François Avril reçoit un prix pour avoir identifié un fragment de la chronique de Dalimil

La chronique de Dalimil

Le prix Artis Bohemiae Amicis a été remis par l'ambassadeur tchèque à Paris, Pavel Fischer, à François Avril. Ce connaisseur de vieux manuscrits a identifié, au début de cette année, le fragment de la traduction latine de la chronique de Dalimil, oeuvre d'un chroniqueur tchèque anonyme datant de la seconde décennie du XIVe siècle. Le fragment de la traduction richement enluminé a fait l'objet d'une vente publique à l'hôtel Drouot de Paris, et c'est la Bibliothèque nationale de Prague qui l'a finalement acquis pour 364 644 euros.

On croyait d'abord qu'il s'agissait d'un vieux manuscrit hongrois. François Avril qui avait jadis collaboré avec des historiens et des conservateurs tchèques, ne partageait pas cet avis :

"Et puis je me suis rendu compte, dit-il, que c'était un manuscrit qui concernait directement l'histoire de la dynastie des Premyslides en Bohême et qui était accompagné d'une série de peintures tout à fait extraordinaires, un manuscrit jamais signalé, tout à fait inconnu et visiblement très important. (...) Et je me disais: c'est bizarre parce qu'un texte en latin généralement c'est plus solennel, plus pompeux, et je me demandais si ce n'était pas un texte retraduit en latin d'un original peut-être tchèque. J'ai cherché et cherché et ce n'était pas facile parce que les ressources sur l'historiographie tchèque sont importantes, mais elles ne sont pas faciles à trouver à Paris."

La chronique de Dalimil
C'est finalement une information trouvée sur internet qui lance François Avril sur une bonne piste. Il finira par dénicher à l'Institut des langues slaves à Paris une édition bilingue, en tchèque et allemand, de la Chronique de Dalimil et la compare avec le fragment encore non identifié ...

"Et donc en me basant sur l'édition en vieil allemand, un allemand pas facile naturellement, je me suis aperçu que ce texte collait littéralement et exactement, mot pour mot, vers pour vers, au texte latin que j'avais sous les yeux et que j'avais étudié. Je me suis donc rendu compte qu'en fait, ce texte était une traduction latine tout à fait inconnue, jamais signalée et sans d'autres copie du texte de cette chronique tchèque de Dalimil."

Dans les années 1970 et 1980, François Avril a collaboré avec l'Institut tchécoslovaque de théorie et d'histoire de l'art, et il a noué des contants avec des historiens et des chercheurs tchèques qu'il n'est pas prêt d'oublier. Aujourd'hui il se souvient de ses collaborateurs et amis tchèques et se dit surpris de la distinction qu'il vient de recevoir des mains de l'ambassadeur tchèque :

"Je n'attendais pas une reconnaissance particulière. Je suis extrêmement touché par ce geste de reconnaissance. C'est donc une consécration non recherchée et non attendue, mais très appréciée de mon amitié personnelle pour le peuple tchèque et sa culture."