Il y a 30 ans, Tchernobyl en Tchécoslovaquie

L'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl, photo: Les autorités soviétiques

Les médias tchèques dans leur ensemble ont rappelé l’explosion survenue dans la centrale nucléaire de Tchernobyl il y a trente ans de cela et les échos peu après la catastrophe dans l’ancienne Tchécoslovaquie. Nous vous en présenterons un extrait. Comment trouver un bon candidat présidentiel ? La question, qui préoccupe déjà les Tchèques deux ans avant la tenue de la prochaine élection présidentielle, a été traitée cette semaine dans différents journaux. Enfin, les interrogations autour de la proposition parlementaire d’abaisser l’âge de la responsabilité pénale des mineurs et une nouvelle vision pour Prague sont les deux autres sujets qui figurent au menu de cette revue de presse hebdomadaire.

L'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl,  photo: Les autorités soviétiques
L’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl, le 26 avril 1986, a transformé le monde. Tout en n’ayant pas touché tragiquement la société tchèque, l’explosion l’a cependant marquée. C’est ce que rappelle un texte publié dans le supplément du journal Lidové noviny, Česká pozice. L’auteur décrit l’événement et son retentissement comme suit :

« L’explosion du quatrième réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl il y a trente ans de cela est devenue un symbole d’apocalypse et de la censure par l’Etat ; c’est là un fantôme auquel des théories de conspiration sont et demeurent liées aujourd’hui encore ; un événement qui a fait perdre aux populations la confiance qu’elles pouvaient avoir dans l’énergie nucléaire ; un trou noir destiné à aspirer de l’argent ; une catastrophe écologique qui a modifié l’environnement ukrainien ; et aussi un coup fatal infligé à l’Union soviétique. »

Le journal rappelle que les autorités communistes tchécoslovaques ont d’abord tenu l’accident secret. Les médias de l’époque, tant la presse écrite que la radio et la télévision, n’ont informé de la catastrophe que quelques jours plus tard tout en ne lui accordant qu’une faible attention. C’est ainsi que se sont propagés au sein de la population de multiples bruits et rumeurs relatifs aux conséquences sanitaires de la catastrophe. Sur ce point, l’auteur de l’article écrit :

« Selon les experts interrogés, l’impact de Tchernobyl sur la santé des habitants du pays n’a pas été tragique, car les données de radiation qui ont été très exactement mesurées à l’époque n’ont rien révélé de particulièrement inquiétant. Or, même si Tchernobyl a contaminé l’atmosphère, les sols ou encore le lait des vaches, les traces laissées n’auraient pas eu de graves conséquences pour les habitants de l’ancienne Tchécoslovaquie. Une étude effectuée sur la base d’un calcul hypothétique du degré de radiation qu’aurait subi une personne qui séjournait alors dans les endroits les plus sinistrés du pays a confirmé qu’une telle situation n’aurait pas augmenté les risques de cancer ».

Les experts cités dans l’article sont d’accord sur le fait que Tchernobyl, qui a agi comme un élément déclencheur de l’éclatement de l’Union Soviétique, a eu un impact essentiellement psychologique sur les Tchèques. Illustration de l’incompétence et de l’arrogance des autorités au pouvoir, la catastrophe a aussi rappelé que les progrès tels que l’énergie nucléaire sont aussi facteurs de risques.

Trouver un candidat présidentiel – un défi relevé par des initiatives civiques

Photo: Kristýna Maková
La prochaine élection présidentielle en République tchèque se tiendra dans moins de deux ans. Les débats et rumeurs relatifs au choix des futurs candidats vont cependant déjà bon train. La dernière édition de l’hebdomadaire Respekt a ainsi consacré plusieurs pages aux différentes initiatives qui sont déployées dans le pays pour trouver un candidat digne de ce nom en mesure de défier l’actuel président Miloš Zeman, si celui-ci, dont la cote de popularité dans le pays toujours très élevée, envisage une nouvelle candidature. L’article publié dans le magazine précise :

« On voit se former dans le pays des groupes qui cherchent un candidat capables de battre Miloš Zeman, tandis que la question de savoir comment gagner en 2018 la bataille pour le Château de Prague préoccupe également différentes personnalités politiques. Dans ce contexte, il convient de relever une récente déclaration de l’eurodéputé Pavel Telička du mouvement ANO dans le quotidien Hospodářské noviny, qui estime que l’ensemble des partis politiques ont le devoir de trouver un candidat susceptible de battre Miloš Zeman. »

Cercles de confiance et Valeurs européennes : c’est ainsi qu’ont été baptisées les initiatives dont les membres s’emploient à voyager dans les régions pour débattre avec les jeunes des questions relatives à la liberté et la démocratie, mais aussi avec les sympathisants du président Zeman. Estimant que ce dernier n’est pas imbattable, le sociologue Daniel Prokop a déclaré pour l’hebdomadaire Respekt :

« Celui qui voudra battre Miloš Zeman devra remplir plusieurs conditions. Il doit savoir toucher les électeurs des partis établis, ODS, KDU-CSL, TOP 09, ainsi que ceux des partis non parlementaires. Parallèlement, il devra diviser le moins possible les deux plus principales forces politiques actuelles du pays que sont le Parti social-démocrate (CSSD) et le mouvement ANO. Sans l’appui de ces deux partis, il sera vraiment difficile de battre Miloš Zeman. »

Sur le site aktualne.cz, Martin Fendrych défend, lui, l’idée selon laquelle il ne faut pas nécessairement chercher un candidat « anti-Zeman », quelqu’un qui représente son antipode. Selon lui, ce qui a un sens, c’est de chercher « quelqu’un qui occupera le fauteuil présidentiel avec l’ambition de contribuer au bien des Tchèques et de la Tchéquie. L’important est de ne pas poursuivre la négation précédente qui serait tout simplement tournée à l’inverse. »

Faut-il abaisser l’âge de la responsabilité pénale des mineurs ?

Photo: Archives de Radio Prague
En réaction à un assassinat commis récemment par un mineur, un groupe parlementaire a soumis une proposition à la Chambre des députés visant à abaisser de quinze à treize ans l’âge de la responsabilité pénale des mineurs auteurs de crimes graves. Cette proposition a provoqué un débat houleux sur la scène politique et dans les milieux spécialisés. Le quotidien Mladá fronta Dnes a donné la parole à l’un de ceux qui dénoncent vigoureusement cette initiative, Jan Šikl, un psychologue qui possède une longue expérience pour avoir travaillé avec des jeunes en difficulté. Jan Šikl a expliqué en ces termes les motivations de son approche:

« A mon sens, cette initiative est précipitée et cherche en premier lieu à plaire à la rue. Cette réaction d’apparence rapide et déterminée est plutôt une démonstration de faiblesse. Il ne s’agit pas d’une solution systématique qui aurait été précédée d’un vaste débat. Je suis vraiment étonné par l’absence de discussions sérieuses sur un sujet aussi grave. Cela illustre la situation dans laquelle se trouve notre politique... Je ne pense pas non plus, contrairement à ce que prétendent les initiateurs de cette proposition, que l’effet d’une telle pénalisation puisse être préventif, car les enfants et les adolescents agissent souvent de manière impulsive. »

Le psychologue souligne par ailleurs qu’il conviendrait plutôt de réévaluer de fond en comble la condition des adolescents dans la société occidentale qui est la nôtre, ainsi que les possibilités et l’attention que celle-ci leur accorde. L’éditorial de l’une des dernières éditions du quotidien Lidové noviny remarque lui aussi de son côté que l’idée d’abaisser l’âge de la responsabilité pénale des mineurs est une démarche populiste. Et ce d’autant plus qu’elle ignore les avis des psychologues, psychiatres et autres experts.

Tout ce dont Prague a besoin pour rayonner

Photo: Kristýna Maková
Prague a besoin d’une vision. C’est du moins ce que constate l’analyse qui a été effectuée durant un an par une équipe de chercheurs allemands. Cette vision doit permettre à la capitale tchèque de devenir une ville meilleure, plus moderne et plus « intelligente ». Les résultats de l’étude sont appelés à servir de source d’inspiration pour la municipalité de Prague. Rappelant que Prague figure parmi les plus belles destinations touristiques en Europe dans les différents palmarès internationaux, le quotidien Mladá fronta Dnes a retenu certains points proposés par l’étude en question :

« Comme on le sait Prague possède un des meilleurs systèmes de transports en commun à l’échelle européenne, ce qui constitue un de ses principaux atouts. La réduction de la circulation automobile dans le centre-ville reste cependant une des choses à améliorer dans le domaine des transports. Prague doit aussi avoir une vision de son avenir, elle doit savoir comment elle entend se présenter d’ici une cinquantaine d’années. Sans une telle vision, elle risque de ne plus pouvoir concurrencer les autres grandes villes mondiales et de perdre progressivement de sa popularité. »

Mettre davantage à profit les technologies intelligentes ou encore améliorer la gestion stratégique : telles sont quelques-unes des autres propositions issues de cette analyse unique en son genre qui ont été soumises aux responsables de Prague, ces derniers se déclarant prêts à applique.