Europa. En championnat, en revanche, le bilan, c’est vrai, est moins reluisant, mais nous sommes malgré tout satisfaits de passer l’hiver au moins à la troisième place. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est que tous les joueurs absents cet automne se remettent de leurs blessures de façon à pouvoir reprendre le travail dans de bonnes conditions le 3 janvier. Nous aurons aussi besoin de nous renforcer pour être prêts pour le printemps. »

Le Slavia de retour au premier plan

Ces soucis ne sont pas (ou plus) ceux du Slavia. Pour la première fois depuis leur dernier sacre en 2009, les Rouges et Blancs semblent en mesure cette saison de se mêler à la lutte pour le titre de champion. Fort des investissements de son propriétaire chinois, le deuxième grand club de la capitale devance même à mi-saison son grand rival du Sparta pour la première fois depuis 2008. Et malgré un début de saison chaotique, marquée par une élimination sans appel contre Anderlecht en phase éliminatoire de la Ligue Europa et des résultats très moyens en championnat, le Slavia a enchaîné une série de douze matchs sans défaite sous les ordres de son nouvel entraîneur. Avec trente points décrochés sur un total possible de trente-six, Jaroslav Šilhavý peut s’estimer satisfait du bilan provisoire de son équipe :

Jaroslav Šilhavý,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Les ambitions sont redevenues les plus élevées au Slavia, c’est une évidence. Notre objectif est de nous qualifier pour une coupe d’Europe. Le contraire serait un échec. Nous allons passer la trêve à la deuxième place, et c’est ce que je souhaitais. Il nous faut maintenant travailler dur durant l’hiver pour améliorer l’équipe et pouvoir viser encore plus haut au printemps. »

Liberec fait avec ses moyens

Avant de songer comme tout le monde au printemps à l’approche de l’hiver, c’est encore à l’automne qu'avaient la tête joueurs, entraîneur et dirigeants du Slovan Liberec jeudi dernier. En cas de victoire sur la pelouse du PAOK Salonique, le club de Bohême du Nord aurait accompagné le Sparta en 16es de finale de la Ligue Europa. Mais la logique défaite (0-2) concédée en Grèce a fait s’envoler les derniers espoirs du Slovan, comme le regrettait son défenseur Lukáš Pokorný :

« C’est dommage que nous n’ayons pas fini l’automne sur une bonne note. Comme la saison dernière contre Marseille, nous sommes éliminés de la phase de poules en ayant lutté pour la qualification jusqu’à la dernière journée. J’espère donc que nous y parviendrons enfin la saison prochaine. »

Cela semble néanmoins très peu probable, puisque Liberec passera la trêve dans le bas du classement de la ePojisteni.cz liga avec seulement deux points d’avance sur le premier des deux relégables, le FC Vysočina Jihlava. Pour autant, l’entraîneur du Slovan, Jindřich Trpišovský, annoncé un temps au Sparta, est resté relativement positif au moment de dresser le bilan de son équipe lors de cette première moitié de saison :

« Il faut faire la distinction entre coupe d’Europe et championnat. En championnat, le bilan est décevant, il est même largement insuffisant. Mais à l’échelle européenne, nous qualifier pour la phase de poules de la Ligue Europa était déjà une belle performance en soi. Bien sûr que nous aurions aimé aller plus loin, mais il faut être réaliste. Nous avons obtenu quatre points et je pense que pour club avec le budget et de la dimension de Liberec, c’est déjà un grand succès. »

Et avec seulement un peu plus de trois millions d’euros de budget, on ne peut effectivement pas toujours avoir, même si on aimerait bien, le beurre et l’argent du beurre. Mais lutter avec des moyens limités, c’est aussi ce qui fait le charme du football tchèque.