Frantisek Vojtasek, l'espion tchèque qui aimait la France

Frantisek Vojtasek
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Frantisek Vojtasek est né en Moravie en 1930. Il a fait partie de cette élite militaire tchécoslovaque formée à Moscou et devait devenir l'un des agents les plus efficaces du bloc communiste. Intelligent et doué pour les langues, le destin de ce parfait espion va pourtant basculer en août 1968, lorsque les troupes du Pacte de Varsovie envahissent son pays.

Frantisek Vojtasek
Déjà en poste, sous couverture diplomatique, à l'ambassade de Tchécoslovaquie à Paris, Frantisek Vojtasek, révolté par l'écrasement du Printemps de Prague, se résout alors à proposer ses services aux Français. La collaboration va durer dix ans, et sera l'une des plus longues entre un « agent de l'Est » et la DST. Pendant dix ans, avant de se faire arrêter à Prague, l'agent tchécoslovaque va livrer tous les renseignements qu'il possède.

« J'ai donné aux services français un cahier qui contenait toutes les missions des services de renseignement militaire tchécoslovaques concernant les pays de l'OTAN : de la RFA, de la France, des unités américaines en Allemagne, toutes les forces dispersées en Europe. C'était un cahier très important où il étaient inscrites toutes les missions de l'Armée de l'air, l'Armée de terre, les missiles en France, etc... »

Est-ce que vous savez quelle importance ont eu ces documents pour les services de renseignement français ?

« Ils me disaient seulement 'Merci François, c'est bien' à chaque fois, c'est tout. J'ai travaillé pour eux jusqu'au jour de mon arrestation, le 3 février 1978. Je suis sorti de chez moi, une voiture est arrivée, et dix minutes après j'étais à la prison de Prague-Ruzyne. »

Condamné à 25 ans de réclusion, à l'époque la peine la plus lourde après la peine capitale, Frantisek Vojtasek en purgera onze, à Valtice:

« Dans les jours qui ont suivi le procès, deux officiers du contre-espionnage tchécoslovaque m'ont proposé de rester dans la prison de Ruzyne, sans beaucoup travailler, à condition que je travaille avec eux contre la France. J'ai refusé en disant que j'avais travaillé contre l'occupation et qu'il n'était pas question que je travaille pour les occupants, c'est-à-dire pour les Soviétiques. Alors quelques jours après, j'ai été transféré à la prison de Valtice, la pire d'entre toutes... »

Amnistié par Vaclav Havel en 1990, Vojtasek a repris contact avec la France dès sa sortie de prison, mais jusqu'ici, Paris ne semble pas trop se soucier du sort de l'ancienne « taupe » tchécoslovaque. Nous reviendrons sur le destin de l'agent Vojtasek plus longuement dans une de nos prochaines émissions.