Invectives tchéco-autrichiennes
Le ton continue de monter entre la Tchéquie et l'Autriche, sur fond de pétition contre la centrale nucléaire tchèque de Temelin. Un sujet présenté par Alain Slivinsky.
On assiste, actuellement, à une véritable guéguerre verbale entre certaines personnalités tchèques et autrichiennes. Tout a commencer avec la publication d'une pétition appelant les Autrichiens à revendiquer un référendum sur la centrale nucléaire de Temelin, en Bohême du sud. Cette dernière est devenue une sorte de tissu rouge qu'on agite devant le taureau autrichien. L'opération « Veto à Temelin » a été lancée par le gouverneur de la Carinthie, Jörg Haider, ancien leader du Parti libéral, le FPÖ, formant la coalition gouvernementale autrichienne actuelle, avec le Parti populaire autrichien, le ÖVP. La réaction tchèque n'a pas tardé à se manifester. Le Premier ministre, Milos Zeman, connu pour son franc parler, trop cru souvent, a déclaré, sur les ondes de la Radio tchèque que l'Autriche devrait se débarrasser, rapidement, de Haider et de son parti post-fasciste. Selon les observateurs, il est allé un peu trop loin. Pas aussi loin, pourtant, que le président des chrétiens-démocrates tchèques, Cyril Svoboda, qui est allé jusqu'à dire que les paroles de Haider étaient empreintes de l'esprit de Hitler. L'Autriche est des plus sensibles aux allusions concernant Hitler ou le fascisme. La réaction officielle aux déclarations du Premier ministre tchèque a été diplomatique. Madame Ferrero-Waldner, ministre des Affaires étrangères autrichiennes, les a qualifiées d'ingérence dans les affaires intérieures de son pays. L'ambassadeur tchèque, Jiri Grusa, a été convoqué pour consultation, par la diplomatie viennoise. L'ambassadeur autrichien à Prague, Klas Daublebsky, a demandé une audience au chef du gouvernement tchèque. Il s'est même rendu en Bohême du nord, où était réuni le cabinet, mercredi. Il n'a pu y rencontrer que le ministre des Affaires étrangères, Jan Kavan. Le Premier ministre, Milos Zeman, lui a fait dire qu'il pourrait le recevoir, la semaine prochaine... Entre-temps, la guéguerre verbale continue. Milos Zeman a encore déclaré que Jörg Haider était un « Tchernobyl politique autrichien ». Peu de temps après, Haider, utilisait les grands mots, à la télévision, en déclarant au journal de la chaîne nationale ORF, que Zeman était un communiste, et qu'une éventuelle excuse de sa part serait une offense à son honneur. Un peu de bon sens, dans les déclarations du chef de la social-démocratie autrichienne, Alfred Gusenbauer, critiquant, certes, les paroles de Milos Zeman, mais indiquant, aussi, que celles-ci étaient de l'eau au moulin des Autrichiens qui sont contre l'entrée de la Tchéquie à l'Union européenne. Un avis partagé, aussi, par le politologue tchèque, Rudolf Kucera. En effet, le Parti libéral autrichien demande désormais la remise en cause des Décrets Benes, avant l'adhésion de la Tchéquie à l'Union européenne. Une affaire que l'on croyait défunte et enterrée, depuis un certain temps.