Grogne des médecins : les hôpitaux en régime réduit, mais sous contrôle

Depuis vendredi, comme annoncé, les hôpitaux tchèques fonctionnent en régime réduit : malgré un accord des représentants de la Chambre des médecins avec le Premier ministre sur l’augmentation des salaires l’an prochain, les médecins entendent maintenir la pression sur le gouvernement.

Comme prévu, plus de 6 000 médecins hospitaliers sur les 23 000 que compte le pays ont décidé de ne pas effectuer d’heures supplémentaires dans les hôpitaux depuis le 1er décembre. En septembre dernier, malgré les avertissements du secteur médical, le président tchèque avait en effet signé l’amendement controversé au Code du travail, dont l’une des mesures concerne les heures supplémentaires pouvant être effectuées dans les hôpitaux tchèques, pour faire face à la pénurie du personnel médical.

En effet, les établissements hospitaliers ont toujours proposé d’effectuer des heures supplémentaires, souvent sur la base des contrats de travail temporaire : or ces conditions de travail en intérim changent avec le nouveau Code du travail, pour mieux protéger les salariés, comme l’exige la législation européenne. Pour ne pas compliquer davantage la gestion des hôpitaux, les députés ont inclus dans l’amendement la possibilité de doubler le nombre d’heures supplémentaires dites volontaires. Prévue pour rester en vigueur jusqu’à la fin de l’année 2028, cette nouvelle mesure  prévoit ainsi le doublement du plafond d’heures pouvant être effectuées, soit bien au-delà des 416 heures fixées jusque-là et déjà considérées comme accablantes. Une mesure qui touche en premier lieu les médecins en début de carrière, dont les salaires sont donc moins élevés, ainsi que leurs auxiliaires : autant de personnes qui sont donc le fer de lance de ce mouvement de protestation.

Photo illustrative: Filip Jandourek,  ČRo

Après ce premier week-end de perturbations dans les services, et malgré les fortes chutes de neige qui ont entraîné une hausse du nombre d’accidents dus au verglas, la situation dans les établissements hospitaliers semblait toutefois sous contrôle, comme l’indiquaient dimanche, pour la Télévision tchèque, les porte-paroles de deux hôpitaux de province :

« A l’heure actuelle, les soins médicaux planifiés fonctionnent en régime réduit, de même que quelques services ambulatoires spécialisés. Et je pense que cela ne va pas changer en ce début de semaine, en tout cas pas avant mardi au moins. »

« En ce qui concerne les examens médicaux sur rendez-vous, ou les soins ambulatoires, les patients vont devoir probablement s’armer de patience en raison d’un temps d’attente bien plus important que d’ordinaire. »

Vlastimil Válek | Photo: Michal Krumphanzl,  ČTK

Ce lundi, une réunion était encore prévue entre le ministre de la Santé Vlastimil Válek, les médecins et les responsables des compagnies d’assurance maladie afin de discuter des détails techniques d’une augmentation des salaires des médecins hospitaliers : en effet, bien que le Premier ministre Petr Fiala ait promis jeudi dernier de débloquer 9,8 milliards de couronnes supplémentaires à destination des hôpitaux, les médecins protestataires estiment que des questions subsistent toujours quant à la manière dont ces fonds supplémentaires provenant des compagnies d’assurance se traduiront concrètement sur les fiches de salaires des médecins. Ceux-ci ont ainsi fait savoir qu’ils ne mettront pas fin à leur mouvement de protestation tant qu’un mécanisme n’aura pas été trouvé pour garantir la satisfaction de leurs demandes.

Photo illustrative: Université Masaryk de Brno

Depuis de nombreuses années, la Tchéquie, tout comme beaucoup d’autres pays d’Europe centrale, n’est pas épargnée par une pénurie de personnel médical, toutes professions confondues. Une situation qui s’était d’ailleurs fait cruellement sentir au moment des pics les plus importants de cas de Covid-19, où les établissements avaient dû gérer un afflux inédit de patients combiné à la contamination de nombreux soignants. Malgré les hausses progressives des salaires au cours des dernières années, l’hémorragie n’a jamais cessé dans le pays, avec toujours un cinquième des jeunes diplômés qui préfèrent aller proposer leurs compétences à l’étranger au sortir de leurs études.