Jan Evangelista Purkyne

Jan Evangelista Purkyne

Jan Evangelista Purkyne, physiologiste, anatomiste, philosophe, organisateur de la vie scientifique et culturelle tchèque et le plus grand naturaliste tchèque du XIXe siècle est mort le 27 juillet 1869. Cette année nous avons commémoré donc le 133e anniversaire de sa mort. Voici un portrait de cet homme courageux dont le plus grand mérite ne réside pas seulement dans ses recherches scientifiques...

Jan Evangelista Purkyne est né le 17 décembre 1787 dans la famille du châtelain à Libochovice, en Bohême du nord. Après avoir terminé ses études secondaires, Jan s'inscrit à la faculté de médecine à Prague pour devenir médecin généraliste. Son traité sur la vision de 1818 retient l'attention de J.W. Goethe, sur la recommandation duquel Purkyne devient, en 1823, professeur de physiologie à Breslau. Il y fonde le premier institut de physiologie travaillant à la base de méthodes expérimentales, qui servira de modèle aux autres instituts. En 1850, il est nommé professeur à l'Université de Prague. Purkyne est l'un des fondateurs de la physiologie et psychologie expérimentales. Il a déployé de grands efforts visant la création de l'Académie des Sciences et dans son ouvrage 'Academia' il retrace la conception d'une telle institution. Il est co-fondateur de la Société des médecins tchèques. A partir de 1853, il publie la revue Ziva consacrée aux sciences naturelles. Il s'efforce de jeter des bases solides aux activités scientifiques en langue tchèque. Et c'est justement l'introduction de la langue tchèque dans le monde scientifique qui figure parmi ses plus grands mérites. Dans ce domaine, la vie de Purkyne n'était pas du tout facile. A l'époque, les pays tchèques faisaient partie, en effet, de la monarchie austro-hongroise où toute manifestation des efforts visant l'émancipation nationale et politique des peuples non-allemands vivant dans la monarchie était vue d'un mauvais oeil, sinon opprimée. La terreur policière exercée par l'absolutisme de Bach a porté Purkyne sur la liste des personnes encombrantes et suspectes, aux côtés de l'historien Frantisek Palacky ou de la femme de lettres Bozena Nemcova. Malgré tout, Purkyne ne cherchait pas à éviter un affrontement avec le pouvoir de l'époque et a su faire face aux brimades policières.

Purkyne ne faisait jamais partie de ces savants qui, au moment où leur nation souffre, s'enferment dans leurs laboratoires. On lui doit la tchéquisation de la médecine, la création de la terminologie scientifique tchèque et la mise de la langue tchèque sur le pied d'égalité avec l'allemand à la faculté de médecine de l'Université Charles de Prague. Son patriotisme marqué lui a valu beaucoup d'amertume. En dépit de son grand renom scientifique, Purkyne n'a été jamais élu recteur de l'Université et ses protecteurs n'ont jamais réussi à faire oublier au corps de professeurs, pour la plupart allemands, l'aversion qu'ils avaient pour lui.

Parmi les plus grandes découvertes de Jan Evangelista Purkyne, il y a une nouvelle théorie céllulaire dont les éléments de base sont présentés par Purkyne pour la première fois lors de la conférence sur les sciences naturelles tenue à Prague, en 1837. Il était le premier à comprendre la juste nature de la cellule animale avec son noyau cellulaire. Depuis, plusieurs autres découvertes portent son nom: cellules Purkyne, fibres Purkyne, etc. Les recherches dans les sciences naturelles orientent Purkyne vers l'étude de problèmes philosophiques. Il refuse des idées religieuses traditionnelles mais n'accepte non plus le matérialisme mécanique qui ne sait pas expliquer la spécificité de la matière vivante. Dans ses 'Extraits du carnet d'un naturaliste défunt', il conçoit la nature en tant que l'unique être illimité et infini et l'homme en tant que produit de ses forces créatrices.

Purkyne n'est pas seulement un savant mais il se consacre aussi à la littérature. Il écrit des poèmes et traduit les oeuvres poétiques de F.Schiller, J.W.Goethe et T.Tasso. Il écrit des essais sur la littérature slave. A Leszno, en Pologne, il découvre des manuscrits de J.A. Comenius pour en faire l'acquisition pour le Musée national de Prague.

En 1827, Purkyne épouse Julie, fille du professeur d'anatomie Asmund Rudolphi de Berlin et l'amène à Breslau. Elle avait de la compréhension pour son travail scientifique et s'occupait des animaux d'essais. Elle ne parlait pas tchèque mais l'amour qu'elle éprouvait pour son mari l'a poussé à apprendre cette langue difficile. Le couple a eu quatre enfants dont deux sont morts très jeunes. Lorsque Julie est morte à l'âge de trente cinq ans, Purkyne reste seul avec ses deux fils: Emmanuel et Charles. Il décide de les élever tout seul. Charles étudie plus tard la peinture à Prague, à Munich et à Paris. Ses huiles ne manquent pas d'humour et de tranchant satirique, il dessine des caricatures pour différents magazines, mais le public refuse de les accepter. Le 4 avril 1868, Charles Purkyne meurt comme peintre incompris.

Le petit fils de Jan Evangelista Purkyne, Cyril, né à Prague en 1862, lui aussi s'est inscrit dans l'histoire des Sciences naturelles tchèques. En 1908, il a été nommé professeur de minéralogie et de géologie à Prague pour devenir, après la naissance de la Tchécoslovaquie, en 1918, directeur de l'Institut national de géologie. Il a entrepris plusieurs voyages au Danemark et en Afrique du Sud où il a croisé l'explorateur tchèque de renom mondial, dr. Emil Holub. Beaucoup de fossiles portent le nom de Cyril Purkyne.

Auteur: Astrid Hofmanová
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