Foxconn, une multinationale taïwanaise au coeur de l'Europe

Foxconn à Pardubice, photo: Google Maps

Suite à une vague de suicides en 2010 dans une usine du groupe Foxconn à Shenzhen, la réalisatrice Anne Poiret a décidé de s’intéresser aux conditions de travail des employés de la multinationale originaire de Taïwan, le premier fabricant mondial de matériel informatique, qui travaille, entre autres, pour la firme Apple. Présenté dans le cadre du festival international du film documentaire Jeden Svět, qui se déroule en ce début de mois de mars à Prague, son long-métrage « La face cachée d’Apple » remonte à l’origine de la conception des produits de la célèbre marque. Selon Anne Poiret, Foxconn emploierait près de 1,5 million de personnes dans le monde, et plus d’un million uniquement en Chine. Mais l’entreprise est également présente en Bohême, où elle emploie cinq mille personnes, dans les villes de Kutná Hora et de Pardubice.

Foxconn à Pardubice,  photo: Google Maps
C’est l’usine de Pardubice justement, qui a attiré les regards de médias allemands qui constatent que les méthodes managériales employées en Chine se retrouvent peu ou prou au cœur de l’Europe. Le travail, rationalisé et très monotone, est dûment minuté et s’effectue selon une organisation horaire basée sur un roulement de huit ou douze heures. Ce système de douze heures de travail concerne les deux tiers des 5000 employés tchèques de la multinationale taïwanaise.

Lorsque que l’usine reçoit des commandes exceptionnelles de son principal client, Hewlett-Packard, les ouvriers peuvent être contraints de travailler jusqu’à cinq fois douze heures par semaine, soit 60 heures ! Un article du magazine Respekt, qui reprend les informations des médias allemands, remarque toutefois que le droit du travail tchèque autorise même une durée du travail maximale par semaine de 72 heures. Toutefois, si les ouvriers des usines tchèques de Foxconn sont amenés à travailler plus de trois fois douze heures une semaine, ils disposent, sous conditions, d’une période de récupération.

Premier employeur de Bohême centrale, Foxconn n'est pourtant pas la seule entreprise à utiliser ce système, qui n'existe pas en Allemagne, où les syndicats, mieux organisés, parviennent selon le magazine Respekt à négocier des contrats collectifs plus avantageux. Plus de 100 000 personnes en République tchèque seraient salariées sur ces principes de roulement des équipes de travail, en moyenne pour un salaire d'environ 20 000 couronnes brutes par mois (732 euros).