Grâce présidentielle accordée à un homme condamné à six ans pour tentative de meurtre

Karel Bašta, photo: CTK

Le Président Václav Klaus a accordé la grâce à un homme qui était en train d’accomplir une peine de 6 ans de prison. La cour suprême avait récemment décidé de confirmer la peine de Karel Bašta qui avait tiré, il y a deux ans, sur un groupe de jeunes voleurs qui s’enfuyaient de son entreprise. Une des personnes avait été grièvement blessée. Le cas de Karel Bašta avait suscité la sympathie d’une bonne partie du public mais divise les experts.

Karel Bašta,  photo: CTK
Karel Bašta est donc ressorti de prison en homme libre ce mercredi après avoir reçu la grâce présidentielle. Il avait commencé à purger sa peine en janvier de cette année pour un fait commis il y a deux ans. Une jeune femme avait perdu l’usage d’un oeil lorsque Bašta avait tiré sur elle et sur ses complices, surpris en flagrant délit dans son entreprise de collecte de métaux. Il avait d’abord été condamné à 6 ans de prison puis sa peine avait été allégée à 3 ans en appel pour motif que son meurtre n’était pas intentionnel. La Cour suprême avait finalement décidé de revenir jugement initial de 6 ans de prison ferme.

Le condamné a accueilli la grâce présidentielle avec surprise. Le Porte-Parole présidentiel, Martin Erva a justifié la décision prise ce mercredi par Václav Klaus :

Václav Klaus
"Le Président a pris en considération le cas d’une personne qui avait une bonne réputation dans son lieu de résidence. L’acte de Monsieur Bašta a été commis sous le coup de l’émotion alors qu’il défendait sa propriété. Il a également proposé de manière volontaire un arrangement financier avec ses victimes."

Le journaliste Josef Klíma qui avait médiatisé le cas de Bašta dans une émission intitulée „Drames particuliers“ a salué la décision présidentielle :

"Je pense que contrairement à la décision de la Cour suprême le Président a signifié que l’Etat se range du côté des honnêtes gens et pas des crapules."

Les faits montrent que la légitime défense dans ce cas ne pouvait être invoquée puisque les voleurs étaient en train de s’enfuir et ne menaçaient pas Karel Bašta. Les défenseurs de ce dernier plaidaient plutôt pour des circonstances atténuantes. Le juge auprès de la Cour suprême Pavel Šámal avait expliqué les conditions qui seraient en faveur d’une clémence :

Pavel Šámal
"Il faut qu’il y ait une forte perturbation pour que la personne soit contrainte à une diminution de ses capacités de discernement."

La cour suprême avait estimé que le vol ne saurait justifier une telle perturbation et avait estimé que Bašta devait être condamné à une lourde peine. Ce point de vue est contesté par certains experts, notamment des psychologues, qui pensent que la perturbation peut être assez puissante.

A travers le cas de Bašta se déroule en réalité une fracture entre l’élite juridique qui pense que la défense des biens matériels ne saurait justifier le recours à la violence, et la société qui est prête à la tolérer dans de tels cas. Le Président Klaus a certainement senti que son geste lui vaudrait l’estime d’une grande partie de ses concitoyens.