Jeudi, le jour de gloire du sport tchèque

Lukáš Rosol, photo: CTK

Coup de tonnerre à Wimbledon jeudi : inconnu jusqu’alors du grand public, Lukáš Rosol a battu Rafael Nadal au 2e tour en cinq sets, signant ainsi une performance inattendue et particulièrement surprenante. Moins surprenant, en revanche : en athlétisme, Vítězslav Veselý, élève de Jan Železný, a été sacré champion d’Europe du lancer du javelot. A quelques semaines de l’ouverture des JO, le Tchèque a confirmé qu’il faudrait bien compter sur lui à Londres.

Lukáš Rosol,  photo: CTK
Une des plus grandes surprises de ces dernières années, tous sports confondus : c’est en ces termes que le All England Club évoque la victoire de Lukáš Rosol aux dépens de Rafael Nadal au 2e tour de Wimbledon. Avant son match contre le n°2 mondial, deux fois vainqueur et finaliste l’an dernier du tournoi londonien, le Tchèque, anonyme 100e mondial et éliminé dès le premier tour des qualifications les cinq dernières années, avait dit de l’Espagnol qu’il n’était qu’un être humain. Des propos qui n’avaient pas convaincu grand monde, auxquels personne ou presque n’avaient d’ailleurs prêté attention, et servaient pour lui sans doute plus à se rassurer qu’autre chose avant d’entrer sur le Centre Court, où une correction en trois petits sets vite expédiés semblait l’attendre… Mais de ce scénario couru d’avance, que nenni ! Car si Nadal n’était bien qu’un être humain jeudi soir, Rosol a, lui, joué comme un extraterrestre bien plus souvent qu’à son habitude, comme en témoignent, statistique effarante parmi d’autres, ses 83 % de premières balles dans un cinquième set littéralement d’anthologie et à l’issue duquel il s’est finalement, presque logiquement, imposé (6-7, 6-4, 6-4, 2-6, 6-4).

Rafael Nadal et Lukáš Rosol,  photo: CTK
« Plus grande surprise de ces dernières années », « comme un extraterrestre », « statistique effarante » et « cinquième set d’anthologie » : qui n’a pas vu le match et les points gagnants alignés par le Tchèque nous dira que l’on abuse encore une fois par trop des superlatifs. Mais à la sortie d’un court central conquis et acquis à sa cause, Lukáš Rosol, enfin relevé d’un gazon sur lequel il est resté de longues secondes allongé après la balle de match, n’avait, lui non plus, pas beaucoup d’autres mots dans la bouche pour expliquer l’inexplicable :

« Je n’ai pas pensé à l’éventualité de le battre. C’est peut-être ce qui m’a sauvé, m’a permis de ne pas trembler et de ne pas jouer petit bras. La seule chose à laquelle j’ai pensé dans le cinquième set était de gagner le point suivant sur mon service. C’était le plus important. J’ai pris tous les risques aujourd’hui sans me prendre la tête. C’était comme dans un rêve, comme si j’étais quelqu’un d’autre. C’est assurément le meilleur match de ma carrière. »

Lukáš Rosol,  photo: CTK
Tandis que Rafael Nadal ne disputera pas le 3e tour d’un Grand Chelem pour la première fois depuis Wimbledon 2005, Lukáš Rosol, pourtant déjà âgé de 26 ans, y participera, lui, pour la deuxième fois seulement de sa carrière… Une autre statistique effarante, ne nous en voulez pas, qui en dit long, bien plus que la superposition de tous les superlatifs possibles, sur l’ampleur de l’exploit du Tchèque…

Athlétisme : Veselý champion d’Europe du lancer du javelot

Vítězslav Veselý,  photo: CTK
Autre « exploit » d’une certaine façon, quoique assurément moins retentissant : celui de Vítězslav Veselý aux championnats d’Europe d’athlétisme. Médaillé d’or au concours du lancer du javelot, jeudi, à Helsinki, le Tchèque a déjà fait mieux que son légendaire entraîneur et mentor Jan Železný. En effet, bien que triple champion olympique et triple champion du monde dans sa carrière, Jan Železný, par ailleurs toujours détenteur du record du monde, n’a, paradoxalement, jamais été sacré champion d’Europe. C’est donc à travers le succès de son poulain que le meilleur lanceur de javelot de l’histoire de l’athlétisme est en somme devenu champion d’Europe. C’est d’ailleurs d’abord à son entraîneur que Vítězslav Veselý a dédié sa victoire à sa descente du podium :

« Je suis content qu’il puisse avoir la médaille d’or dans les mains aussi comme entraîneur. Cela récompense son travail de Titan. Ce n’était pas seulement un excellent compétiteur, Jan est aussi un super entraîneur, selon moi le meilleur. Cette médaille, je ne vais pas l’exposer, je pourrais donc lui offrir, mais tel que je le connais, je suis sûr qu’il ne l’accepterait pas. Pourtant, il mériterait que je la lui passe autour du cou. »

Vainqueur avec un lancer à 83,72 mètres à son deuxième essai, Vítězslav Veselý, qualifié d’extrême justesse pour la finale, a devancé de 49 centimètres le Russe Valery Iordan. Mais à l’issue du concours, le premier athlète tchèque à remporter une médaille d’or dans un grand championnat depuis le titre olympique, aussi au javelot, de Barbora Špotáková à Pékin en 2008, était d’abord tenu son rôle de favori :

Vítězslav Veselý,  photo: CTK
« C’est un vrai soulagement d’avoir répondu aux attentes, même si ça n’a pas été simple. Il a fallu batailler jusqu’au bout, ce n’était pas un concours où tout se passe bien du début à la fin et dont on profite pleinement, sans se stresser. Je suis donc très satisfait de cette victoire et il ne me reste plus qu’à aller la fêter. »

Champion d’Europe, vainqueur de deux meetings de la Ligue de diamant depuis le début de saison et détenteur de la meilleure performance mondiale de l’année avec 88,11 m, Vítězslav Veselý fera partie des très sérieux candidats à la victoire lors des Jeux olympiques de Londres ; des JO auxquels participera pour la quatrième fois de sa carrière également Roman Šebrle, à 37 ans. Sixième du décathlon à Helsinki, le désormais ex-recordman du monde a réalisé un total de 8 052 points qui ne lui permettra certes plus de rêver à une médaille d’or comme à Athènes en 2004, mais pourrait faire de lui le porte-drapeau de la délégation tchèque lors de la cérémonie d’ouverture.