Jaroslav Černý, réalisateur de films documentaires et scénariste
Le documentaire Les personnalités les plus importantes de l’art moderne s’est basé sur l’exposition d’art contemporain qui a eu lieu en 1988 à Prague à partir des fonds du musée Guggenheim. Le reportage sur l’exposition de 26 plasticiens tchèques renommés, qui a eu lieu en 1990 dans la maison de redressement de Valdice, a également eu un grand succès.
Jaroslav Černý a fait un apprentissage maçon, puis des études à l’Académie du film de Prague. Et c’est lui-même qui nous explique comment il est passé de la maçonnerie à la réalisation de films, aux scénarios, au journalisme et à l’écriture de romans. Jaroslav Černý.
« Pour moi, il était évident de faire un apprentissage de maçon. Etant donné que je n’étais pas membre de l’Organisation des pionniers (mouvement politique d’enfants socialistes), j’étais considéré comme différent et j’avais toujours de très mauvaises notes de conduite. Je ne regrette pas d’avoir fait cet apprentissage car le métier de maçon m’a beaucoup servi plus tard lorsque j’ai construit ma propre maison dans les années 1980. Et j’étais aussi différent des autres maçons car j’écrivais des poèmes, des contes et je caressais l’idée de devenir réalisateur, ce qui était risible, donc je n’en parlais pas. Puis après le baccalauréat à l’école industrielle du bâtiment, j’ai passé les examens de l’Académie du film de Prague. J’ai été invité au Festival de Cannes pour y tourner un film, mais comme je n’étais pas membre de l’Union des jeunesses socialistes, un club de débiles, à vrai dire, je n’ai pas pu partir. Puis on m’a proposé de devenir membre du PC, mais j’ai dit que j’étais bien trop jeune et ainsi toutes les portes se sont fermées pour moi. J’ai travaillé en free-lance comme photographe, journaliste, animateur, je donnais des conférences sur l’histoire du cinéma à l’école industrielle de Čimelice et je tournais en externe des courts-métrages pour le bulletin d’information sur les arts plastiques et la culture. En tant que dyslexique, j’ai toujours eu une sensibilité pour les arts plastiques, donc j’avais déjà découvert à l’époque des plasticiens, aujourd’hui très célèbres, et j’ai organisé pour eux des expositions en République tchèque et à l’étranger, comme en Pologne. » Un dyslexique est quelqu’un d’obstiné et réalise toujours ce qu’il désire. Jaroslav Černý écrit bien mais il fait des fautes, d’où l’obligation d’avoir toujours avec lui quelqu’un pour corriger ses textes. Plus en détail Jaroslav Černý.« On se moquait d’ailleurs souvent de moi car cela donne une mauvaise impression de l’auteur lorsqu’il y a des erreurs stylistiques et des fautes d’orthographe dans le texte, enfin pour les gens soi-disant normaux. Ce n’est que maintenant que l’on parle de dyslexie. Avant c’était un sujet tabou et tous les dyslexiques étaient considérés comme des idiots, même si cela dure encore. J’aime écrire et les gens apprécient mes romans. C’est la vie même que j’écris, j’ai une bonne mémoire et je retransmets le vécu sur papier. C’est ce qui me rend unique. Et surtout je ne copie pas les autres auteurs, je n’invente rien et c’est ce qui souligne ma créativité.»
Beaucoup de documentaires du réalisateur sont centrés sur la thématique médicale comme Le laser en pneumologie, le triptyque La gynécologie infantile ou encore le Chemin de la solitude, plus axé sur la déviance. L’avant-dernier documentaire de Jaroslav Černý, La peinture de l’instant, sur la méthode haptique de Dino Čečo et destiné aux peintres malvoyants, est un documentaire de grande qualité. Jaroslav Černý.« Au cours de la trentaine d’années que j’ai passée parmi les plasticiens, je me suis rendu compte que tout le monde pouvait faire un portrait de plasticien, tout le monde peut le faire. J’ai réalisé qu’il y avait des plasticiens qui apportaient quelque chose en plus et sans limites à l’humanité comme le bosniaque Dino Čečo, qui vit à Prague depuis l’âge de 18 ans. Son père était tailleur et sa grand-mère brodait, ce qui s’est très vite reflété dans sa création. Pour créer ses œuvres, il utilise des fils et des cordes. C’est cette méthode haptique qu’il a adoptée pour les malvoyants et dont il possède le brevet. Ainsi les malvoyants créent des œuvres sublimes que les voyants ne sont pas en mesure de créer. Et c’est ainsi que j’ai commencé à travailler lors de mon dernier court métrage avec Alena Kupčíková, qui est encore plus dyslexique que moi. Elle a eu l’idée, elle, de créer des tests qui permettent de découvrir à l’âge préscolaire la dyslexie de l’enfant ainsi qu’un abécédaire. Ce sera le premier abécédaire écrit par un dyslexique. Et c’est important car il y a 15% de dyslexiques dans le monde. Ce documentaire est donc une véritable mission et c’est ce genre de films que je veux faire. »En 2010, le réalisateur Jaroslav Černý a terminé son dernier documentaire sur cette plasticienne et femme-peintre Alena Kupčíková.