Il y a 300 ans naissait la presse écrite en pays tchèques
Le 4 février 1719 a été lancé le premier périodique tchèque par l’imprimeur et l’éditeur pragois Karel František Rosenmüller. Pour la création de ce premier journal qui paraissait deux fois par semaine, ce patriote et globe-trotteur était allé s’inspirer en France, en Espagne et en Italie.
Jan Kramář du Musée de la Poste tchèque précise :
« Les bureaux de poste n’existaient pas encore. Mais il y avait des stations ou des points précis où les gens se rassemblaient et où ils attendaient l’arrivée d’une diligence. Celle-ci transportait des personnes, mais également le courrier et les journaux. Les périodiques étaient distribués uniquement par la poste. »
Mais l’édition du journal et la composition de son contenu étaient assurés par des imprimeurs privés qui exerçaient en même temps le rôle de rédacteurs. S’ils devaient, certes, se plier à la censure autrichienne, ils reprenaient notamment des informations de la presse étrangère. Ainsi, Le Journal postal de Prague, qui fut pendant plus de cinquante ans, l’unique périodique de langue tchèque à paraître en Bohême, contenait précisément des nouvelles du monde et de l’Europe, ainsi que des actualités sur la cour impériale de Vienne et des faits divers. Jan Kramář :« Au Musée de la poste, nous avons un exemplaire de la version allemande du Journal postal de Prague datant de 1740 et un exemplaire en tchèque de 1790. Ce journal a paru jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, à une exception près : son édition a été interrompue pendant une dizaine d’années où les Tchèques n’ont eu accès qu’à la presse allemande. »
A la fin du XVIIIe siècle, une nouvelle génération de défenseurs de la langue et de la culture tchèques prend le relais. Parmi eux notamment Václav Matěj Kramerius, qui est aujourd’hui considéré comme l’un des pionniers du journalisme en pays tchèques. En 1789, Kramerius fonde son propre journal tchèque et ensuite une maison d’édition. Son objectif, ainsi que celui de ses collègues, est de promouvoir et diffuser la langue tchèque à travers toutes les classes sociales, comme l’a récemment expliqué, sur Radio Prague, Tomáš Dufka qui travaille aux archives de la Radio tchèque :« La raison pour laquelle ils ont commencé (V. M. Kramerius et ses collaborateurs, ndlr) à s’intéresser à la cause tchèque et surtout à la langue tchèque, c’est parce qu’ils voulaient influencer et éduquer la population rurale, qui, souvent, n’était pas lettrée et qui vivait dans des conditions médiocres à l’époque. Il faut dire que Kramerius était un fervent supporteur des réformes de Joseph II et il voulait donc dans un premier temps éduquer cette population pauvre. Et, dans le même temps, il voulait que la langue tchèque renaisse. »
Par ailleurs, la première définition du métier de journaliste apparaît ici dans le dictionnaire tchéco-allemand publié dans les années 1830 par une autre grande figure du renouveau national tchèque, Josef Jungmann.