Presse : les leçons des élections régionales en Allemagne pour le gouvernement tchèque

Björn Höcke du parti AfD

Cette nouvelle revue de presse se penche d’abord sur les avertissements et les enseignements à tirer des résultats des élections régionales en Allemagne.  L’Etat devrait-il subventionner la presse écrite ? Une question soulevée en lien avec la fin du plus ancien journal tchèque Lidové noviny dont la version imprimée a cessé d’exister. Autre sujet traité : Prague comme centre de politique internationale, aujourd’hui et dans le passé. Un mot enfin sur les personnes les plus  affectées par la chaleur en Tchéquie. 

« La victoire du parti d’extrême-droite AfD en Thuringe aux élections régionales est un avertissement pour le gouvernement tchèque », indique un texte publié sur le site aktualne.cz. Son auteur explique pourquoi :

« Au Parlement européen, le mouvement ANO d’Andrej Babiš, principal parti d’opposition, a rejoint le groupe Patriotes pour l’Europe, au sein duquel on trouve de nombreux extrémistes de droite qui défendent les mêmes tendances que l’AfD en Allemagne, un parti qui s’en prend à l’Occident et aux Etats-Unis et qui refuse de soutenir militairement l’Ukraine. Et, bien sûr, la question clé pour lui est la migration. On pourrait donc s’attendre à ce que les cinq partis de la coalition gouvernementale s’intéressent à ce glissement du mouvement ANO au point d’en faire un sujet majeur. Mais au lieu de montrer ce que l’extrême-droite représente, la coalition semble préférer régler ses comptes en interne. Les Pirates sont à nouveau une cible privilégiée, comme avant les dernières élections législatives. »

Il est pourtant extrêmement important, comme le souligne l’éditorialiste du site, de maintenir la coalition à cinq si la Tchéquie ne veut pas se retrouver dans la situation actuelle de la Thuringe et de la Saxe.

« L’isolement des extrémistes devient de plus en plus difficile en Europe en raison de l’incompétence des démocrates », constate pour sa part l’éditorialiste du quotidien Hospodářské noviny :

« Le fait que le parti AfD se soit imposé en Thuringe et soit arrivé deuxième dans le Land de Saxe suscite des inquiétudes non seulement en Allemagne, mais aussi chez ses voisins. En Tchéquie ou en Pologne aussi, les hommes politiques aiment jouer avec les extrémismes. Mais lorsque les Allemands plébiscitent un homme politique qui a été condamné à deux reprises pour avoir utilisé une rhétorique nazie, l’inquiétude prend une dimension quelque peu différente encore. Certes, les démocrates allemands assurent que l’isolement politique des extrémistes se poursuivra. La question est toutefois de savoir si cela fonctionnera. »

Tout comme en Tchéquie, les démocrates en Allemagne seront confrontés lors des prochaines législatives au fait qu’il est beaucoup plus facile de mobiliser leurs électeurs CONTRE quelque chose que de leur présenter un programme POUR quelque chose. « Or, préparons-nous au pire quant aux élections tchèques de l’année prochaine. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons, peut-être, être agréablement surpris », avertit l’éditorialiste.

Et si la presse écrite était subventionnée par l’Etat ?

La fin de Lidové noviny, le plus ancien quotidien tchèque, sous sa forme imprimée, n’a de cesse de susciter de nombreux commentaires et réactions dans le pays. Pour beaucoup, comme le constate une note publiée sur le site info.cz, Lidové noviny représentait plus qu’un ‘journal ordinaire’. « Les enfants apprennent son histoire à l’école, et certains de ses anciens rédacteurs sont devenus des figures marquantes de la culture tchèque », affirme son auteur avant de poser une question qui se veut provocatrice :

Photo: Jan Kubelka,  Radio Prague Int.

« L’Etat ne devrait-il pas prendre en charge la publication d’un quotidien tchèque à la tradition si riche, ou au moins le subventionner d’une manière ou d’une autre? Il s’agit en effet d’un journal si étroitement lié à l’histoire et à la culture tchèques modernes qu’il vaut peut-être la peine de le conserver sous une forme ou une autre même pour le nombre très mince de lecteurs fidèles. L’Etat accorde des subventions aux théâtres y compris aux théâtres régionaux, même si les salles sont parfois à moitié vides. Pourquoi donc ne pas subventionner également une sélection de journaux qui sont porteurs d’une culture de l’information en voie de disparition et qui sont le passe-temps favori de ceux qui ont du mal à imaginer le samedi sans le supplément du journal ? »

D’après l’éditorialiste du site info.cz, la Tchéquie pourrait s’inspirer de l’Autriche où l’Etat subventionne depuis longtemps la presse écrite. « Si Lidové noviny avait été publié chez nos voisins, il aurait survécu. Ce qui peut nous apparaître comme du ‘communisme’, les Autrichiens l’appellent ‘soutien à la démocratie’ », écrit-il.

Prague, un centre de politique internationale

Il y a quelques jours, Prague a accueilli la 19e conférence Globsec sur la sécurité. « Les éditions précédentes se sont tenues à Bratislava, mais en raison de la situation politique en Slovaquie, l’événement a été déplacé dans la capitale tchèque », lit-on à ce sujet sur Novinky.cz :

Photo: Michal Kamaryt,  ČTK

« Ouverte par le président Petr Pavel, la conférence a réuni une représentation internationale respectable. Ses participants ont discuté de la situation internationale actuelle de telle sorte qu’il était assez clair à quel camp appartenait la plupart d’entre eux dans le conflit mondial en cours. L’organisation de cet événement à Prague a été rendue possible grâce au fait que la Tchéquie possède  actuellement un gouvernement et un président qui ne prônent pas une troisième voie, mais qui prennent des positions définissant clairement de quel côté ils sont. »

L’occasion pour le chroniqueur du site de se souvenir du fait que Prague a servi de centre de politique internationale également à l’époque où « les autorités communistes tchécoslovaques avaient fait du pays le plus fidèle serviteur de l’Union soviétique ». Ainsi, par exemple, elle a été le siège de  l’Union internationale des étudiants, de l’Organisation internationale des journalistes, de l’Organisation internationale de radiodiffusion, d’une partie du secrétariat de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique, et de la Fédération syndicale mondiale.

« Récemment, Prague a donc à nouveau fonctionné comme un centre de politique internationale, mais de l’autre côté idéologique. Cela dit, le passé continue à vivre, comme on peut le voir en Slovaquie, tandis que dans notre pays, les communistes relèvent la tête », indique le chroniqueur.

Les femmes, plus affectées par la canicule

« La canicule est de plus en plus meurtrière en Tchéquie. Il n’est donc guère étonnant que les personnes âgées constituent le groupe le plus vulnérable. » Voilà le titre éloquent d’un article publié sur le site aktualne.cz qui se réfère à des données recueillies par des scientifiques de l’Académie des sciences et de l’Université d’agriculture tchèque qui ont comparé l’augmentation de la mortalité liée à la chaleur au cours des deux dernières décennies :

Photo illustrative: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.

« L’Europe centrale a connu une évolution marquante au cours des trente dernières années. Après la chute du communisme, malgré une légère augmentation progressive des températures, la mortalité liée à la canicule a d’abord diminué, notamment grâce à l’amélioration des soins sanitaires et à l’élévation du niveau de vie. Le nombre de personnes atteignant un âge avancé a également augmenté de manière significative en Tchéquie. Voilà pourquoi ce ne sont pas les personnes de plus de 65 ans comme auparavant mais celles de plus de 75 ans qui supportent désormais mal la chaleur. »

Les études révèlent également que le risque de décès lié à la canicule a beaucoup plus augmenté chez les femmes que chez les hommes. « Le plus surprenant, c’est que les fortes chaleurs sont particulièrement dangereuses pour les femmes âgées divorcées qui souffrent de maladies respiratoires et qui habitent Prague », précise  encore le site à la base de données recueillies.