Herman Van Rompuy à Prague : « L’adhésion tchèque à la zone euro n’est pas un problème actuel »

Herman Van Rompuy, photo: CTK

Le débat sur l’adhésion de la République tchèque à la zone euro s’est poursuivi jeudi, à l’occasion de la visite à Prague du président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. Si le président de la République, Miloš Zeman, a répété la veille, lors de sa visite en Autriche, que la République tchèque pourrait adopter l’euro d’ici à cinq ans, le Premier ministre, Petr Nečas, s’est, lui, montré plus prudent.

Petr Nečas et Herman Van Rompuy,  photo: CTK
Si les Tchèques sont tenus de rejoindre la zone euro, comme le prévoit le Traité d’adhésion de 2004, les opinions du président Zeman et du Premier ministre Nečas divergent visiblement sur le sujet, ce dernier s’interdisant d’évoquer toute date :

« Le Traité d’adhésion prévoit effectivement que la République tchèque rejoigne la zone euro. Toutefois, il n’est précisé ni quand, ni comment. Ne pas établir de date fixe pour cette adhésion est la volonté de mon gouvernement, car les gouvernements précédents en ont établi une à plusieurs reprises sans jamais la respecter. Dans la situation économique actuelle, le taux de change flexible de la couronne tchèque représente un avantage pour notre petite économie ouverte à l’exportation, et non pas un inconvénient. L’adhésion à la zone euro doit être un avantage pour l’économie tchèque. Quand ce sera le cas, il deviendra réaliste de penser à l’intégrer. »

Les propos du chef du gouvernement n’ont nullement surpris le président du Conseil européen. Herman Van Rompuy a rappelé que la République tchèque n’était de toute façon pas encore en mesure d’adhérer à la zone euro :

Herman Van Rompuy,  photo: CTK
« Le Premier ministre a ajouté dans sa déclaration qu’adhérer à la zone euro représentait une obligation, cela n’a rien de nouveau. Mais pour cela la République tchèque se doit d’abord de répondre à tous les critères. Or, aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Il s’agit donc d’un problème inexistant. Mais même si vous répondiez aux critères, la République tchèque devrait bien évidemment prendre sa propre décision selon son ordre constitutionnel. Je ne vais donc pas intervenir dans ce débat interne ; c’est à la République tchèque de se décider, mais la première condition, je le répète, est de respecter les critères. Dans le cas contraire, cela ne constitue pas un vrai problème aujourd’hui. »

Pour Herman Van Rompuy, l’instabilité financière de l’Union européenne continue de représenter un problème actuel majeur, même si la phase aigue de la crise économique est passée. Pour lui, la République tchèque a tout intérêt à rester compétitive, car la coopération avec les pays de l’Europe de l’Est doit être renforcée au sein de l’Europe. Le président du Conseil européen a été rejoint sur ce point par Petr Nečas, qui a rappelé que les pays européens constituaient les principaux marchés des exportations tchèques :

Herman Van Rompuy et Miloš Zeman,  photo: CTK
« La situation au sein de la zone euro nous intéresse vivement. Il y a également des raisons économiques pour une coopération très étroite, afin de résoudre la problématique de la zone euro. Nous sommes une petite économie ouverte qui dépend beaucoup de ses exportations ; 65% de celles-ci sont destinées aux pays de la zone euro. Cela signifie que, même si nous ne sommes pas membres de la zone euro, il est dans notre intérêt de coopérer étroitement pour résoudre les problèmes de la zone euro ».

Même si la République tchèque n’adhérera donc certainement pas à la zone euro dans les années à venir, le Premier ministre a admis que la situation et les conditions au sein de celle-ci avaient considérablement changé depuis l’entrée en vigueur du Traité d’adhésion. Par conséquent, il sera nécessaire de recourir à un référendum en vue d’une éventuelle adhésion future à la zone euro. Une position qui, au moins sur ce point, rejoint celle du président Zeman.