Hausse du taux de la criminalité juvénile

Les enfants volent, torturent, effectuent des vols à main armée et même des assassinats. Le législateur prépare un projet de loi qui devrait mettre un frein à cette tendance, en République tchèque. Des détails par Alain Slivinsky.

Les enfants deviennent de plus en plus agressifs. Récemment, un adolescent de 14 ans a assassiné son père, des écoliers ont lancé une pierre de deux kilos sur un train, des petits garçons appliquaient des cuillères chauffées à blanc sur le ventre de leurs copains d'écoles... Ce ne sont que quelques exemples des dernières semaines. Il faut dire que les enfants n'ont pas peur de la justice, car la loi tchèque fixe la responsabilité pénale à quinze ans. Rares sont les cas de poursuite en justice de mineurs. Le gouvernement a pleinement conscience du problème et prépare le projet d'une nouvelle loi sur la justice pour les adolescents. La limite d'âge de responsabilité pénale ne sera pas abaissée, mais la loi conduira à la création de nouvelles institutions : les tribunaux pour les jeunes. Cela veut dire qu'une enquête ne pourra plus être close, parce que le délinquant a moins de quinze ans. Les enfants passeront devant une cour spéciale, devant des juges spécialisés dans la délinquance et la criminalité juvénile, qui pourront prononcer des verdicts, d'après un barème approprié. Ce projet de loi est basé sur les recommandations du Conseil européen. Après son adoption et l'entrée en vigueur de la loi sur la jeunesse, les enfants ou les adolescents de moins de quinze ans ne pourront plus échapper à la justice. Une partie des spécialistes en la matière serait plutôt pour la baisse de l'âge de responsabilité pénale. Il s'agit surtout des policiers, des moniteurs des centres de détention, des juges ou des instituteurs, qui sont confrontés, quotidiennement, à la délinquance juvénile. Une autre partie de spécialistes, psychiatres, psychologues, sociologues ou philosophes pense qu'il faut surtout rechercher les raisons de la montée de la criminalité juvénile. Karel Rydl, de la faculté pédagogique de l'Université Charles, pense que l'agressivité des enfants ne fait que copier l'agressivité de l'ensemble de la société. Selon lui, le climat social est de plus en plus mauvais, certaines barrières tombent, les enfants ne pensent pas à l'avenir, ils ne comprennent plus l'échelle des valeurs humaines. D'après le philosophe américain, Théodore Roszak, les enfants sont submergés d'informations mécaniques, il leur manque une vue sentimentale du monde actuel. Ils vivent souvent dans un monde virtuel, qui efface leur capacité à juger des conséquences de leurs actes. Les spécialistes tchèques disent oui à un code pénal spécial pour les enfants et la jeunesse, mais appellent surtout à la prévention et l'éducation.