HHC : réglementer ou interdire en Tchéquie ?
Le gouvernement tchèque se penche, ce mercredi, sur l’interdiction de produits à base d’hexahydrocannabinol (HHC), une molécule dérivée du cannabis, disponible en vente libre. La substance, vendue sous forme de bonbons, est à l’origine de plusieurs cas d’intoxication d’enfants et de jeunes survenus ces derniers jours en Tchéquie.
« Non interdits par la loi tchèque, les aliments contenant le cannabinoïde HHC sont en vente libre, par exemple dans les distributeurs automatiques de rue, chez les marchands de journaux, dans les épiceries ou sur Internet. Nous vous conseillons vivement d’aborder ce sujet avec vos enfants » : de nombreux parents ont récemment reçu un tel message de la part des écoles fréquentées par leurs enfants.
Inquiets, les proviseurs, enseignants et psychologues scolaires se sont mobilisés pour prévenir le risque d’intoxication chez les élèves par ce produit qui gagne en popularité notamment sur les réseaux sociaux. Souvent contenu dans des friandises, le HHC a des effets psychoactifs décrits par Markéta Singerová, porte-parole de l’hôpital de Karlovy Vary où une dizaine d’enfants et d'adolescents empoisonnés ont été pris en charge ces dernières semaines :
« Les enfants qui étaient hospitalisés chez nous étaient très somnolents. Certains ont perdu connaissance. Cet état a duré entre 24 et 48 heures. »
Au printemps 2023 déjà, le gouvernement a envisagé de mettre le HHC, ainsi que le kratom, un autre produit qui suscite la controverse, sur la liste des substances psychoactives interdites en Tchéquie. Ce mercredi, la proposition est de nouveau discutée en conseil des ministres.
« La seule solution est d’interdire la substance chimique en tant que telle en République tchèque » estime le ministre de la Santé Vlastimil Válek, tandis que les experts sont d’un autre avis : le coordinateur national anti-drogue Jindřich Vobořil estime que l’approche prohibitionniste n’est pas réaliste :
« Lorsque nous interdisons une substance, les producteurs auront tout de suite développé trois autres substances similaires », explique-t-il, en ajoutant : « L’interdiction est avantageuse pour les fabricants. Elle leur permet de lancer un nouveau produit, de créer la demande et de monopoliser à nouveau le marché. »
Les experts anti-drogue ont établi des règles de vente strictes : selon une proposition d’amendement actuellement examinée par le Parlement tchèque, le HHC et les autres produits psychoactifs synthétiques seront réservés aux personnes de plus de 18 ans, ne pourront être vendus que dans des magasins sous la surveillance d’un vendeur et non pas dans des distributeurs automatiques souvent installés à proximité des établissements scolaires. De plus, ces produits ne pourront faire l’objet d’aucune publicité.
Avant que l’amendement ne soit adopté, les spécialistes proposent de réglementer le marché par un décret qui permettrait de retirer immédiatement de la vente des substances psychotropes qui se présentent sous forme de produits alimentaires.
Selon le ministre de la Santé, au cours des douze derniers mois, une centaine de Tchèques ont été hospitalisés suite à la consommation de HHC. D’après une enquête réalisée en 2022 par l’ONG Než zazvoní, 20 % des élèves du secondaire avaient déjà expérimenté le kratom et 3,3% des jeunes Tchèques de mois de 20 ans en consomment au moins une fois par semaine.