Groupe de travail tchéco-allemand sur les réfugiés : « la République tchèque est solidaire »

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Ancien premier ministre social-démocrate de 2002 à 2004, puis ensuite commissaire européen aux Affaires sociales jusqu’en 2009, Vladimír Špidla a été désigné pour prendre la tête d’un groupe de travail tchéco-allemand sur la question des réfugiés, deux pays qui ont opté pour des approches migratoires très différentes. L’objectif est donc de partager des informations, d’anticiper les futurs arrivés de migrants et d’entamer des synergies entre une Allemagne qui a largement ouvert ses portes aux réfugiés et une Tchéquie très réticente à les accueillir. Au micro de Radio Prague, Vladimír Špidla a expliqué que ces différences n’étaient selon lui pas aussi importantes qu’il n’y paraît :

Vladimír Špidla,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Ce groupe est fondé sur la collaboration stratégique entre l’Allemagne et la République tchèque. Il y a plusieurs groupes, sur l’énergie, la politique, etc. et parmi ces nombreux groupes, il y a aussi un groupe qui s’intéresse aux migrations. Parce que naturellement, les migrations sont un problème majeur, également entre l’Allemagne et la République tchèque. Il faut en discuter. La ligne, c’est de discuter en profondeur toutes les questions qui se posent dans ce domaine de travail et de bien observer les tendances longues. Il s’agit en plus de préparer une possible coopération au niveau européen parce que nous sommes d’avis qu’il convient d’impliquer l’Europe. »

Concrètement, comment va fonctionner ce groupe de travail lorsque l’on sait le gouffre qui existe entre les positions tchèque et allemande sur cette question migratoire ?

« Nous avons seulement amorcé le travail. Il n’y a pas encore de réunion prévue. Nous sommes en phase de préparation et j’espère que ce travail va pouvoir commencer au début de l’année prochaine. »

Ce rapprochement entre la République tchèque et l’Allemagne est le résultat de la volonté de quelle partie plus particulièrement ?

Photo: Archives de ČRo7
« Les contacts entre la Tchéquie et l’Allemagne sont les meilleurs possibles, c’est tout-à-fait clair. Et sur la question des migrations, nous n’avons pas des différences si graves. Il y a naturellement une différence d’opinion sur la question des quotas, c’est une chose. Mais il y a beaucoup de questions, ou de questions subalternes, sur lesquelles nous sommes très proches. Bien élaborer ces questions, bien élaborer une tactique, c’est la tâche de ce groupe. »

Vous êtes un proche conseiller du premier ministre Bohuslav Sobotka. On connaît la position du gouvernement tchèque par rapport à l’accueil des migrants en République tchèque. On peut penser que vos positions sont peut-être plus proches du gouvernement allemand que du gouvernement tchèque. Est-ce pour cela que vous avez été désigné pour diriger ce groupe ?

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« Non, je ne crois pas que cela soit la raison. Mais naturellement, j’ai beaucoup de contacts au niveau des politiques les plus importants en Allemagne. Je collabore très souvent avec des politiciens allemands. Je suis actif dans des groupes de travail entre sociaux-démocrates. D’autant plus que j’ai été commissaire européenne pour les Affaires sociales et à l’époque où j’étais ministre des Affaires sociales en Tchéquie, j’ai élaboré un projet qui concernait la régulation des migrations. Je crois que le premier ministre et le ministre des Affaires étrangères m’ont désigné pour ces raisons. »

Les pays de l’Europe de l’Ouest et des organisations internationales, comme récemment le Haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme, critiquent la République tchèque et d’autres pays d’Europe centrale et orientale pour leurs positions sur la défensive par rapport à l’accueil des réfugiés. Comprenez-vous ces reproches ?

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« Je dois dire que ces reproches ne sont pas bien fondés. Ce n’est pas la question d’accepter l’accueil des réfugiés ou de ne pas fournir d’aide. La République tchèque aide beaucoup en Jordanie, au Liban, etc. Nous sommes prêts à accepter des réfugiés mais nous ne sommes pas prêts à accepter des quotas obligatoires. C’est une petite différence. Ce n’est pas que nous ne voulons pas accepter des réfugiés. Nous sommes solidaires, il n’y a pas de doute là-dessus. Nous sommes prêts à accueillir sur une base volontaire dans une première phase 3000 réfugiés. »

S’agit-il alors simplement d’un problème de communication, à savoir que la République tchèque ne serait pas capable de faire savoir qu’elle est également solidaire ?

« C’est peut-être un problème de communication. Mais je crois que le problème est aussi lié au fait que c’est une question complexe et très grave. Naturellement, il y a aussi des traditions qui ne sont pas tout-à-fait les mêmes en Allemagne et en France. Il y a beaucoup de petites raisons qui expliquent cette opinion sur la République tchèque mais je crois que cela va s’améliorer. »