Jan Holoubek, un passionné de Napoléon fait chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur
Passionné par les guerres napoléoniennes, Jan Holoubek, décédé des suites d’une longue maladie au mois d’octobre dernier, a consacré sa vie à l’entretien du mémorial de Slavkov-Austerlitz près de Brno au sud de la Moravie. Un dévouement qui lui a valu d’être décoré à titre posthume de la Légion d’honneur, ordre honorifique institué en 1802 par Napoléon. Mercredi dernier, l’ambassadeur de France en poste à Prague a donc remis l’insigne à Věra Holoubková, la veuve de M. Holoubek, et à des membres de sa famille.
Le 2 décembre 1805, Napoléon, couronné empereur des Français depuis exactement un an, remportait à Austerlitz sa plus éclatante victoire face à l’Autriche et la Russie. Le site de cette bataille, dite « des trois empereurs », est connu en tchèque sous le nom de Slavkov u Brna et est situé en Moravie, un territoire qui a été à plusieurs reprises le théâtre des guerres napoléoniennes.
Plus de deux siècles plus tard, cette histoire riche et tragique suscite encore un très grand intérêt, et notamment chez de nombreux Moraves. Jan Holoubek, né en 1949, était l’un d’entre eux. Sa passion l’a conduit à s’occuper de nombreux monuments de la mémoire napoléonienne, à les entretenir, chose d’autant plus aisée plus lui qu’il était maçon, et à organiser des visites guidées. Un travail qu’il a notamment effectué au mémorial du Tertre de la paix (Mohyla míru), le premier monument pour la paix en Europe, bâti sur les fameuses hauteurs de la localité de Prace, que les amateurs de bataille connaissent mieux sous le nom de plateau de Pratzen. Jan Holoubek fut aussi le cofondateur en 1990 de la Société napoléonienne tchécoslovaque, une association qui rassemble historiens et amateurs des péripéties du célèbre Corse.
Autant de raisons qui ont motivé la décision de l’ambassade de France à Prague de distinguer M. Holoubek, ainsi que l’a expliqué l’ambassadeur Jean-Pierre Asvazadourian :
« Le destin de cette personne nous a intéressés parce que c’est quelqu’un qui a commencé très modestement, quelqu’un de la région qui s’est intéressé aux objets qu’il trouvait dans les champs, a commencé à les collectionner, à s’y intéresser, a voulu apprendre le français et l’a fait à Brno, à une époque qui était très difficile puisque les contacts avec l’extérieur était quasiment impossibles. Mais par sa passion, par son enthousiasme, il a réussi à voyager. Il s’est rendu non seulement en France, mais dans tous les lieux de la mémoire napoléonienne en Europe. Et il a comme cela construit, par son expérience personnelle, une somme de connaissances extraordinaire. C’est quelqu’un qui a aussi beaucoup fait pour restaurer des monuments à la mémoire des soldats qui sont tombés pendant la bataille d’Austerlitz. C’est toute cette histoire racontée dans ce destin qui est, je trouve, très touchante. »
Et ce mercredi 18 mai, il y avait effectivement de l’émotion au palais Bucquoy, bâtiment qui abrite l’ambassade de France à Prague, pour la remise de l’insigne de la Légion d’honneur à la famille de M. Holoubek. Il a appris la nouvelle de sa décoration à l’été 2015, quelques mois avant son décès. Sa femme Věra Holoubková, qui l’a accompagné lors de ses nombreux voyages effectués en France, où il avait de nombreux amis napoléonophiles, tels que Pierre Orsat, a réagi pour Radio Prague :« C’est vraiment un honneur. Il est regrettable que mon mari n’ait pas pu vivre cela. Il était très heureux quand il a appris la nouvelle et j’aurais préféré être à Prague en tant qu’accompagnatrice. Mais c’est vraiment un honneur pour moi. Mon mari a tout de suite traduit la lettre qu’il a reçue, il l’a exposée dans la cuisine, c’était pour lui une grande joie ! Il a montré une version traduite à ses amis et l’a envoyée à tout le monde. Il était très honoré. »
L’œuvre mémorielle de Jan Holoubek est toujours bien vivante, en témoigne le très grand intérêt chaque année pour les reconstitutions des batailles napoléoniennes et en particulier pour celle d’Austerlitz. Elle s’inscrit aussi dans une volonté de promouvoir la paix entre les peuples européens, laquelle paix ne fut pas vraiment à son avantage en ce début de XIXe siècle.