Handball – Karel Nocar : « Jouer la France au Mondial est un cadeau »

Photo: Vincent Bridon

Pour la première fois depuis huit ans, la République tchèque s’apprête à disputer le championnat du monde de handball qui débute ce jeudi au Qatar. Pour leur premier match du premier tour vendredi, Filip Jícha (élu meilleur joueur du monde en 2010) et ses partenaires affronteront un des principaux favoris du tournoi : la France. Un match alléchant contre les champions olympiques et d’Europe en titre que les Tchèques, avec une équipe rajeunie, abordent sans complexes. C’est ce que nous a expliqué Karel Nocar, que nous avons rencontré lundi à Prague. Ancien joueur de Chambéry, où il a évolué pendant dix ans entre 2003 et 2013, Karel Nocar occupe aujourd’hui les fonctions de manager de l’équipe nationale tchèque.

Karel Nocar,  photo: Vincent Bridon
« Nous sommes très contents de retrouver l’élite mondiale après une absence de huit ans. Nous avons commencé notre préparation le 28 décembre avec un tournoi en Pologne et une équipe qui n’était pas encore au complet, car nous avions choisi de laisser au repos les joueurs qui évoluent dans le championnat allemand comme Filip Jícha, Pavel Horák et Petr Štochl. Nous nous sommes ensuite retrouvés le 2 janvier à Plzeň avec cette fois une équipe au complet. Puis nous avons joué nos deux derniers matchs de préparation en Allemagne vendredi et samedi derniers. Nous les avons perdus tous les deux (24-32, 22-27), mais au moins cela nous a permis de savoir où nous en sommes. »

Justement, ces deux matchs ont montré que vous étiez capables de tenir la dragée haute à une équipe comme l’Allemagne et de soutenir la comparaison avec ce qui reste une grande nation du handball mondial pendant une mi-temps, mais que vos deuxièmes mi-temps étaient plus compliquées pour maintenir le même niveau de jeu. Comment expliquer cette baisse de rendement ?

« C’est exactement ça. Dès que nous nous fatiguons physiquement ou mentalement, cela devient plus difficile au niveau du jeu. Mais c’est bien. Cela montre aux joueurs qu’ils doivent rester à 100% pendant 60 minutes. Il ne suffit pas de bien jouer pendant 30 ou 40 minutes. Non, un match, c’est 60 minutes, et si nous voulons progresser, il faut garder le même niveau de performance dans tous les aspects du jeu sur la durée. »

Vous êtes dans un groupe compliqué et très costaud avec la France, la Suède et l’Islande. Avec quelles ambitions abordez-vous donc ce Mondial qatari ?

Photo: Vincent Bridon
« Oui, c’est certain, mais il y a deux façons de voir les choses. La présence de l’Islande, qui ne devait initialement pas participer et qui est venue s’ajouter à la dernière minute, complique une éventuelle qualification (les quatre premiers de chaque groupe, compose de six équipes, seront qualifiés pour le tour suivant). Mais pour la progression de notre équipe, sur le long terme, c’est une bonne chose, car cela va nous permettre de jouer cinq matchs difficiles. Bien entendu, si nous pouvons nous qualifier pour les huitièmes de finale, nous ne nous en priverons pas. Mais ce que nous attendons d’abord des joueurs, c’est un investissement total. »

Vous allez disputer votre premier match de poule contre l’équipe de France. Ça reste forcément un mauvais souvenir : en octobre dernier, vous avez subi une lourde défaite (25-41) à Chambéry pour le premier match des qualifications pour le championnat d’Europe 2016. Qu’est-ce qui, selon vous, a changé depuis et fait que vous allez aborder ce match dans un autre d’était d’esprit, plus confiants ?

« En effet, nous sommes loin d’être favoris, mais pouvoir se mesurer à une des meilleures équipes au monde est une super opportunité pour les joueurs. Si nous pouvions faire un meilleur résultat que la dernière fois, ce serait bien. Pouvoir jouer un match comme celui-là dans un contexte de championnat du monde, c’est un cadeau. Je crois qu’il faut voir les choses comme elles sont : nous sommes réalistes, nous ne sommes pas les favoris, mais nous devons saisir cette opportunité de jouer contre une superbe équipe de France pour pouvoir progresser. »

Est-ce que le fait que ce premier match du Mondial soit contre la France représente quelque chose de particulier pour vous ? Vous avez passé dix ans à Chambéry. Des gens en France vous contactent-ils par rapport à ce match ?

« Je crois que oui. Je reçois quelques messages sur Facebook, à gauche ou à droite qui sont plutôt sympas. Je peux dire que Chambéry et la France sont mon deuxième chez-moi. Mes deux garçons sont nés à Chambéry. C’était une super étape dans ma vie, nous étions bien en France et je suis toujours ravi de pouvoir y revenir. Ça fait toujours plaisir de jouer contre l’équipe de France, car je connais les joueurs et le staff, on peut discuter un peu ou boire un coup. Pour moi, ce sont des moments très sympathiques. »

Il ne vous reste donc plus qu’à battre la France…

« Si c’est le cas, ce sera avec plaisir ! »