Gouvernement : la probabilité d’une coalition entre ANO et la social-démocratie se renforce

Andrej Babiš, photo: ČTK

La République tchèque n’a pas encore de nouveau gouvernement, elle en est même encore très éloignée. Néanmoins, les négociations entre les dirigeants du mouvement ANO du Premier ministre démissionnaire Andrej Babiš, du parti social-démocrate (ČSSD) et du parti communiste (KSČM) ont pris un contour plus concret jeudi.

Andrej Babiš,  photo: ČTK
Net vainqueur des élections en octobre dernier avec près de 30 % des suffrages et une nette avance sur les huit autres partis s’étant partagés suffisamment de miettes pour être représentés à la Chambre des députés, Le mouvement ANO est confronté à un problème de taille : aucune autre formation ne souhaitait coopérer avec le parti dirigé par Andrej Babiš pour former une coalition gouvernementale. Toutes ont longtemps refusé, en avançant le passé controversé d’Andrej Babiš comme principal argument de leur refus, sauf une désormais, comme l’a confirmé le Premier ministre :

« Nous négocions actuellement avec la social-démocratie pour la formation d’une coalition gouvernementale minoritaire qui bénéficierait de facto du soutien du parti communiste. Nous ne menons plus des négociations qu’avec le parti social-démocrate, et exclusivement celui-ci, et nous attendons la décision que ses responsables prendront lors du congrès du parti pour leur donner une suite éventuelle. »

Le leader du ČSSD, Jan Hamáček, élu en février dernier, a confirmé la version d’Andrej Babiš. Déséquilibre des forces oblige entre les deux formations, avec seulement 15 députés sociaux-démocrates contre 78 pour le mouvement ANO, il convient toutefois encore que les deux parties s’entendent sur la répartition des portefeuilles ministériels. Par ailleurs, avec un total de 93 députés insuffisant pour disposer d’une majorité à la Chambre basse, le soutien d’une partie tierce est encore nécessaire, comme l’a reconnu Jan Hamáček :

Jan Hamáček,  photo: Kristýna Maková
« Si nous parvenons à un accord avec le mouvement ANO, nous présenterons celui-ci à notre congrès puis le soumettrons éventuellement à un référendum. Les négociations portent effectivement sur la formation d’une coalition minoritaire avec ANO qui aurait besoin, pour pouvoir exister, d’un autre soutien à la Chambre des députés. Et une des solutions pourrait être le soutien des 15 députés du parti communiste. »

Un temps envisagée par Andrej Babiš, l’idée d’une coopération avec le parti conservateur ODS a semble-t-il été définitivement abandonnée. Selon son président Petr Fiala, l’ODS entend rester dans les rangs de l’opposition de façon à pouvoir proposer une alternative politique à la domination du mouvement ANO :

« La réalité est que le mouvement ANO va continuer à s’appuyer à la Chambre des députés sur le soutien de deux partis extrémistes que sont le SPD (extrême droite) et le parti communiste. Par ailleurs, ANO négocie avec la social-démocratie, soit autant d’éléments qui rendent naturellement impossible toute forme de discussions sur une éventuelle participation de notre parti à la formation d’un gouvernement. »

Par ailleurs, Andrej Babiš a démenti l’information selon laquelle le mouvement ANO aurait accepté la demande de certains dirigeants sociaux-démocrates pour que l’éventuel nouveau gouvernement ne soit pas dirigé par lui. Andrej Babiš veut bien discuter et faire certaines concessions, mais pas au-delà d’une certaine limite.