France : Daniel Křetínský quitte Le Monde et provoque des remous chez Atos
Les investissements et désinvestissements du milliardaire tchèque en France ont été beaucoup commentés ces derniers jours.
Une fin de semaine au centre de l’attention médiatique : avant le derby pragois entre son club du Sparta et le rival du Slavia dimanche soir, le nom de Daniel Křetínský a surtout été mentionné dans les médias français et internationaux en rapport avec le retrait de sa société International Media Invest du capital d’un groupe de presse français.
NJJ Presse, la holding du milliardaire français Xavier Niel, a en effet annoncé samedi avoir racheté les parts du Tchèque dans le Groupe Le Monde, dont font aussi partie l’Obs, Courrier International ou Télérama.
« L’entièreté des parts détenues depuis 2019 par la société de Monsieur Daniel Křetínský dans la société Le Nouveau Monde a été acquise par NJJ Presse (…) avec l’engagement irrévocable de NJJ Presse de transférer ces parts, conjointement avec les parts déjà détenues directement, au Fonds pour l’indépendance de la presse », peut-on lire dans le communiqué publié samedi.
Selon des informations du Financial Times, la transaction serait d’environ 50 millions d’euros.
« À l'heure des grandes mutations capitalistiques de la presse française, nous souhaitons apporter les moyens nécessaires aux titres qui en ont besoin et que nous accompagnons dans leurs projets de développement, tout en respectant pleinement leur liberté éditoriale", a de son côté indiqué la société de M. Křetínský, International Media Invest (IMI), dans son communiqué publié samedi.
Daniel Křetínský précise qu’il « continuera à soutenir des titres français et à garantir leur indépendance en tant qu’actionnaire » par exemple chez Elle, Marianne, ou la revue Franc-Tireur, « ou en tant que prêteur » pour le quotidien Libération.
« La sortie de Daniel Křetínský de notre capital, cinq ans après la mobilisation de nos rédactions opposées à son arrivée non sollicitée, permet au Groupe le Monde de franchir de nouvelles étapes vers la sanctuarisation de son indépendance éditoriale », estime le directeur du quotidien du soir, Jérôme Fenoglio.
Atos : plainte déposée par un actionnaire minoritaire
Du côté d’Atos, autre cible visée par Daniel Křetínský, ce n’est pas l’indépendance éditoriale mais la souveraineté nationale qui avait d’abord été évoquée par certains parlementaires pour contester le rachat par l’empire médiatico-industriel tchèque des activités d’infogérance du groupe français.
Mais pour l’un des actionnaires minoritaires, c’est aussi « l’opacité » et la « pertinence » de ce projet de rachat qui semble poser problème : le Parquet national financier a confirmé avoir reçu une plainte déposée par le fonds Alix AM, actionnaire minoritaire du groupe Atos.
Impliqué dans le sauvetage du géant de la distribution Casino et acquéreur du groupe d’édition Editis, l’un des leaders du marché français, le magnat tchèque n’a pas fini de faire parler de lui dans l’Hexagone.
Outre-Manche aussi. Après ses investissements dans le Royal Mail, la poste britannique ou le distributeur Sainsbury, Daniel Křetínský fait partie des candidats au rachat du Telegraph Media Group.
« Ce magnat rachète la France en panne. Les entreprises britanniques devraient faire de même », pouvait-on lire en titre d’un article publié le mois dernier par The Telegraph, qui serait donc apparemment lui aussi un peu en panne…