Jan Dismas Zelenka, le « Bach tchèque » à l’œuvre foisonnante et à la vie constellée d’inconnues
Le 23 décembre 1745 s’éteignait à Dresde, en Saxe, le compositeur Jan Dismas Zelenka, né 66 ans plus tôt dans le royaume de Bohême. S’il laisse derrière lui une œuvre conséquente et reconnue, avec plus de 200 messes, concertos, opéras et autres compositions, les différentes étapes de sa vie restent relativement floues.
Quelques jours avant Noël, la Scène musicale à Boulogne-Billancourt a accueilli l’orchestre tchèque de musique ancienne Collegium 1704 et son grand chef Vaclav Luks : au programme de cette soirée musicale baroque, Johann Sebastian Bach, mais aussi des compositions de Jan Dismas Zelenka, souvent considéré comme « l’homologue catholique de Bach ».
Si le Collegium 1704 est un habitué des œuvres de Zelenka dont il contribue largement à la promotion, il n’en a pas été toujours ainsi : très vite après sa mort, Zelenka tombe dans l’oubli et il faudra attendre le réveil national tchèque au XIXe siècle, l’historien František Palacký, mais aussi le compositeur Bedřich Smetana, pour que son œuvre soit redécouverte. C’est ensuite et surtout dans la deuxième moitié du XXe siècle qui voit un engouement sans précédent pour la musique baroque – et la musique ancienne en général – que Zelenka revient vraiment sur le devant de la scène.
Jan Dismas Zelenka a écrit un certain nombre d’œuvres remarquables, comme la musique du grand opéra allégorique sur la vie de Saint Venceslas, Sub olea pacis et palma virtutis, des pièces orchestrales et de célèbres sonates en trio.
De son vivant, Zelenka était admiré de ses contemporains comme Telemann, ou Bach avec lequel il a échangé. Et pourtant, les informations sur sa vie solitaire, sans femme ni enfants, en grande partie passée comme contrebassiste et compositeur à l’Orchestre de la cour de Dresde, restent parcellaires, l’homme restant dissimulé derrière son œuvre.
Et pourtant Jan Dismas Zelenka ne cesse d’étonner les musiciens et les chercheurs modernes par la rigueur de son style, mais aussi la richesse et la profondeur de son inspiration.
D’abord élève des Jésuites au Clementinum à Prague, ce catholique fervent, aîné d’une famille de huit enfants dont le père était organiste, a d’abord été au service du Comte Hartig avant de compléter sa formation à la cour protestante de Dresde, puis à Vienne, auprès de Johann Joseph Fux, et enfin à Venise, où il reçut les leçons d’Antonio Lotti.
Compositeur singulier, celui qui a été reconnu en son temps comme un maître du contrepoint effectue, selon les musicologues, une sorte de synthèse entre style italien et allemand.