Drones : une entreprise tchèque fabrique des « capes d’invisibilité » très prisées par l’armée ukrainienne
De nombreuses entreprises tchèques livrent du matériel militaire à l’Ukraine, mais pas seulement dans le domaine de l’armement proprement dit : une de ces entreprises a mis au point une cape spéciale qui permet de rendre les soldats invisibles face aux drones utilisés en abondance par l’armée russe. Une collecte est actuellement en cours pour financer leur achat.
Ce ne sont pas les plaques de dissimulation inventées par l’enchanteur Merlin dans la série Kaamelott : un peu plus efficaces, les manteaux d’invisibilité mis au point par une entreprise tchèque à destination de l’armée ukrainienne auraient de quoi faire pâlir d’envie le roi Arthur de la saga française ainsi que son druide maladroit.
C’est dans l’ouest de Prague que la société 4M Tactical produit cet équipement militaire très spécialisé et très prisé par l’armée ukrainienne. Fabriquée dans un matériau appelé InfraHex, ce vêtement ne vous rend pas invisible aux passants, mais, capable de dissimuler la chaleur dégagée par les êtres humains, il rend ainsi les soldats invisibles aux drones équipés de caméras infrarouges. Sur les images, on voit ainsi la nette différence entre un individu dépourvu de cette cape, et un autre qui, grâce à celle-ci, se fond dans les couleurs de l’écran.
Selon le fabricant, l’efficacité de ce camouflage d’un genre très particulier peut atteindre 96 %. Et la chaleur thermique humaine n’est pas la seule à pouvoir être dissimulée par cette matière : les véhicules également, et la chaleur de leurs moteurs, peuvent également bénéficier de ce système de cache-cache rapide à installer.
Encore mieux qu’une utilisation d’urgence pour disparaître au bon moment lors de l’apparition d’un drone, ces vêtements pourraient être utilisés à la faveur d’une opération d’infiltration derrière les lignes ennemies, comme le souligne Radek Duchek qui dirige cette entreprise innovante :
« Imaginez que vous habillez vingt membres d’une unité spéciale ou deux cents soldats d’infanterie et que, la nuit, ils surgissent sans se faire remarquer à vingt ou trente kilomètres derrière vos lignes. Cela peut provoquer une énorme panique. Pour moi, cela change vraiment la donne sur le terrain. L’ennemi apparaît soudain derrière vous et vous ne savez pas comment il est arrivé là. »
Ce qui ressemble grosso modo à un genre de poncho, emballé dans un petit sac dépliable en 15 secondes, fait l’objet actuellement d’une collecte lancée par une des organisations tchèques les plus actives dans l’aide à l’Ukraine, Dárek pro Putina (Un cadeau pour Poutine). Déjà connue pour l’achat d’un tank, et plus récemment d’un hélicoptère Black Hawk, l’organisation espère pouvoir lever une somme de 6 millions de couronnes pour l’achat de 333 de ces capes d’invisibilité, la moitié de cette somme étant payée par la société d’armement Colt CZ, l’autre par le public.
D’autres armées étrangères – américaine, finlandaise, danoise – ont également exprimé leur intérêt pour cette technologie en nanofibre développée par Respilon, une autre entreprise tchèque. Car une chose est sûre, si pour de nombreux experts, la guerre d’Ukraine a des caractéristiques rappelant des conflits lointains, comme la guerre de tranchées que fut celle de 1914-1918, elle est aussi celle d’un conflit de notre temps, où les drones de reconnaissance, mais aussi offensifs, sont devenus une arme essentielle.
La Russie ne s’y est pas trompée en adaptant son industrie et le vrombissement de ces engins high-tech est devenu depuis longtemps le quotidien des soldats ukrainiens. Mais aussi celui des civils : pas plus tard que la semaine dernière, alors que le président tchèque Petr Pavel effectuait une visite en Ukraine, à Odessa puis Kyiv, Moscou a d’ailleurs lancé l’attaque de drones la plus massive sur le pays depuis le début de la guerre.