Jan Hus, l'heure de la réconciliation au Vatican
A l’approche du 600e anniversaire de la mort sur le bûcher du réformateur tchèque Jan Hus, le pape François recevait lundi au Vatican une délégation de représentants des Eglises catholique, hussite et évangélique tchèques, mais également de laïcs, après une « messe de réconciliation ». La démarche du souverain pontife, qui perpétue l’action engagée par Jean-Paul II, devrait contribuer à permettre une lecture moins passionnée de la vie et de l’œuvre du martyr tchèque.
« Le pape François a clairement indiqué qu’il s’inscrivait dans les pas de Jean-Paul II dans la façon dont celui-ci a pris position sur le sort réservé à Jan Hus. Jean-Paul II s’était excusé de manière appuyée. De ce point de vue, je considère que le geste de François s’inscrit dans cette continuité car il a vraiment souligné la valeur de notre réformateur et affirmé qu’il était bel et bien un des réformateurs de l’Eglise, ce qui ces dernières années a pu parfois être mis en doute. »
La « messe de réconciliation » et l’audience de près d’une heure qui s’en est suivie entre le pape et le cardinal et archevêque de Prague Miloslav Vlk, l’évêque de Plzeň František Radkovský et des représentants de l'Eglise tchécoslovaque hussite et de l’Église évangélique des frères tchèques, toutes deux héritières de la tradition hussite, marquaient une volonté de favoriser le dialogue entre les chrétiens. La présence de membres de la société civile, avec par exemple la vice-présidente du Sénat Miluše Horská ou l’historien Jaroslav Šebek, a également symbolisé une concorde entre les sphères laïque et spirituelle pour un pays, la République tchèque, souvent considéré comme l’un des plus athées au monde, et où les relations entre les Eglises et le pouvoir ont souvent été conflictuelles.Des rapports houleux auxquels a contribué la condamnation au bûcher de Jan Hus. Après sa mort, la guerre fait rage entre 1420 et 1434 en Bohême entre ses partisans d’un côté et ceux de l’Eglise catholique et du Saint-empire romain de l’autre. Le pape François a d’ailleurs rappelé les ravages causés en terres tchèques par la guerre de Trente ans, liée en partie à des antagonismes religieux et dont la seconde défenestration de Prague est l’un des éléments déclencheurs. L’histoire pourrait être la grande gagnante de cet apaisement. Dans le bilan qu’il tire de son voyage à Rome, Jaroslav Šebek en profite ainsi pour prêcher pour sa paroisse :
« Aujourd’hui, il s’agit d’un appel pour que cette figure de Jan Hus, qui n’est plus un objet de querelles entre les Eglises chrétiennes, soit bien plus intensivement étudiée dans le cadre de recherches historiques. »Car « la vérité l’emporte par-dessus tout » aurait dit Jan Hus. La mémoire du réformateur tchèque sera en tout cas honorée partout en République tchèque ces prochaines semaines, des célébrations qui culmineront le 6 juillet, un jour férié dans le pays, qui marquera le 600e anniversaire de sa mort sur le bûcher. Un programme intitulé « Jan Hus – un Européen des temps modernes » qu’il est possible de découvrir sur le site janhus600.cz.