Héros de la libération de Dunkerque, Juraj Strauss est décédé
Il comptait parmi ces héros dont on a coutume de dire qu’ils sont un peu les oubliés de l’Histoire. Ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale, Juraj Strauss était un des derniers soldats tchécoslovaques encore en vie ayant participé aux combats qui ont abouti à la libération de Dunkerque et de son port. Virologue également de renom par la suite, Juraj Strauss est décédé samedi dernier. Il était âgé de 100 ans.
Dernière ville de France libérée, un jour après la célébration de la victoire sur l’Allemagne nazie et la fin de la guerre, c’est pourtant non seulement aux combattants canadiens, britanniques, français mais aussi donc tchécoslovaques que les habitants de Dunkerque ont dû leur liberté retrouvée. Pour Radio Prague il y a quelques années de cela, Danièle Chaumeil, qui était alors chargée de mission pour les événements culturels et historiques à la mairie de Dunkerque, avait expliqué pourquoi la Cité de Jean Bart porte au cœur, avec une reconnaissance sincère, tous ces hommes tchécoslovaques :
« La ville a été libérée par les armées alliées, et notamment effectivement par la Brigade blindée indépendante tchécoslovaque du général Alois Liška. Mais ce qui a marqué Dunkerque, c’est que ces Tchèques, dont beaucoup sont morts et ont été enterrés pendant plusieurs années sur le pourtour de Dunkerque, par l’intermédiaire du Général Liška, ont reçu en mains propres de l’Amiral allemand Frisius l’acte de reddition de la ‘Forteresse’ (selon le terme allemand) de Dunkerque. Cela s’est produit le 9 mai 1945 à Wormhout, ce qui fait de Dunkerque la dernière ville de France libérée. Les Tchèques lui ont ainsi redonné espoir et liberté. »
Comme par exemple Stanislav Hnělička, récipiendaire de la Légion d'honneur et de l'Ordre du Lion blanc, la plus haute distinction tchèque, décédé à l’automne dernier, Juraj Strauss, Slovaque de naissance dont le ministère de la Défense a annoncé la mort mercredi, a lui aussi participé aux opérations de la brigade tchécoslovaque à Dunkerque en tant qu’aide-soignant au sein du bataillon mécanisé. Mais durant les plus de soixante-dix ans qui ont suivi la fin de la guerre, Juraj Strauss a également mené une vie digne d’intérêt.Virologue en chef à l’Institut de la santé publique, il a notamment collaboré, au milieu des années 1970, à un programme de l’Organisation mondiale de la santé en faveur de la vaccination des enfants kenyans contre la rougeole. Et en 1983, Juraj Strauss s’est vu décerner le prix national pour l’éradication de ce qui est aussi appelé la première maladie en Tchécoslovaquie. Décédé un siècle après sa naissance, Juraj Strauss sera enterré mardi prochain au monastère de Břevnov sur les hauteurs de Prague.