Une interview de Jörg Haider pour le quotidien Lidove noviny

Jörg Haider

Après ce qu'il présente comme un succès de la pétition autrichienne contre la centrale nucléaire tchèque de Temelin, avec plus de 900 000 signatures reccueillies, le gouverneur de Carinthie, Jörg Haider, a donné une interview exclusive au quotidien tchèque, Lidove noviny. Détails et réactions tchèques par Alain Slivinsky.

Jörg Haider
Le leitmotiv de l'interview de Jörg Haider est : les Tchèques oui, Zeman non. L'ancien leader du Parti libéral autrichien, formation de la coalition gouvernementale avec le Parti populaire autrichien, affirme qu'il ne mènera plus la polémique avec le Premier ministre tchèque, Milos Zeman. Selon lui, ce serait inutile, car Zeman ne jouera plus de rôle politique, dans un certain temps (il pense aux législatives tchèques de cette année, après lesquelles, Milos Zeman compte se retirer de la scène). En ce qui concerne la détérioration des relations tchéco-autrichiennes, Haider ne pense pas qu'il en soit responsable. Ce n'est pas lui qui a dit du mal de quiconque, de Milos Zeman non plus. C'est le chef du gouvernement tchèque qui a attaqué, verbalement, le parti libéral et l'Autriche, en général. Monsieur Haider n'aurait fait que répondre à ses invectives. En ce qui concerne le résultat de la pétition contre Temelin, Jörg Haider déclare, dans le quotidien Lidove noviny, que c'est un succès qui engagera, certainement, les politiciens autrichiens à mener de nouvelles négociations, sur la centrale de Temelin, avec la partie tchèque. A la question : Est-ce que vous soutenez toujours le veto autrichien contre l'entrée de la République tchèque à l'Union européenne, si les Tchèques n'arrêtent pas Temelin, le gouverneur de la Carinthie répond : « Nous désirons discuter avec le nouveau gouvernement tchèque, après les législatives, de deux questions fondamentales. Primo, la question de Temelin et la possibilité d'abandonner l'énergétique nucléaire. Secundo, les Décrets Benes. Sans la solution de ces questions litigieuses, l'Autriche et la Tchéquie ne peuvent trouver une unité dans le processus d'adhésion de la République tchèque à l'Union européenne ». Jörg Haider se déclare ouvert aux compromis, mais affirme aussi, que le meilleur, pour les Tchèques serait d'abandonner l'énergétique nucléaire. Jörg Haider ne cache pas que le refus du veto contre la Tchéquie, par le Parti populaire autrichien, pourrait conduire à des élections anticipées. Ce que les formations politiques de l'opposition accueilleraient avec satisfaction.

Pourquoi les Autrichiens ne protestent-ils pas d'une manière aussi véhémente contre les centrales nucléaires allemandes ou suisses ? Selon Haider, ces centrales sont plus anciennes, elles sont en fin de vie, alors que Temelin est une centrale toute neuve. A la fin de son interview, Haider se contredit, car il affirme qu'un politicien du 21ème siècle devrait s'orienter vers l'avenir, alors que lui-même veut revenir au passé, avec la question des Décrets Benes, une affaire classée pour les gouvernements des pays concernés : Autriche, Allemagne et Tchéquie. Les réactions à la pétition autrichienne, du côté tchèque ? Jan Kavan, ministre des Affaires étrangères, assure qui si la pétition visait le renforcement de la sécurité de Temelin, la porte tchèque était ouverte. Si elle était une tentative d'arrêter Temelin, elle n'avait aucun sens, car elle ne pourrait influencer les pas de la partie tchèque. Les représentants officiels autrichiens, avec lesquels la Tchéquie a négocié, soutiennent l'adhésion de cette dernière à l'Union européenne. Pavel Telicka, le négociateur tchèque aux Affaires européennes, est persuadé que Bruxelles ne rouvrira pas le chapitre énergétique, déjà clos, en raison de la pétition et de la tension, dans les relations tchéco-autrichiennes. Cela ne serait possible que si la Tchéquie violait les accords tchéco-autrichiens, conclus à Melk, l'année dernière. Jiri Grusa, ambassadeur tchèque à Vienne assure que Prague et Vienne surmonteront, bientôt, la vague d'émotions qui a assombri les rapports entre les deux pays.