Jean-Marie Bockel : « Aucune remise en cause côté français de la plénitude de la présidence tchèque de l’UE »

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Du 28 octobre au 28 novembre, le palais Toscan accueille une exposition intitulée La naissance de la Tchécoslovaquie et la France : un chemin commun vers une Europe démocratique (1914-1925). Elle présente des documents tirés des archives des ministères des Affaires étrangères tchèque, slovaque et français. A l’occasion du vernissage, le secrétaire d’Etat aux Anciens combattants, Jean-Marie Bockel était présent, l’occasion d’évoquer les relations franco-tchèques historiques mais aussi actuelles, alors que la France passera bientôt le flambeau de la présidence de l’UE à la RT sous des auspices un peu perturbés par les récentes déclarations du président français sur la présidence tchèque à venir. Jean-Marie Bockel au micro de Radio Prague :

« En cette période du 90e anniversaire de la fin de la Grande guerre où on est en train de passer de la mémoire des gens qui se souviennent à l’histoire, c’est important de rappeler que l’Europe de la paix que nous vivons, en cette période de présidence française et à la veille de la présidence tchèque, c’était encore il n’y a pas longtemps, du temps de nos grands-parents, une Europe de la guerre et c’est d’ailleurs pour sortir de cette succession de guerres qu’un certain nombre d’hommes et de femmes ont voulu construire cette Europe de la paix qui rayonne un peu partout dans le monde. »

Les deux présidences successives de l’UE, par la France puis par la RT, sont l’occasion de réaffirmer des liens historiques qui ont pu avoir des fluctuations dans le passé. Est-ce que vous ne craignez pas que les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy sur une possible prolongation de la présidence française dans le cadre de l’Eurozone puisse les mettre un peu à mal ?

Nicolas Sarkozy,  photo: CTK
« Il ne faut pas mélanger deux choses : il n’y a pas de prolongation de la présidence de l’UE. Les 27 sont présidés par la France et ils seront présidés à partir du 1er janvier 2009 par la RT. Et la préparation de cette présidence se passe très bien et nous sommes extrêmement respectueux de cette future présidence tchèque et nous sommes persuadés que ce sera une présidence réussie comme d’ailleurs les présidences précédentes. Une autre chose est l’Eurogroupe qui regroupe les pays qui ont en partage l’euro et qui, aujourd’hui, dans le cadre de la crise internationale, font un certain travail, dont tout le monde reconnaît l’utilité tant au niveau européen qu’au niveau mondial. Ce travail se fait d’ailleurs en étroite collaboration avec les pays européens qui n’ont pas l’euro en partage, à commencer par les Britanniques mais bien sûr aussi les Tchèques et d’autres pays et il n’est pas anormal que nous ayions entre pays de l’Eurogroupe la volonté de travailler ensemble pour juguler cette crise mais tout cela en parfait partenariat avec l’UE et la prochaine présidence. Il n’y a aucune remise en cause côté français, loin s’en faut, de la plénitude de la présidence tchèque. Ce sont deux choses distinctes. »

Vous avez rappelé dans votre discours le partenariat stratégique France-RT affirmé récemment lors de la visite en juin dernier de Nicolas Sarkozy à Prague. Pouvez-vous en rappeler son contenu ?

« Il porte sur de nombreuses questions y compris des questions de défense. Un exemple concret et très parlant : l’émergence d’un Erasmus de la défense. L’idée est de multiplier les échanges, comme les échanges d’étudiants d’universités, entre les étudiants et élèves d’écoles d’officiers ou des écoles d’application des différentes armes de manière à ce que peu à peu, par ces échanges humains, il y ait, au niveau des futurs cadres de nos armées de demain, un esprit de défense, de capacité et d’envie de travailler ensemble renforcé. »

Côté exposition proprement dite, de nombreux documents tchèques, slovaques et français retraçaient la marche vers la création de la Tchécoslovaquie il y a de cela 90 ans. Isabelle Richefort est responsable du département des archives historiques du ministère des Affaires étrangères. Elle précise quels documents sont présentés :

« Les archives du ministère des Affaires étrangères comportent un certain nombre de documents concernant la naissance de la Tchécoslovaquie, notamment sur les relations du ministère français des Affaires étrangères avec Edvard Beneš, Štefanik et Masaryk. Nous avions différentes lettres de ces personnages, témoignant de leur action, et nous les avons proposées à nos collègues tchèques. C’était des lettres connues des spécialistes mais qui à ma connaissance, n’ont jamais été exposées. Nous avons aussi des documents très intéressants concernant les négociations qui ont eu lieu pendant la conférence de la paix où la France a joué un rôle très important pour la création de la Tchécoslovaquie. »

Et l’homologue tchèque d’Isabelle Richefort, Štěpán Gilar d’ajouter :

« Il y a toute une série de documents ici qui ne sont malheureusement que des facsimilés. Ceux qui sont issus de notre ministère des Affaires étrangères sont des originaux, puis il y a des documents issus des archives françaises et slovaques qui sont des facsimilés à cause des problèmes de transport de ces documents qui doivent être protégés. En juin prochain, lors de la version française de cette exposition, ce sera l’inverse, avec des originaux français et des copies tchèques. »