Ivan Hasek : « Nous ne sommes pas un grand pays, mais nous formons toujours de bons joueurs » (3e partie)
Suite et fin de l'entretien avec Ivan Hasek, bien connu en France pour y avoir passé une partie de sa carrière de joueur et d'entraîneur au RC Strasbourg, puis la saison dernière dans l'un des clubs les plus populaires de Ligue 1, l'AS Saint-Étienne. Le club du Forez n'ayant pas souhaité poursuivre sa collaboration avec le technicien tchèque, Ivan Hasek est donc revenu à Prague, où nous l'avons récemment rencontré. Dans la troisième et dernière partie de cet entretien, nous avons d'abord évoqué avec lui les nombreux joueurs français à évoluer désormais dans le championnat tchèque. Cette saison, ils sont en effet pas moins de sept à figurer dans les effectifs de différents clubs tchèques de première division. Nous avons donc demandé à Ivan Hasek ce que ces joueurs français pouvaient apporter aux équipes tchèques :
-Peut-on considérer le championnat tchèque comme une issue de secours pour ces joueurs ?
« Je pense que c'est intéressant pour eux, mais il ne faut pas qu'ils pensent qu'ils viennent ici pour gagner de l'argent. Mais ils ont une possibilité de jouer en première division, devant du monde, peut-être même la coupe d'Europe, et beaucoup de managers de toute l'Europe viennent voir les matches. Pour les joueurs français, ça peut donc être intéressant pour quelques années, car mieux vaut pour eux jouer en République tchèque plutôt qu'en CFA (Championnat de France Amateur) ou même en National (équivalent de la troisième division). »
-On sait que pour les clubs tchèques, c'est très compliqué au niveau financier de faire venir un joueur d'Europe de l'Ouest. Est-il donc possible de faire venir ces joueurs étrangers, en l'occurrence français, à une plus grande échelle ?
« Je pense que ce sera possible à l'avenir, mais c'est toujours une question d'argent. Les budgets des clubs tchèques sont limités. Mais je pense que la vie en Tchéquie est intéressante. Ce n'est peut-être pas la même qu'en France, mais il y a une ambiance ici, par exemple à Prague, que j'aime beaucoup et que vous connaissez aussi. Alexandre Mendy (qui joue désormais à Most, en Bohême du Nord, comme son jeune frère Vincent, ndlr) est ici aussi depuis déjà quelques années et je crois que Ludovic Sylvestre se plaît aussi au Sparta et à Prague. Je pense donc que c'est une possibilité intéressante pour les joueurs français qui ne trouvent pas de club professionnel chez eux de venir faire un essai dans un club tchèque. Je pense qu'ils ont les qualités pour jouer ici. »
-Autre sujet que nous allons aborder : l'équipe nationale tchèque. Elle est certes actuellement deuxième du groupe D et en bonne voie pour se qualifier pour le prochain championnat d'Europe, mais depuis la Coupe du monde décevante en Allemagne et les retraites de Pavel Nedved et de Karel Poborsky, on sent bien que les performances sont à la baisse. Quelle analyse faites-vous donc de la situation actuelle ?
« Comme vous l'avez dit, nous sommes en bonne voie, deuxièmes de notre groupe et je pense que nous allons nous qualifier pour l'Euro. C'est le plus important pour le football tchèque. Nous restons au contact des meilleures équipes du monde, même si c'est vrai, l'équipe nationale n'est plus aussi performante et forte qu'elle a pu l'être il y a trois ou quatre ans de ça. Il y a quand même eu les départs de Nedved, Poborsky et Smicer (ce dernier reste cependant à la disposition du sélectionneur, ndlr) et nous n'avons pas de joueurs jouant dans de grands clubs européens pour les remplacer. Ca peut prendre quelques années. Maintenant, nous avons disputé récemment la finale de la Coupe du monde des moins de 20 ans et il y a dans ce groupe quelques joueurs prometteurs. C'est très important pour l'avenir du football tchèque. Nous sommes quand même dans un pays qui n'est pas très grand, nous ne sommes pas très nombreux, mais nous sommes toujours capables de produire de bons joueurs de football. C'est vrai que nous avons rétrogradé au classement de la FIFA, puisque nous ne sommes plus qu'en dixième position alors que nous avons été deuxièmes et troisièmes il y a de ça trois, quatre ans, mais ça reste honorable. Pour l'avenir, je pense que nous pouvons rester parmi les quinze meilleurs pays au monde. »
-Vous n'êtes donc pas inquiet pour l'avenir du foot tchèque et ne redoutez pas une baisse et même une chute des résultats comme peuvent en connaître par exemple depuis quelques années la Belgique ou l'Autriche, des pays de taille similaire à celle de la République tchèque ?
« Je suis toujours optimiste dans la vie, donc je ne sais pas... Mais je pense qu'il ne faut pas être négatif. Quand je vois les jeunes joueurs que nous sommes toujours capables de former, on peut être optimiste, nous sommes toujours capables de faire des grands matches. Si nous gagnons à l'automne nos matches à domicile contre l'Irlande et la Slovaquie, je pense que nous serons qualifiés pour l'Euro, et c'est déjà pas mal. Après, il faut trouver de nouveaux joueurs aux postes où nous sommes actuellement un peu faibles. Il faut lancer des jeunes et ne pas avoir peur de les titulariser. Ca peut être les joueurs du Mondial des moins de 20 ans, mais aussi les Espoirs qui ont participé, eux aussi, en juin à la phase finale du championnat d'Europe. Ils n'ont pas fait de grands résultats, c'est vrai, mais ils y étaient quand même. C'est donc à eux qu'il faut faire confiance pour qu'ils remplacent en équipe nationale les grands joueurs qui ont pris leur retraite en équipe nationale. »