Il y a 80 ans naissait Věra Čáslavská
Au cours de sa vie, l’athlète olympique tchécoslovaque la plus sensationnelle a eu à se battre non seulement contre ses adversaires, mais aussi contre le régime communiste, son mari et le cancer. Elle a finalement succombé à ce dernier en 2016.
Aucun autre sportif tchécoslovaque n’a rapporté des jeux olympiques et compétitions sportives autant de médailles que Věra Čáslavská. L’incroyable collection de cette gymnaste de légende comprend sept médailles d’or et quatre médailles d’argent olympiques. Par ailleurs, elle a été championne du monde à quatre reprises et championne d’Europe par onze fois.
Cependant, les exploits de Věra Čáslavská s’inscrivent dans bien d’autres domaines que le sport. En 1968, elle est entrée dans la vie politique en signant le célèbre manifeste Les Deux Mille Mots, rédigé par l’écrivain Ludvík Vaculík pour critiquer l’occupation de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques. Sa manifestation de désaccord silencieuse avec l’occupation, à l’occasion des Jeux olympiques 1968 à Mexico, a fait d’elle une légende : lorsque l’hymne soviétique a retenti, elle a tourné la tête de façon à ne pas voir hisser le drapeau soviétique.
A cette époque, la popularité de Věra Čáslavská était à son apogée. Elle avait été adoubée non seulement meilleure sportive mondiale de l’année 1968, mais aussi deuxième femme la plus populaire de la planète – juste derrière Jacqueline, la femme du président américain John Fitzgerald Kennedy.
Pendant ces jeux, elle a épousé l’athlète spécialiste des courses de demi-fond Josef Odložil, qui lui aussi faisait partie de la sélection tchécoslovaque. Quelque 100 000 personnes ont participé à la noce. Les deux athlètes ont eu une fille, Radka (1969), et un fils, Martin (1974).
Persécution et gloire renouvelée
Après l’occupation soviétique de 1968, Věra Čáslavská a été persécutée pour ses positions politiques. Le poste d’entraîneuse lui étant par la suite interdit, c’est en tant que femme de ménage qu’elle a gagné sa vie jusqu’en 1979, où les responsables communistes l’ont autorisé à entraîner des gymnastes au Mexique... en échange de la fourniture (négociée par l’URSS) de charbon à Cuba.
Après 1989, Věra Čáslavská a été une responsable importante des comités olympiques tchèque/tchécoslovaque et du Comité International Olympique. En janvier 1990, elle est devenue la conseillère pour les questions sociales et le sport du président de la République tchécoslovaque Václav Havel, avant de devenir, en 1991, son assistante.
Née le 3 mai 1942 à Prague, Věra Čáslavská y est décédée des suites d’un cancer du pancréas le 30 août 2016, à 74 ans.
Récapitulatif des médailles remportées par Věra Čáslavská
Jeux olympiques
- or, Tokyo, 1964, concours général
- or, Tokyo, 1964, saut de cheval
- or, Tokyo, 1964, poutre
- or, Mexico City, 1968, concours général
- or, Mexico City, 1968, barres asymétriques
- or, Mexico City, 1968, sol
- or, Mexico City, 1968, saut de cheval
- argent, Rome, 1960, par équipes
- argent, Tokyo, 1964, par équipes
- argent, Mexico City, 1968, poutre
- argent, Mexico City, 1968, par équipes
Championnats du monde
- or, Prague, 1962, saut de cheval
- or, Dortmund, 1966, concours général
- or, Dortmund, 1966, saut de cheval
- argent, Prague, 1962, concours général
- argent, Dortmund, 1966, poutre
- argent, Dortmund, 1966, sol
- bronze, Prague, 1962, sol