Humanitas Afrika veut aider « là où le besoin se fait le plus sentir »
Suite et fin de l’entretien sur l’association Humanitas Afrika. Créée en 2000 à Prague, cette dernière a pour objectif de rapprocher les Tchèques et les Africains à travers des événements organisés notamment au Centre d’information sur l'Afrique à Prague, ainsi qu’à travers des projets d’aide humanitaire dans certains pays africains. On retrouve cette semaine le Congolais Elie Lusaku qui présente au micro de Radio Prague ces missions que Humanitas Afrika organise en Afrique. Mais avant cela, Elie Lusaku est brièvement revenu sur un projet de Café-restaurant africain à Prague :
L’une des principales missions de l’association Humanitas Afrika consiste à fournir une aide humanitaire dans certains pays africains. Quels sont vos principaux projets et dans quels pays ?
« Actuellement, nous organisons surtout le parrainage de l’éducation des enfants au Ghana, au Kenya et au Bénin. Nous avons également organisé d’autres projets sur les femmes au Burkina Faso. Et nous sommes aussi en train de considérer un projet qui permettrait de faciliter des soins de santé à des personnes dans des communautés rurales au Bénin, mais ce dernier est encore en cours d’étude. »
Selon quels critères avez-vous décidé de coopérer avec ces pays concrets ?
« Le Ghana, c’est le pays d’origine du fondateur de Humanitas Afrika, je pense donc que ce choix était assez naturel. Comme on dit, ‘Charité bien ordonnée commence par soi-même’. Le Bénin, c’est aussi le pays d’origine d’un des membres de l’association. Et pour le Kenya, bien que nous ayons aussi un membre qui vient de ce pays-là, ce projet a commencé plutôt à la faveur d’une collaboration avec une autre organisation qui nous a trouvé et qui nous a proposé de collaborer avec elle. »Envisagez-vous par exemple de lancer une coopération avec votre pays d’origine, la République démocratique de Congo ?
« Bien sûr, nous pensons qu’à l’avenir, si l’occasion se présente, nous pourrons envisager des projets en République démocratique de Congo. Mais nos moyens sont tout simplement limités et notre but n’est pas seulement d’aider les pays d’origine des membres de Humanitas Afrika. Si les moyens le permettaient, nous ferions des projets là où le besoin se fait le plus sentir. Le Burkina Faso, par exemple, où nous avons eu le projet sur l’émancipation des femmes, c’est un pays qui ne compte aucun ressortissant parmi les membres de notre organisation. »
De quoi s’agissait-il dans ce programme d’aide aux femmes ?
« La problématique touchait les jeunes filles-mères, comme on les appelle en Afrique. C’est-à-dire des femmes qui tombent enceintes sans être mariées et qui ne sont pas prises en charge par l’homme responsable de la grossesse et qui doivent donc élever leurs enfants toutes seules. Nous avions alors pensé à un projet qui pourrait les amener à l’autonomie en améliorant leur formation professionnelle. Donc, c’était essentiellement un projet où on leur a offert une formation professionnelle en bureautique ou en administration, et il y avait aussi des ateliers de métier pour leur permettre de pouvoir bien s’intégrer dans le monde du travail ou bien de pouvoir réaliser une activité en autoentrepreneur. »Revenons à la possibilité d’adoption à distance des élèves des écoles primaires et secondaires. Combien d’enfants sont actuellement intégrés dans ce projet et à combien d’enfants avez-vous déjà permis de faire leurs études ?
« Je suis très mal placé pour faire le bilan mais j’estime que le nombre d’enfants qui ont déjà bénéficié du programme d’adoption doit se chiffrer en plusieurs centaines. Il pourrait déjà approcher même les milliers sur le cours des années. Le nombre d’enfants pris en charge actuellement devrait aussi se situer dans une ou deux centaines. »
Comment choisissez-vous ces enfants ?
« Dans chaque pays, nous avons un coordonnateur qui est chargé d’identifier ces enfants. Je ne suis pas vraiment au parfum de cette procédure puisque mon rôle dans Humanitas Afrika est plus centré sur le centre d’information que sur le programme d’adoption. Néanmoins, le coordonnateur travaille aussi avec les responsables et les directions des écoles qui parfois lui signalent des enfants qui fréquentent déjà l’école mais qui ont des problèmes à poursuivre leurs études pour des raisons financières. Et en général, il s’agit des écoles se trouvant en milieu rural où les communautés sont plus petites, il est donc plus facile de connaître les cas d’enfants qui auraient besoin d’un tel soutien. »Y a-t-il un intérêt de la part des Tchèques pour aider ces enfants ?
« Oui, l’intérêt est grand et nous continuons à avoir des parrains chaque année. Il y a eu une certaine baisse lors de la crise financière mais l’intérêt demeure. Nous n’avons eu aucune année où il n’y ait pas eu du tout d’engagement de parrains tchèques pour aider à l’éducation des enfants. »
Ces enfants sont souvent en contact avec leurs familles d’adoption tchèques. A la fin de l’année passée, une étudiante est d’ailleurs venue en République tchèque… Comment s’est passé son séjour ?
« D’abord généralement, ces enfants sont en contact avec les familles par courrier, deux ou trois fois par an. C’est le moyen le plus courant. Quant à la visite de cette jeune femme en République tchèque, elle est une des premières à avoir bénéficié de ce programme d’adoption. Elle a déjà fini ses études secondaires et maintenant elle est à l’université et apprend un métier. Son séjour s’est très bien déroulé. Elle est arrivée avec notre coordonnateur du programme au Ghana. Nous avons organisé un certain nombre de rencontres avec le public et elle a aussi rencontré sa famille d’adoption. Cette rencontre a été très chaleureuse, c’était vraiment une réussite. »Est-ce que et comment a changé la perception de l’Afrique dans la société tchèque pendant ces années d'existence de Humanitas Afrika ? Voyez-vous une évolution ?
« Notre perception est qu’il y a des changements. Bien sûr, nous ne sommes qu’une petite organisation et notre influence ne peut être que limitée. Mais les changements, nous les percevons par les réactions que nous recevons du public, qu’il s’agisse des e-mails ou des réactions sur notre page Facebook. Quant à ce dernier, le nombre de personnes qui ‘aiment’ notre page ne cesse de grandir depuis que nous l’avons créée. Et les avis qu’ils donnent montrent aussi que les actions que nous organisons ont une influence sur eux. La question demeure de savoir comment étendre cette influence pour qu’un plus grand nombre de Tchèques puissent avoir de l’Afrique une image beaucoup plus réaliste. Ce sont les défis qui nous attendent encore pour l’avenir. »Pour en savoir plus sur : Humanitas Afrika