Histoire de la langue (4e partie)

Jan Amos Komensky

Salut à tous, les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám vsem, milovnikum cestiny Radia Praha. Comme promis, avec ce quarante-cinquième numéro du "Tchèque du bout de la langue", nous allons poursuivre notre découverte de l'histoire de la langue tchèque, ainsi que notre étude de l'évolution de celle-ci au fil des siècles. Une évolution mouvementée, marquée de hauts et de bas, à l'image de l'histoire des Pays tchèques...

Tout au long du XVIIe siècle, ce sont cependant les écrivains éxilés qui se montrent les plus fidèles à la langue tchèque des humanistes. Le plus célèbre d'entre eux fut Jan Amos Komensky, plus connu sous son nom latinisé de Comenius, auteur de nombreux travaux linguistiques et personnage auquel l'on doit les bases de la pédagogie actuelle. Ses publications pédagogiques connurent du succès dans toute l'Europe jusqu'à la fin du XIXe siècle. Celui que l'on surnomme également « le maître des nations » ou encore « le précurseur, le père de l'éducation moderne », né en Moravie, en 1592, dans une famille appartenant à l'Unité des frères moraves, correspondait alors avec les savants de toute l'Europe et proposait des projets de réforme scolaire afin de transformer l'humanité. Les buts poursuivis par Comenius philosophe humaniste sont des plus nobles : relever sa patrie, assurer le bien-être de la famille et de l'Etat, et surtout faire de l'homme un être et un esprit toujours meilleurs. Pour cela, il entend que l'école, destinée à tous, soit une fabrique d'hommes où, affirme-t-il, « la lumière de la sagesse éclairera l'esprit des élèves, lui fera promptement saisir les choses manifestes et cachées, et où leurs âmes et et leurs émotions seront amenés à une harmonie universelle ». « Toute notre vie est une école où il y aura toujours quelque chose à apprendre, même si l'on vit mille ans », disait-il encore, par exemple. Malheureusement, si Descartes évoque Comenius, s'il est invité par le Parlement britannique pour fonder un collège des sciences universelles, et même demandé par l'Amérique pour diriger le collège de Harvard, Comenius et la plupart des intellectuels tchèques et moraves exilés, perdent peu à peu contact avec leur patrie d'origine et leur production n'a donc qu'un faible impact à Prague. Arrive alors le XVIIIe siècle... Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha. Comme promis, avec ce quarante-cinquième numéro du "Tchèque du bout de la langue", nous allons poursuivre notre découverte de l'histoire de la langue tchèque, ainsi que notre étude de l'évolution de celle-ci au fil des siècles. Une évolution mouvementée, marquée de hauts et de bas, à l'image de l'histoire des Pays tchèques...



Lors de notre dernière émission, nous nous étions tout d'abord plongés dans la période de la Renaisance, celle des humanistes, caractérisée, pour la langue tchèque, par un essor de son aspect littéraire. La traduction de la "Bible kralická» - « Bible de Kralice », vers la fin du XVIe siècle, par l'Unité des frères protestants de Bohême et de Moravie, et avec elle l'uniformisation de l'orthographe en constituent les faits principaux. La langue tchèque, que l'on aurait presque envie de qualifier de resplendissante, se diffuse sur les territoires voisins, essentiellement en Pologne, mais aussi en Haute-Hongrie, aujourd'hui Slovaquie. Malheureusement, très vite, cette évolution est influencée par les événements politiques. Nous sommes alors au XVIIe siècle...



La bataille de la Montagne blanche
Dès 1620, la défaite lors de la bataille de la Montagne blanche, au début de la Guerre de Trente ans, signifie la fin de la volonté des protestants de Bohême de s'affranchir du joug des Habsbourg. Cet échec entraîne un processus systématique de recatholisation de la région, c'est la contre-réforme, et avec elle la fuite des intellectuels et de la population instruite, représentée par la noblesse non-catholique et la bourgeoisie. Surtout, suite à la promulgation de la Constitution renouvelée de la Couronne, en 1627, l'allemand, langue de l'Empire des Habsbourg, et le tchèque ont désormais le même poids. Avec le temps, cette réalité s'avèrera, en fait, quelque peu différente, mais n'allons pas plus vite que la musique...



Après la bataille de la Montagne blanche, l'Eglise catholique porte, en effet, une grande attention à l'étude et au développement de la langue, instrument important pour la propagation de la foi auprès du peuple. La priorité est donc donnée à une création littéraire destinée aux couches les plus larges de la population. Du coup, à dessin, la langue littéraire se rapproche du langage populaire pratiqué dans la rue. D'un autre côté, la tradition humaniste anime encore certains auteurs, et ce même si l'esprit de cette influence prend désormais des contours catholiques et non plus protestants. En contrepartie à la protestante « Bible kralická» - « Bible de Kralice », que nous avons déjà évoquée, est ainsi rédigée, entre 1677 et 1715, la catholique « Bible svatováclavská" - "Bible de Saint Venceslas".







Arrive alors le XVIIIe siècle et avec lui la position de la langue tchèque se détériore. Un autre chapitre passionnant de cette histoire que nous aborderons dans notre prochain rendez-vous du « Tchèque du bout de la langue ». D'ici-là, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !, portez le soleil et les principes de Comenius en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !