Grande rétrospective de l’œuvre de Karel Zlín à Hluboká
A partir du 1er mai et jusqu’au 5 septembre, la galerie Aleš en Bohême du Sud propose une grande rétrospective du travail de l’artiste français d’origine tchèque, Karel Zlín. Karel Zlín est le pseudonyme de Karel Machálek, né dans la ville de Baťa, Zlín en 1937. Parti en France en 1976, il y a réalisé notamment deux sculptures monumentales en bronze installées dans le parc du château de Rambouillet, commande du ministère de la Culture sous le deuxième septennat de François Mitterand. Conjointement à la rétrospective sort en librairie une grande monographie.
« Cette rétrospective va montrer tout l’éventail de mon travail, c’est-à-dire pas seulement la peinture, mes tableaux, mais aussi les affiches, les couvertures de livres. Il y a aussi une partie consacrée à mes livres car j’en ai édité plusieurs, à Prague et à Paris. »
Des livres de poésie...
« Il y aura aussi quelques sculptures en bronze. Malheureusement, je ne peux pas déplacer mes grandes pièces de plusieurs tonnes jusqu’à Prague. »
Précisons quand même, vous dites que vous ne pouvez pas les déplacer jusqu’à Prague, mais cette galerie n’est pas dans la capitale tchèque mais en Bohême du Sud...« C’est une ville qui s’appelle Hluboká, à 10 km de České Budějovice. C’est dans le château des Schwarzenberg, un château de style néo-gothique. »
C’est intéressant : vos oeuvres inspirées de l’Antiquité, de ces temps anciens, vont se retrouver dans un décor néo-gothique, donc même pas du vrai gothique...
« Oui... si j’ai un jour l’honneur d’exposer à Prague, je me retrouverais certainement dans un bâtiment ancien. Pour moi c’est quand même toujours intéressant (pour d’autres peintres aussi) d’exposer dans des lieux nobles et anciens. J’aime aussi les galeries dans des bâtiments modernes. Mais de manière générale, c’est toujours difficile de trouver de grands espaces pour des rétrospectives. »Quand on pense ‘rétrospective’, on pense également réflexion sur une œuvre, sur le passé, sur l’œuvre d’une vie. Votre rétrospective embrasse toute votre création, qu’il s’agisse d’écriture, de sculpture ou de peinture. Quand vous réfléchissez à toutes ces années de création, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ?
« C’est assez curieux pour quelqu’un qui a vécu longtemps dans un espace clos comme la Tchécoslovaquie à l’époque, de se déplacer dans une métropole comme Paris, qui respire de manière totalement différente. A Prague, on organisait des expositions, certes. Mais je me souviens de l’ambiance assez spéciale, hermétique par rapport à la peinture, disons, ‘libre’. Pour quelqu’un qui a vécu à Prague, il s’agit de changer une esthétique qu’on considérait à l’époque comme quelque chose de très élaboré, de très praguois. Vous vous retrouvez dehors, tout à coup, on comprend que les gens autour font de grands efforts pour déchiffrer vos tableaux créés dans une atmosphère d’enfermement. Comme Kafka, qui a vécu à Prague et a aussi eu des difficultés pour en sortir, même si c’était un peu plus possible. La personne qui quitte cette ville doit trouver un nouveau modus vivendi et fonctionner différemment. »