Haro sur la centrale de Temelin
La campagne contre la centrale nucléaire de Temelin bat son plein. L'Autriche est prête à déployer beaucoup d'efforts pour éviter la mise en service de cette centrale située en Bohême du sud à 60 kilomètres de la frontière autrichienne. Vaclav Richter.
Après les avertissements lancés par le chancelier autrichien Wolfgang Schüssel et des dirigeants de Haute-Autriche, c'est le Président autrichien Thomas Klestil qui s'est prononcé sur ce problème. "Nous avons le droit, a-t-il souligné à Wels en Haute-Autriche, de demander et même d'exiger des pays candidats à l'intégration à l'Union européenne que leurs centrales nucléaires observent les mêmes normes de sécurité que les centrales de l'Union." Dans un entretien téléphonique avec son homologue tchèque Vaclav Havel, le Président autrichien a évoqué, je cite "les craintes justifiées" des Autrichiens provoquées par la mise en service de la centrale et a rappelé les paroles du commissaire Günter Verheugen selon lesquelles les centrales des pays candidats doivent respecter les normes les plus récentes de l'Union européenne. Le Président Havel a déclaré cependant qu'il n'y avait pas de raison de lier le problème de Temelin avec l'intégration de la République tchèque à l'Union. Temelin a été également à l'ordre du jour d'une conférence internationale à Alpbach au Tyrol. A cette occasion, le vice-ministre tchèque des Affaires étrangères Pavel Telicka s'est entretenu avec Mme Benita Ferrero-Waldner, ministre autrichien des AE, et Erhard Busek, délégué gouvernemental pour l'élargissement de l'Union européenne. Selon Pavel Telicka, la centrale de Temelin ne doit pas être une source d'inquiétude car elle respecte les normes occidentales. Le problème fera l'objet d'ailleurs, ce samedi, d'une conférence des experts nucléaires tchèques et autrichiens et il sera évoqué également, la semaine prochaine, par le commissaire de l'Union européenne pour l'agriculture, Franz Fischler, lors de la réunion régulière de la Commission européenne à Bruxelles. Bien que les organes de l'Union européenne n'envisagent pas de s'ingérer dans la politique nucléaire des pays membres et des pays candidats, l'affaire n'en est pas moins sérieuse. Selon le journal Mlada fronta Dnes, il ne faut pas la sous-estimer, car la résistance contre Temelin est probablement le seul consensus auquel les partis politiques autrichiens soient capables de parvenir. L'énergétique nucléaire est tellement impopulaire en Autriche que Vienne prendra toutes les mesures possibles pour éviter la mise en service de Temelin ou au moins pour calmer la population. Et le journal de constater qu'il serait suicidaire pour n'importe quel gouvernement autrichien, et non seulement pour le cabinet Schüssel, de ne pas prendre ces mesures.